Les premières mesures entrent en vigueur au 1er septembre

| jeu, 23. aoû. 2012
Tous les sites sont touchés, sauf Billens. L’hôpital perd la gynécologie et des lits en orthopédie. Pour l’instant. Au même moment, le permis est délivré pour agrandir les urgences de Riaz.

PAR JEROME GACHET



Cette fois, c’est parti. Les responsables de l’Hôpital fribourgeois (HFR) ont annoncé hier devant la presse l’entrée en vigueur des premières mesures d’économies au 1er septembre. Des solutions qui avaient été dévoilées dans les grandes lignes et qui touchent tous les sites de l’HFR, excepté Billens.
Comme prévu, le site de Riaz perd des lits en orthopédie (quatre lits sur trente-neuf) et la gynécologie (trois lits fermés et quatre transformés en lits de médecine générale). L’HFR compte ainsi rogner 236000 francs par an pour le réaménagement des lits en orthopédie et le même montant pour le transfert de la gynécologie de Riaz à Fribourg. Aucun licenciement n’est prévu, mais cette centralisation causera des transferts de personnel, voire des suppressions de postes en cas de départ.


Le début de la fin?
Si la disparition des lits du service orthopédique ne provoque pas de tempête – elle s’explique par un faible taux d’occupation de lits – ce n’est pas le cas de la gynécologie. Il sera certes toujours possible d’accoucher et de consulter à Riaz. Mais à part les césariennes d’urgence, imprévisibles par définition, le reste se fera essentiellement à Fribourg.
Au Syndicat des services publics (SSP), Gaétan Zurkinden y voit le «début du démantèlement de la maternité». Selon lui, l’hôpital de Riaz pourrait perdre quelque 200 accouchements sur environ 700 chaque année: «Ensuite, on risque de nous dire que la taille critique n’est pas atteinte et qu’il faut fermer.»


Des césariennes à Riaz?
Concernant ce point, Philippe Menoud se veut rassurant: «Je ne peux pas donner de chiffres, mais ce n’est pas autant que cela.» Le président du conseil d’administration n’exclut d’ailleurs pas que, même si le service est piloté depuis Fribourg, des césariennes électives se fassent quand même à Riaz si cela s’avère plus efficace. «Nous devons réfléchir en termes de service et plus de site.» Philippe Menoud glisse aussi qu’il serait important que le site de Riaz, comme celui de Fribourg, récupère un certain nombre d’accouchements qui se font dans les cliniques privées, au Daler, par exemple.


Sauvée d’ici à 2022?
L’HFR ne le cache cependant pas: l’éventualité de fermer la maternité de Riaz est toujours là. Mais la réponse ne sera connue que lorsque le rapport commandé sur le sujet arrivera. Pour rappel, cette étude doit déterminer si la centralisation des soins aigus prévue par l’HFR sur un seul site (ce qui provoquerait notamment la fermeture de la maternité de Riaz) à l’horizon 2022 est une stratégie pertinente ou non.
Est-ce à dire que la maternité de Riaz sera sauvée d’ici à 2022? «Je ne peux pas l’assurer, répond Philippe Menoud. Mais ce sujet n’est actuellement pas à l’ordre du jour.»
A quoi ressemblera l’hôpital de Riaz dans cinq, dix ou quinze ans? Nul ne le sait, mais ses missions sont amenées à changer. Lors de la conférence de presse d’hier, la directrice générale de l’HFR Pauline de Vos Bolay a aussi glissé que «les années à venir ne permettront pas d’assainir la situation financière de l’HFR à moins de changements structurels majeurs». De nouvelles mesures sont à craindre. «Et les hôpitaux périphériques risquent d’en payer le prix fort», commente Gaétan Zurkinden.
Il estime que l’incertitude qui règne est difficile à vivre pour le personnel. «Plusieurs sages-femmes ont démissionné à Riaz», ajoute-t-il. Le syndicaliste espère aussi pouvoir mobiliser les Gruériens. Pour rappel, la soirée organisée le 10 juillet à Bulle pour créer un comité citoyen avait fait un bide. Une nouvelle tentative aura lieu le 6 septembre.
Ironie du sort: alors que les premières mesures d’économies entrent en vigueur au 1er septembre, les dirigeants de l’HFR viennent de recevoir le permis de construire pour l’agrandissement des urgences. Un projet maintenu et qui est devisé à plus de 2 millions de francs.
 

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Le début d’un long processus
«Si on ne fait rien, on pourra fermer tous les sites.» Directrice de l’Hôpital fribourgeois (HFR), Pauline de Vos Bolay n’a pas mâché ses mots hier matin. Lors d’une conférence de presse à laquelle l’ensemble du conseil d’administration a participé, l’HFR a annoncé la mise en œuvre des mesures à court et à moyen terme visant à «améliorer son efficience» et ce dès le 1er septembre.

Les contraintes
Les responsables de l’HFR ont rappelé dans quel contexte s’inscrivaient ces mesures. D’une part, l’évolution de la société – vieillissante – et de la médecine. D’autre part, le changement du système de financement hospitalier, avec l’introduction au début 2012 des DRG (forfait déterminé en fonction du diagnostic), qui implique un accord sur les tarifs avec les assureurs – qui a échoué pour l’HFR – mais aussi une concurrence entre les différents hôpitaux.
Conséquences: un budget 2012 qui prévoit un déficit de 15 millions de francs, sur un total de charges de 428 mio. «Or, la loi acceptée par 87 députés en novembre dernier n’autorise pas un déficit de plus de 3% sans prendre de mesures.»

Mesures pour Tavel
Outre les mesures d’économie qui seront appliquées dans le Sud, c’est l’hôpital de Tavel qui est le plus sévèrement concerné. Dès le 1er septembre, son bloc opératoire sera fermé la nuit (de 18 h à 7 h) et les week-ends. En cause, le manque d’interventions durant ces horaires (12 par mois, dont deux entre 22 h et 7 h).
Les quatre lits de soins continus disparaîtront également du site singinois: deux seront transférés à Fribourg et deux seront fermés. Là aussi, le taux d’activité est évoqué (environ 50%). «Trop bas, le taux d’activité rend le recrutement du personnel difficile, par manque d’attractivité», a commenté Rodolphe Rouillon, directeur des soins. Ces deux paquets de mesures permettront à l’HFR d’économiser 940000 francs.

Mesures pour Fribourg
Sur le site de l’Hôpital cantonal, 15 lits de médecine ont d’ores et déjà été supprimés. L’ouverture d’une unité d’accueil temporaire et d’orientation à l’EMS La Providence, à Fribourg, permet désormais la prise en charge des patients âgés ne nécessitant plus un environnement de soins aigus. L’économie réalisée s’élève à 2,05 millions de francs.


45 postes en moins
En incluant la fermeture de l’hôpital de Châtel-Saint-Denis, le montant total des économies se chiffre à 6,2 millions de francs. «Ces mesures à court et moyen terme n’entraîneront aucun licenciement», a répété la directrice générale. Avant de lâcher que le processus allait au final entraîner la disparition de 45 postes de travail – sur les 2150 équivalents plein-temps que compte l’HFR – essentiellement des départs à la retraite et des démissions de la part de ceux qui n’accepteront pas d’être transférés sur d’autres sites.

Mesures à court terme versus stratégie
«Il ne faut pas confondre les mesures d’économie à court et moyen terme avec la vision à long terme de notre réseau pour laquelle une étude a été demandée», ont répété les intervenants. Les résultats de cette étude de faisabilité du scénario «Un hôpital public de soins aigus et plusieurs sites de réadaptation et de médecine gériatrique, comprenant d’éventuelles permanences» sont attendus pour la fin de l’année.
«Avec ou sans cette étude, nous aurions dû prendre des mesures pour atténuer le déficit», a souligné Philippe Menoud, président du conseil d’administration. Et la directrice générale d’ajouter: «Notre problème est structurel et va au-delà de ces 15 millions de déficit. Nous devons travailler sur les questions de fond: comment un réseau doit fonctionner pour garder ses professionnels – et on ne parle pas que de salaires? Comment rester attractifs pour les patients avec un accueil adéquat et des soins impeccables?» L’étude de faisabilité montrera la logique vers laquelle avancer. Des programmes d’action seront alors mis en réflexion.
Arrivée de l’extérieur du canton, Pauline de Vos se réjouit de ne pas avoir d’attaches émotionnelles à l’un ou l’autre de ces établissements. «L’HFR n’était pas préparé à aborder ce déluge de changements. Il ne faut pas se tromper de combat et défendre à tout prix son hôpital régional, faute de quoi on pourrait perdre bien plus.» SR

Commentaires

Quelle honte d'avoir fait payer si cher l'hôpital de Riaz aux contribuables pour le reléguer en 2ème catégorie si peu de temps après ! Cet hôpital est plaisant, moderne et confortable. Il répond bien aux besoins des patients. Pour avoir pu comparer à plusieurs reprises, Fribourg ne lui arrive pas à la cheville : vétuste, vieillot, personnel débordé, chambres à 5 lits même pour des patients sur leur fin, etc. Me voilà donc peu rassuré de voir les prestations de Riaz petit à petit centralisées à Fribourg... Dommage que le bien-être des patients ne prime pas sur les mesures d'économie ! Vive le XXIème siècle...

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