La vedette du lac de Joux

| mar, 20. aoû. 2013
Cet été, La Gruyère visite la Suisse romande en sept étapes et autant de moyens de transport. Dernier arrêt dans la vallée de Joux, à bord de Caprice II, la vedette du lac.

PAR THIBAUD GUISAN


C‘est l’histoire d’Attila devenu Caprice II. Rebaptisé, le bateau a quitté le Rhin pour le lac de Joux en 1976. Depuis, il écume ce plan d’eau de 9 km de long, blotti dans le Jura vaudois, à 1004 mètres.
La vedette a son port d’attache au Pont, un village situé à l’extrémité nord-est du lac de Joux, au pied du col du Mollendruz. Elle est la propriété de la Compagnie de navigation sur le lac de Joux. «On a racheté le bateau à un privé qui naviguait dans la région de Schaffhouse», explique Christian Golay, président et cofondateur de la société coopérative fondée en 1977.
Le navire a, lui, vu le jour en 1949 dans un chantier naval du Tessin. «Avec le lac de Sils dans les Grisons, notre lac est le seul plan d’eau à plus de 1000 mètres à avoir un service de navigation public régulier», ajoute fièrement le président.
D’une capacité de 40 places et long de 14 mètres, Caprice II effectue une sortie par jour en juillet et en août (uniquement le week-end en juin et en septembre). Le départ a toujours lieu à 15 h 30 au Pont. La boucle passe par Le Rocheray et Les Bioux, avant un retour au Pont.


Un ancêtre à vapeur
Le nom du bateau est un clin d’œil à un de ses ancêtres, Caprice, qui a navigué sur le lac de Joux de 1889 à 1911. «C’était un bateau à vapeur. Il a marqué les esprits des gens de la région», explique Christian Golay.
Les navires se sont succédé, mais c’est Caprice II, en fonction depuis désormais trente-six ans, qui a la palme de la longévité: sa première course remonte au 15 juin 1977 et il transporte environ 3000 passagers par saison. Entre les deux Caprice, le Matin (de 1912 à 1916) et le Mea Vallis (de 1959 à 1963) ont assuré de courts services, alors que L’abeille est le premier bateau connu du lac de Joux, avec quelques courses dès 1887.
Au Pont, à côté de son débarcadère, Caprice II a un drôle de voisin: Pégase, une statue en béton, en place depuis 1959. L’œuvre, réalisée par le sculpteur André Lasserre, est un cadeau de l’ancienne Compagnie vaudoise d’électricité offert aux habitants de la vallée après la réalisation du barrage des Clées, en aval du lac de Joux. Le cheval ailé, haut de 14 mètres, a nécessité le coulage de 100 tonnes de béton. Il symbolise l’envol de l’énergie contenue dans le lac.
Caprice II est propulsé par un moteur diesel à six cylindres de 100 CV, au ronronnement généreux. Le lac de Joux, aussi connu pour se transformer en une gigantesque patinoire durant l’hiver, affiche une profondeur maximale de seulement 33 mètres. Il est principalement alimenté par l’Orbe, qui prend sa source dans le lac des Rousses, en France voisine. La rivière traverse le lac de Joux, puis son voisin, le petit lac Brenet, avant de disparaître dans le sol karstique de la région. Elle ne réapparaît à la surface que quelques kilomètres plus loin, dans les grottes de Vallorbe.
Autre particularité du lac de Joux: il ne connaît que deux types de vent: la bise, le courant du nord, et un vent du sud, appelé… le vent. «La vallée est bien fermée, explique Christian Golay. En comparaison, le lac Léman connaît une douzaine de courants différents.»


L’hôtel du docteur Bircher
Au retour vers Le Pont, le passager est frappé par un imposant bâtiment blanc qui domine le bout du lac. C’est l’ancien Grand Hôtel, inauguré en 1901 et dont l’architecture fleure bon la Belle Epoque. Sa présence rappelle le succès touristique de la localité au début du XXe siècle, quand Le Pont était surnommé «Montreux du Jura» ou «petit Davos».
Le bâtiment a été racheté dans les années 1980 par le docteur Andres Bircher, petit-fils de l'inventeur du bircher muesli, qui l’a transformé en une éphémère clinique de médecine naturelle. Il a été vendu aux enchères en décembre 2012 et il pourrait être transformé en appartements.

 

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La Dent de Goethe
C’est le Cervin de la vallée de Joux. Ou son Moléson. Depuis le débarcadère du Rocheray, où Caprice II effectue une halte de vingt minutes, on fait face à la Dent-de-Vaulion. Une sommité régionale qui culmine à 1482 mètres.
Une belle randonnée permet d’atteindre le sommet en une heure et demie depuis le centre du village du Pont (trois heures aller-retour). En s’élevant, on domine le lac de Joux, alors que, au sommet, s’offre une vue à 360 degrés qui vaut le détour. Le parcours est bien signalé par les panneaux de tourisme pédestre.
Pour la petite histoire, la montée à la Dent-de-Vaulion a même séduit Goethe, il y a 234 ans. En voyage en Suisse, le poète allemand effectue le parcours le 25 octobre 1779, accompagné de son mécène, le duc Karl-August de Saxe-Weimar, et d’un guide. Agé de 30 ans, Goethe est déjà un écrivain célèbre, installé à la cour de Weimar depuis 1775. Dans ses Lettres de Suisse, il décrit l’arrivée au sommet, avec un épais stratus: «De cette mer s'élevait à l'orient, nettement dessinée, toute la chaîne de montagnes blanches et des glaciers, sans distinction du nom des peuples et des princes qui croient les posséder, sous l'empire d'un Seigneur unique et grand et sous le regard du soleil qui les colorait d'une belle teinte rose.» TG

 

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Côté pratique
En voiture, on accède au Pont en empruntant le col du Mollendruz, fort prisé par les cyclistes et les motards. Il faut prendre l’autoroute jusqu’à Cossonay, puis suivre les indications vallée de Joux. En train, il faut se rendre à Renens, prendre un régional pour Le Day, où on embarque pour Le Pont.
Le bateau effectue un service régulier chaque jour en juillet et en août, et le samedi et le dimanche en juin et en septembre. Les courses sont suspendues en cas de très mauvais temps. Départ du Pont à 15 h 30, arrivée au Rocheray à 16 h. Halte jusqu’à 16  h  20. Le retour s’effectue par Les Bioux (arrêt facultatif à 16 h 30), pour une arrivée au Pont à 17 h. Renseignements au 021 841 12 03 ou sur le site internet www.nlj.ch.
Au Pont, on peut manger ou boire un verre à l’Hôtel de la Truite, qui dispose d’une  belle terrasse juste à côté du débarcadère. En longeant le bout du lac, on trouve aussi le Restaurant du Lac, le tea-room Sur les Quais et L’Aurore. Proche du sommet de la Dent-de-Vaulion, le Chalet est spécialisé dans les fondues. On peut y monter en voiture.

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