PAR FRANCOIS PHARISA
Une Suissesse rejoignant la place Georges-Python la branche de tilleul en main: l’exploit ne s’était plus reproduit depuis 2002 et le succès de Chantal Dällenbach. Avec un temps de 1 h 03’20, Martina Strähl a brillamment remporté la 80e édition de Morat-Fribourg qui a réuni 10895 coureurs classés. La coureuse soleuroise a relégué sa plus proche poursuivante, Chelangat Sang, à un peu moins de trente secondes, mettant ainsi un terme au règne kényan qui durait depuis six ans.
«C’est une immense surprise pour moi», s’est réjouie l’étudiante en psychologie. Après s’être classée deux fois troisième et deux fois deuxième lors des quatre dernières éditions, Martina Strähl a enfin pu goûter aux joies de la victoire.
Et comme souvent, les lacets de La Sonnaz ont été décisifs. Championne d’Europe de course en montagne à deux reprises, en 2009 et en 2011, et vice-championne du monde en 2006, Martina Strähl a fait parler ses capacités de grimpeuse sitôt la pente devenue plus raide. «J’ai alors attaqué, mais je ne pensais pas pouvoir faire le trou, reconnaît-elle. D’ailleurs, dans le long faux plat qui mène à la patinoire Saint-Léonard, je me suis plusieurs fois retournée. Je n’y croyais pas vraiment. J’ai craint un éventuel retour jusque dans les tout derniers kilomètres.»
Pourtant, sur la ligne de départ, l’athlète de 27 ans n’affichait pas une grande confiance en elle. «Après le marathon de la Jungfrau il y a trois semaines, j’étais très fatiguée et blessée au pied gauche. Par conséquent, je me suis peu entraînée ces derniers jours, afin de récupérer au mieux. J’ai bien fait !»
Top dix pour Zahno
Derrière la lauréate helvétique, trois Kényanes et la Française Aline Camboulives ont livré bataille pour le podium. Meilleure Fribourgeoise, Regula Zahno a signé une belle dixième place. «J’étais dans le rouge dans chaque montée, précise la pensionnaire du TSV Dirlaret. Mais je suis satisfaite de mon résultat. Par contre, c’est dommage qu’entre Fribourgeoises, la concurrence ait diminué depuis quelques années. J’appréciais me comparer aux autres athlètes du canton.»
Vainqueur éthiopien
Chez les hommes, le tenant du titre Shadrack Kimaiyo a longtemps cru pouvoir réitérer sa performance de 2012. Il avait alors fait la différence dans la descente vers Pensier. C’était compter sans l’Ethiopien Bernard Kiplangat. Inscrit de dernière minute, cet ancien vainqueur de la Kerzerslauf a déposé son adversaire du jour dès les premiers mètres de La Sonnaz avec une facilité déconcertante. Il a conclu son premier Morat-Fribourg dans un temps canon de 53’32’’. Son compatriote Joël Mwangi est venu compléter le podium.
Quant au titre honorifique de meilleur Fribourgeois, il est revenu à Erich Huber. Le Singinois a longtemps fait la course avec Thomas Meszaros et Adrian Jenny avant de leur fausser compagnie. Tous trois auront fort à faire ces prochaines semaines. Le premier cité prendra part au marathon de Lucerne, alors que les deux derniers s’élanceront respectivement sur les marathons de Francfort et de Lausanne.
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Vanessa Pittet confirme
L’année dernière, lors de sa première participation à Morat-Fribourg, Vanessa Pittet (Vuisternens-devant-Romont, 23 ans) avait passé la ligne d’arrivée après 1 h 15 d’effort. Dimanche, la Glânoise, en forme après plusieurs bonnes performances réalisées cette saison, a fait mieux en terminant en 1 h 10’42. Un temps honorable qui lui a permis de se classer 13e au classement scratch, deuxième Fribourgeoise derrière Regula Zahno et première Sudiste. «Je suis très contente de ce résultat. Franchement, je ne m’attendais pas à courir aussi bien. Le fait que je connais le parcours m’a aidée. Et puis, il faut aussi dire que j’ai maintenant davantage d’expérience en course à pied que l’année dernière.»
La sociétaire du CARC Romont raconte sa course: «Comme d’habitude lors de chaque épreuve, j’ai essayé de ne pas partir trop rapidement. Je n’ai même pas tenté de suivre les meilleures. Le rythme est beaucoup trop rapide pour moi. Je termine finalement deuxième Fribourgeoise, ce qui est très bien. Cette année encore, Regula Zahno était trop forte. Elle compte de nombreuses années d’expérience derrière elle. Ce que je n’ai pas.»
L’ancienne joueuse de l’équipe de Suisse de football participera encore, cette année, à trois épreuves: le contre-la-montre de Marsens, le Trophée de la vallée du Flon et la Corrida
bulloise. VAC
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Les Africains trop forts pour Röthlin
Le champion d’Europe 2010 de marathon Viktor Röthlin était venu à Morat-Fribourg dans un but bien précis: le podium. Celui-ci lui avait échappé lors de ses deux précédentes participations – 4e en 1998 et 6e en 2006. Mais, cette année, la concurrence était trop féroce. L’athlète d’Alpnach (Obwald) a bouclé la classique fribourgeoise en 55’41 derrière un intouchable sextuor africain, qui a joué son récital à merveille. Morat-Fribourg demeurera donc la seule course nationale à laquelle il ait pris part sans jamais être parvenu à monter sur le podium. «Je me suis cramé dans les trois premiers kilomètres, raconte-t-il. Mes adversaires africains sont partis comme des fusées. Mais qu’est-ce que tu veux faire ? Il me fallait bien tenter de les suivre. Essayé pas pu, malheureusement.»
Encore émoussé par son 3e rang au marathon de la Jungfrau il y a trois semaines – sa première expérience dans une épreuve de montagne – Viktor Röthlin a longuement hésité à prendre le départ. «La course de la Jungfrau était très relevée et j’ai eu beaucoup de mal à récupérer. Aujourd’hui, j’ai payé les efforts consentis. Les jambes n’ont pas tourné comme je l’aurais souhaité. Pourtant, Martina (n.d.l.r.: Strähl) et Aline (n.d.l.r.: Camboulives) ont également couru à la Jungfrau. Peut-être les femmes sont-elles plus résistantes», rigole celui qui compte à son actif pas moins de quatre participations aux jeux Olympiques.
Sur les routes fribourgeoises, Viktor Röthlin a pu compter sur un soutien populaire inébranlable. «Le public a été incroyable. J’entendais continuellement “Allez Viktor, ils sont morts devant”! Malheureusement, moi aussi j’étais mort. Dans la montée de La Sonnaz notamment, ces encouragements m’ont énormément aidé. J’ai grimpé très vite. J’ai davantage péché dans les plats et les descentes.»
A nouveau à la Corrida
Le coureur obwaldien pourra à nouveau jauger sa cote de popularité à l’occasion de la Corrida bulloise, le 16 novembre prochain. «Je viendrai en Gruyère en vue du marathon de Fukuoka, qui se déroulera quinze jours plus tard. Le timing et la distance de 8 km sont parfaits pour ma préparation.»
Viktor Röthlin aura à cœur de réaliser une grosse performance au Japon, un pays qui lui a souvent réussi. En 2007, il avait décroché le bronze au championnat du monde de marathon dans les rues d’Osaka. L’année suivante, il avait battu son record personnel (2 h 07) lors des 42 km de Tokyo.
«Après Fukuoka, je prendrai quelques semaines de repos. Je me lancerai ensuite dans la préparation des championnats d’Europe de marathon à Zurich, en août 2014. Puis, il sera temps pour moi de raccrocher.» Le marathonien de 39 ans restera néanmoins dans le monde de l’athlétisme. «J’accompagne et coache déjà des groupes de coureurs populaires sur des grandes manifestations comme le marathon de New-York. Je vais très certainement continuer sur cette voie. C’est impossible pour moi de tourner définitivement le dos à la course à pied.» FP
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