Dix ans de révolution iPhone

| sam, 24. juin. 2017

Avec l’iPhone, Apple a démocratisé le concept du smartphone. En dix ans, cet appareil et ses applications ont modifié la manière de communiquer, de s’informer, de se distraire. Un fait social majeur pour les uns, une révolution pour les plus enthousiastes.

PAR XAVIER SCHALLER

 

Trois appareils en un: un baladeur numérique, un téléphone et un terminal internet mobile. Avec son concept, l’iPhone, lancé il y a dix ans, Apple a conquis et transformé le marché de la téléphonie mobile. La firme a aussi engrangé de gigantesques bénéfices et pèse aujourd’hui 800 milliards de dollars.

Pourtant, on a tendance à l’oublier, la marque n’était pas passée loin de la faillite dans les années 1990. L’iMac, et surtout l’iPod, sorti en 2001, l’avaient remise à flots. Mais elle s’est retrouvée dépendante de son baladeur numérique.
Un produit qui, selon les prévisions du directeur d’Apple Steve Jobs, allait bientôt être concurrencé par les téléphones portables, dont les fabricants cherchaient à développer les fonctions récréatives.
 

Remplacer l’iPod
Apple décide alors de créer son propre téléphone. En 2005, elle lance, dans le plus grand secret, le projet Purple, qui réunit un millier d’employés et bénéficie d’un investissement évalué à 150 millions de dollars. Le 29 juin 2007, le premier iPhone, dit EDGE, est mis en vente.
A sa sortie aux Etats-Unis d’abord, ce premier smartphone est déjà connu de six Américains sur dix. Car, depuis sa présentation officielle par Steve Jobs, six mois plus tôt, un extraordinaire battage médiatique s’est mis en place. Il faut dire que les promesses ont de quoi faire rêver: un appareil entièrement tactile – sans clavier, molette ou stylet – capable de surfer, de téléphoner, de gérer un calendrier, de diffuser de la musique…
 

Evolution et révolution
«A l’époque, les choses évoluaient: il y avait les Psion, les Palm, puis les Pocket PC, se souvient Jean-Frédéric Wagen, professeur à la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture (HEIA-FR), à Fribourg, depuis dix-sept ans. «Mais l’iPhone avait créé une révolution, car il intégrait en un seul appareil les principales technologies existantes.»
Les écrans tactiles, par exemple, existaient déjà. Mais la marque ajoute la technologie multitouch, qui permet le célèbre zoom à deux doigts. Pour conserver un appareil léger et un design épuré, Apple a fait aussi des choix: pas de technologie 3G, pas de connexion wi-fi, de flash, de fonction copier-coller, MMS ou GPS.
Elle ajoutera tout cela, et bien plus encore, dans les versions suivantes. «Tout en veillant à ne pas rompre le lien avec son public, précise Serge Ayer, également professeur à la HEIA-FR. L’une des forces de la marque, c’est de réagir vite, mais en évitant les évolutions disruptives. Le produit change, sans perturber les habitudes des utilisateurs.»
L’iPhone bénéficie aussi d’une ergonomie pensée jus-que dans les moindres détails, rendant son utilisation extrêmement intuitive. De quoi séduire six millions d’utilisateurs durant la première année de commercialisation. L’année suivante 10 millions d’appareils seront vendus, avec l’arrivée du modèle 3G. En 2016, ils ont été plus de 200 millions à acquérir un iPhone.
 

Apps qui changent tout
Quelles que soient les qualités de l’appareil, un tel succès n’aurait pas été possible sans la création de l’App Store. L’ouverture du magasin d’applications en ligne, en mars 2008, marque la deuxième étape de la conquête.
Lorsque le premier iPhone sort aux Etats-Unis, il n’utilise que les applications embarquées de la marque. La multiplication des applications va ensuite permettre de rendre l’internet réellement mobile. Réseaux sociaux, achats en ligne, services, informations, vidéos, horaires et program-mes, tout un monde accessible depuis son portable. Le slogan du moment était d’ailleurs: il y a une application pour ça! «Nokia, par exemple, proposait déjà des applications à télécharger, note le Dr Wagen. Mais c’était compliqué pour y accéder. Là, tout était simple.»
Une nouvelle économie se développe. «La marque a pris le public et les développeurs de son côté. Plus il y a de programmes, plus il y a d’utilisateurs. Et plus il y a d’utilisateurs, plus il y a de programmeurs intéressés…»
En 2016, Tim Cook, qui a remplacé l’emblématique Steve Jobs, a tiré un bilan de l’App Store: 2 milliards de logiciels depuis le lancement, 130 milliards de téléchargements et 50 milliards de dollars reversés aux dévelop­peurs. Avec une commission dans la poche d’Apple pour chaque application vendue. «De même que pour les contenus vendus via les applications», précise Serge Ayer.
Et le champ d’activité s’étend chaque jour. «Un appareil cons-tamment connecté, bardé de capteurs, que les gens ne quit-tent plus des yeux ou des mains, ouvre des opportunités d’applications qui n’avaient pas lieu d’être avant.» ■

 

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Une année plus tard à Bulle
Officiellement, la première version de l’iPhone, dite EDGE, n’a jamais été commercialisée en Suisse. On estime pourtant qu’entre 10 000 et 15 000 appareils ont été importés et débloqués dans le pays avant l’arrivée de l’iPhone 3G, le 11 juillet 2008.
Ce jour-là, à 6 h, cinquante personnes faisaient le pied de grue devant la boutique Swisscom à Bulle. Ils voulaient être les premiers à acheter l’appareil tant attendu. Pour la Suisse en 2008, comme pour chaque nouveau marché – Etats-Unis en juin 2007, Royaume-Uni, France et Allemagne en novembre 2007, Irlande et Autriche au printemps 2008 – Apple avait négocié l’exclusivité de son appareil. Swisscom et Orange – devenu Salt depuis – se partageaient le marché.
En plus, ce sont les opérateurs eux-mêmes qui se chargeaient de faire la promotion de l’appareil, pour s’attirer de nouveaux clients. «Bulle n’échappe pas à la ruée», titrait La Gruyère le lendemain.
Le stock a été rapidement épuisé. En plus de 95 ventes, 200 réservations ont été enregistrées. Il faut dire qu’Apple a toujours su parler au geek qui sommeille en chaque consommateur. Aujourd’hui encore, avant chaque sortie d’un nouveau modèle, rumeurs et fuites sont savamment orchestrées et relayées par les médias. La marque à la pomme joue aussi avec virtuosité du sentiment communautaire, cherchant à donner à ces clients l’impression d’appartenir à un cercle d’élus. XS

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