«A la PdG, le chrono ne veut rien dire»

| mar, 04. mar. 2014
Responsable de la discipline pour le Club alpin suisse, Bernhard Hug revient sur l’interview du commandant de la Patrouille des glaciers Max Contesse (le 22 février).

PAR KARINE ALLEMANN

L’intervention de Max Contes­se, nouveau commandant de la Patrouille des glaciers (PdG), jeudi 20 février dans une conférence donnée à Char­mey, a provoqué une réaction chez certains des meilleurs skieurs-alpinistes de Suisse. Interpellé par un participant dans le public sur la possibilité de battre le record établi en 2010 (5 h 52’20), Max Contesse a répondu que réaliser moins de six heures ne serait plus possible et que des contrôles antidopages seraient effectués à l’arrivée, ainsi que des contrôles de matériel (La Gruyère du 22 février).

Si le commandant n’a, à aucun moment, accusé quiconque de s’être dopé, d’anciens vainqueurs ont poussé le chef du ski-alpinisme pour le Club alpin suisse (CAS), Bernhard Hug, de demander des explications auprès du commandement de la Pa­trouil­le. Le Thounois Bernhard Hug, en place depuis septembre 2012 – il est également entraîneur de la relève et l’entraîneur personnel des Gruériens Rémi Bonnet et Baptiste Spicher – revient sur le record, les contrôles antidopages et l’évolution de ce sport.

Bernhard Hug, avez-vous réagi officiellement auprès du commandement de la Patrouille?
Nous avons discuté et il a été décidé que ni les athlètes ni l’armée ne vont réagir. Par contre, dans trois ou quatre semaines, nous allons envoyer un communiqué commun pour expliquer à quel point le CAS et l’armée collaborent pour que les meilleurs athlètes participent à la Patrouille, dans les meilleures conditions possibles.

Quelle est la politique en matière de lutte antidopage en ski-alpinisme?
Les membres du Swiss Team sont contrôlés entre 10 et 15 fois par saison. En Coupe du monde, les contrôles antidopages sont effectués selon le règlement de la Fédération internationale. La Patrouille des glaciers ne fait pas partie du circuit. Mais, depuis 2007, un contrat lie la PdG à Swiss Olympic et Swiss Antidoping et le règlement précise que des contrôles seront effectués. D’ailleurs, à l’arrivée, tous les coureurs doivent avoir une pièce d’identité sur eux. Et, quand ils s’inscrivent, tous les participants mentionnent qu’ils acceptent l’éventualité d’être contrôlés. En 2008, le Français Patrick Blanc (vainqueur de la PdG en 2004 et en 2006) avait été contrôlé positif (n.d.l.r. à l’EPO). Après, le nombre de contrôles effectués et sur qui ils seront réalisés n’est pas connu à l’avance.

Max Contesse disait que les troupes engagées à la PdG pourraient être réduites à l’avenir, ce qui forcerait les participants à plus d’autonomie. Et donc à se déplacer avec plus de matériel. N’est-ce pas contre nature, au fond, de mélanger élites et populaires en haute montagne?
Bien sûr, il y a une sorte de conflit. Et Max Contesse a raison quand il dit que, avec leur équipement restreint, les élites ne pourraient pas survivre en cas d’accident et de mauvais temps. C’est pourquoi nous devons tous réfléchir au meilleur règlement et à la meilleure sécurité possible. Après, c’est normal que ceux qui courent six heures n’aient pas le même équipement que ceux qui restent douze heures en montagne. Mais c’est pareil pour toutes les courses. A l’Ultra trail du Mont-Blanc, les populaires apprécient aussi de se mesurer aux meilleurs.

Pensez-vous qu’il est possible de battre le record de 5 h 52’20?
Les records sont toujours battus. C’est une évolution constante dans les sports d’endurance. Le matériel s’est amélioré et les meilleurs athlètes sont professionnels. Dans des conditions idéales, ils vont peut-être gagner vingt minutes en dix ans. Et l’Espagnol Kilian Jornet (n.d.l.r.: champion du monde), s’il cour­rait seul, pourrait peut-être la réaliser en 5 h 15. Après, la PdG reste une course de haute montagne. Dès lors, ce sont les conditions qui disent si le record peut être battu. Sur quelle distance les participants devront courir au lieu de skier, la qualité de la neige pour les portions de skating, la visibilité, la météo, le vent… Cela peut tout changer. Le chrono ne veut rien dire.

Dans la région, toute une génération de jeunes talents s’illustrent en Coupe du mon­de. Que pen­sez-vous de ces jeunes Gruériens?
A l’époque, Didier Moret était un peu seul. Je suis donc très heureux de voir qu’un groupe de Fribourgeois peut s’entraîner ensemble. Pour Rémi Bonnet et Baptiste Spicher, par exemple, c’est très intéressant de pouvoir se comparer. Après, pour réussir, il faut huit à dix ans d’entraînements structurés et que toute une mosaïque se mette en place. Et il y a la question des blessures, des parents, des sponsors, des patrons… C’est donc trop tôt pour dire s’ils gagneront en élites. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’ils en ont le potentiel.

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