A 50 ans, Moléson-sur-Gruyères s’offre un grand lifting

| sam, 27. sep. 2014
Un bureau canadien s’est penché sur l’avenir de la station. Entièrement piéton, Moléson-Villlage pourrait avoir son centre de loisirs. Le domaine sera remanié et agrandi. Une liaison avec Rathvel est envisagée.

Par Jean Godel

 

A 50 ans, la station de Moléson ne veut pas reproduire les erreurs du passé. Frappée de plein fouet par la problématique des lits froids – seules 10% de ses unités de vacances sont mises en location à ce jour – la station a confié son avenir au spécialiste mondial de l’aménagement de stations de ski, le canadien Ecosign (les pistes des JO de Vancouver et de Sotchi, c’est eux). Amorcée en 2007, la planification a débouché sur un ambitieux projet rendu public à l’assemblée générale des 50 ans de Gruyères Moléson Vudalla SA (GMV), hier à Plan-Francey.


Pour son président, l’ancien syndic de Gruyères Christian Bussard, c’est clair: les deux volets du projet – extension du domaine skiable (lire ci-dessous) et développement du village – sont indissociables. D’une part, la réserve de terrain à bâtir, entièrement en mains de la société sœur Gratisa SA, n’est plus extensible. La station joue donc là sa dernière carte. De l’autre, le domaine skiable est sous-dimensionné et ne correspond pas à la demande.

Partis d’une feuille blanche
Les ingénieurs d’Ecosign sont donc partis d’une feuille blanche: rien d’un projet élaboré par la station à la fin des années 1990 n’a été repris. Très poussée, leur étude concilie habitations, loisirs, circulation et capacité des remontées mécaniques. En ligne de mire, la constitution d’une véritable destination, complète, cohérente et équilibrée. Si tout se concrétise, la station sortira métamorphosée de la manœuvre. Petite visite virtuelle de Moléson-sur-Gruyères à l’horizon 2025.

Un front de neige créé
A l’arrivée, plus de parking pour vous accueillir, mais une  liaison enneigée (herborisée en été) raccordant le village aux pistes et au funiculaire. Le parking sera remonté vers les anciens courts de tennis. La route d’accès au village passera, elle, en dessous du restaurant de la Pierre à Catillon, histoire de dégager un vaste secteur central pour le nouveau village, entièrement piétonnier et arborisé.

En bordure immédiate de la piste créée, les touristes trouveront un «front de neige» avec commerces, terrasses et divers services. Vers la Pierre à Catillon, un plan d’eau d’agrément voisinera un centre de loisirs «aqualudique» et non thermal, précise Antoine Micheloud, directeur de GMV: bassin pour enfants, toboggan, bassin de natation, aire de jeux, spa et fitness de petites dimensions. «Le but n’est pas de concurrencer les Bains de Charmey. Mais on sait que ce genre d’offre aquatique accroît le taux d’occupation des logements de 15 à 20%.» Actuellement de 42%, le taux visé frôle donc les 60%.

Enfin, à l’arrière de ces zones publiques, le village offrira 350 appartements pour 1500 lits, le tout en parahôtellerie. Un hôtel pourrait éventuellement voir le jour, accolé au centre de loisirs. Mais le segment visé est celui des familles, en trois ou quatre étoiles (catégorie parahôtellerie). Un segment en phase avec un domaine de taille moyenne.

Pour 35 mio de retombées
Le parc de logements pourra être mis en vente à des particuliers, mais avec une réserve d’utilisation accordée à des agences de location, ou à des tours opérateurs tels que Reka ou Pierre&Vacances, évoque Antoine Micheloud sans plus de précision. «La priorité absolue, c’est d’avoir désormais des lits chauds.» Le nouvel équipement devrait faire passer le nombre de nuitées de 80000 à 350000 par an. Pour la région, les retombées économiques pourraient se monter à 35 mio par an.

Quant à la capacité d’accueil de la station, elle passera à 4350 visiteurs par jour en haute saison, dont 2520 séjournant dans des hébergements en location et 1700 visiteurs à la journée. Des chiffres qui nécessitent un redimensionnement du domai-ne skiable.

Antoine Micheloud reste volontairement vague sur le financement: «Nous n’attendons aucun investisseur providentiel, mais avons plusieurs modèles à l’étude.» L’investissement total, village et extension du domaine skiable inclus (sans la liaison avec Rathvel), est compris entre 120 et 150 millions de francs. Le projet a été intégré dans le Plan d’aménagement local (PAL) de Gruyères, en cours de révision.

La mise à l’enquête publique du PAL et du nouveau plan de quartier pourrait intervenir au début de 2016. Sans opposition, la construction pourrait démarrer en 2017. «C’est un planning idéal, reconnaît Christian Bussard. Mais nous avons la volonté de réaliser l’intégralité du programme.»

 

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Par Sophie Roulin

 

Les pistes aussi devront être adaptées

Avec le développement de sa capacité d’hébergement, Moléson doit aussi repenser celle de ses pistes. L’entreprise canadienne Ecosign s’est donc penchée sur la question, avec des outils pointus. Le diagnostic révèle un domaine skiable déjà insuffisant aujourd’hui. L’affluence maximale enregistrée étant de 2400 skieurs par jour, alors que les pistes peuvent en absorber 1530 et les installations 2040.


«Sur le terrain, on l’observe les dimanches de beau par une attente importante sur le téléski des Joux», note Antoine Micheloud, directeur de la station. Une attente qui disparaîtra dès décembre 2015, puisque le téléski cédera sa place à un télésiège, selon le projet de renouvellement des installations soutenu par le canton et la région. Sa mise à l’enquête auprès de l’Office fédéral des transports est imminente.


Mais la station ne compte pas s’arrêter là. En parallèle à la construction de ce télésiège, elle prévoit l’aménagement de deux nouvelles pistes: l’une, plus raide, sous le tracé de l’installation et l’autre, moins pentue, le long de la piste de luge. «Avant l’étude d’Ecosign, nous pensions surtout devoir créer des pistes pour les débutants, note Antoine Micheloud. Mais il s’avère qu’il manque également des segments pour les skieurs de niveau intermédiaire.»
Deux autres tracés destinés à ce public devraient voir le jour le long du téléski du Gros-Plané. Ces différents développements figurent déjà dans le Plan d’aménagement local (PAL) de Gruyères, actuellement en phase d’enquête préalable.


A l’horizon 2025, un nouveau télésiège pourrait encore naître en direction du chalet de Cheval-Brûlé. «On en parle depuis bientôt trente ans», indique Antoine Micheloud. La commune de Semsales a été approchée pour l’intégrer dans son PAL. «En revanche, aucune discussion n’a encore été menée avec les propriétaires fonciers. On est donc encore dans le domaine de l’éventualité.» Trois pistes seraient liées à cette nouvelle installation.


Poussant plus loin sa vision d’avenir, Antoine Micheloud évoque un projet de liaison vers la station veveysanne de Rathvel et même avec celle des Paccots, soit par bus, soit par plusieurs installations passant sous Teysachaux. «On pourrait alors parler d’une destination», ajoute Antoine Micheloud. Qui aimerait voir ces développements possibles inscrits au Plan directeur cantonal, condition indispensable pour qu’ils puissent passer un jour du rêve à la réalité.

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Folies des grandeurs et destructeurs de la nature. Ou la fuite en avant.

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