PAR KARINE ALLEMANN
Richard Chassot est partout. Pourtant, l’omniprésence du nouveau patron du Gruyère Cycling Tour est assez peu contestée. L’homme n’aurait-il donc aucun défaut? La question le prend à … défaut. «Sur le plan professionnel, je suis hyperactif. Sinon, je ne me suis jamais engueulé avec un collaborateur. Donc je ne vois pas grand-chose à dire…» Vraiment? Après réflexion, il développe: «OK, je suis un éternel insatisfait qui n’est jamais content de ce qu’il a. Je me lasse vite de mon nouveau jouet. Au bout d’un moment, les gens peuvent en avoir marre de suivre. Et puis, j’ai des défauts dans ma vie privée. Je suis flemmard, je déteste les tâches ménagères que je ne fais jamais et je ne nettoie jamais ma voiture.»
Voilà pour les présentations. Richard Chassot, 42 ans et père de deux enfants (Stella, 6 ans, et Julian, 9 ans) est donc un hyperactif, mais un hyperactif compétent. Pour preuve ses entreprises qui ne cessent de grandir. Très bileux, son goût prononcé pour les responsabilités et sa résistance au stress sont presque paradoxaux. Le tout emballé dans une bonne dose d’humour qui rend l’homme plutôt sympathique. Les téléspectateurs de la RTS ne s’y trompent pas, ils passent tous leurs après-midi de juillet en sa compagnie pour suivre le Tour de France.
L’ancien cycliste professionnel parle aussi beaucoup, et vite. A bon train, passons en revue quelques-uns de ses domaines d’activité.
Ses trois sociétés
Le bureau d’Estavayer-le-Lac, où il habite également, regroupe trois sociétés dont il est le patron: Chassot Concept SA pour l’organisation d’événements dans le domaine sportif (le Gruyère Cycling Tour et le Tour de Romandie) et culturel (notamment le café PMU et la salle de spectacle le Beaulieu, à Payerne, qu’il détient avec son frère David). Il y a aussi la société Tekker pour les équipements sportifs et la société de communication Charivari. «On a commencé à deux en 2007 et on est sept à travailler à Estavayer aujourd’hui. J’ai aussi le mandat de relations publiques pour une assurance.»
Et, depuis mars 2012, il est le nouveau président de Swiss Cycling. «Parce que la fédération allait mal et qu’on est venu me chercher.»
Son côté hyperactif
«Les gens pensent que je suis fou, ou trop ambitieux, que je veux tout bouffer. Ils ne voient pas le travail d’équipe. Je me considère comme un architecte. Je dessine les plans de la maison, mais ce n’est pas moi qui monte les murs ou construis le toit. J’aime déléguer, je suis un patron adepte du système participatif. Mais, vis-à-vis des partenaires ou des clients, c’est à moi d’assumer tout ce qui peut arriver. Et puis, les clients aiment voir au moins une fois Richard Chassot. Sinon, ils pensent que leur projet ne m’intéresse pas.»
Parce que le Fribourgeois s’intéresse à tout. «C’est vrai que j’ai peur de dire non, peur de manquer un bon coup, une bonne affaire. Au départ, je craignais le monde de l’organisation. Finalement, c’est mon truc. C’est vraiment mon truc.»
Sa dernière lutte
Chassot Concept SA était impliqué dans le dossier de candidature de la Fête fédérale de lutte à Estavayer-le-Lac en 2016. La candidature acceptée, le Fribourgeois s’est mis sur les rangs pour s’occuper du sponsoring de la fête. «Avec un budget de 20 mio, le défi serait énorme. Imaginez que 50000 personnes vont rester trois jours sur place. Cela fait plus que la ville de Fribourg. Un copain me disait que, avec ce genre d’événement, rien que pour organiser le papier toilette, ça va être compliqué…»
Le cyclisme, si difficile à aimer
Richard Chassot est amoureux du cyclisme. Alors, quand on lui dit que son sport est bien difficile à aimer, avec toutes les affaires de dopage qui s’enchaînent, il acquiesce à contrecœur. «C’est vrai que le cyclisme a quelque chose de décourageant. Mais prenons chaque cas de dopage comme une victoire du système, et non comme une catastrophe. Aujourd’hui, on peut faire jusqu’à trois contrôles sanguins par jour chez un cycliste. Aucun autre sportif au monde n’accepterait ça.»
Lui aussi, à l’époque…
Professionnel de 1994 à 1999, Richard Chassot a adoré cette vie-là. Il y a quelques années, il a reconnu avoir consommé des produits illicites. «C’était la grande période de l’EPO, les pelotons allaient beaucoup trop vite. Sur une course de trois semaines, il m’est arrivé de prendre de la cortisone. Mais c’était comme mettre un sucre dans mon café alors que d’autres prenaient un rail de coke. En fait, je n’ai jamais été dans une équipe qui avait les moyens de se procurer du dopage lourd. La question ne s’est donc jamais posée. C’est pour ça que je me dis qu’il est un peu facile de jeter la pierre sur les autres.»
Et d’ajouter: «Cela ne sert à rien de parler d’éthique. Parce que le monde n’est ni éthique ni moral. Et qu’on ne vit pas tous dans les mêmes conditions. Un Kazakh ou un Sud-Américain peut faire vivre toute sa famille avec un salaire de coureur à 4000 euros. Allez lui dire que ce n’est pas moral de tricher! Par contre, si vous lui parlez des risques de suspension, là il comprendra.»
La retraite, non merci!
Au fait, où sera Richard Chassot dans vingt ans? «En tout cas, pas assis sur une chaise à attendre que la retraite se passe… Comme je n’ai jamais rien planifié dans ma vie je ne sais pas où je serai. Mais j’espère avoir encore des projets qui me feront me lever le matin pas seulement pour payer mes factures. Mais pour le plaisir de construire quelque chose dont je sois fier.»
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