Adrien Buntschu: «Je n’ai aucun talent, c’est juste du travail»

| sam, 15. sep. 2012
Adrien Buntschu a remporté la série suisse des moyennes distances. Avant de participer aujourd’hui à l’Open Bike, le Tourain réalise la meilleure saison de sa carrière. De quoi entretenir le rêve de goûter un jour au professionnalisme.

PAR VALENTIN CASTELLA


Lorsqu’Adrien Buntschu raconte ses premiers pas dans le monde du VTT, il ne parle pas à la première personne. A chaque fois, il emploie le «nous», comme s’il était impossible de séparer son destin de celui de son frère Grégoire, triathlète désormais à la retraite. D’ailleurs, lorsqu’on lui demande quelle est sa première qualité, il répond sans hésiter: «Mon frère jumeau. Car, nous avons la chance de pouvoir faire de nombreuses choses ensemble. Comme Greg est également passionné de sport, on se tire toujours la bourre. Il est une grande source de motivation.»
Pourtant, lorsque l’universitaire tourain de 22 ans se retrouve sur la ligne de départ d’une épreuve de longue distan­ce, il est seul face à ses concur­rents et les heures de souffrance qui l’attendent. Une situation qui ne semble pas le déranger, comme en témoignent ses résultats cette saison. Troisième du «petit» parcours du Grand Raid et lauréat du Papival Bike Tour (Coupe valaisanne), il a surtout remporté la Coupe de Suisse U23 de marathon en s’imposant lors de deux épreuves (Scuol et la Bergibike). Le Gruérien a également terminé deuxiè­me lors de trois autres rendez-vous de ce championnat natio­nal. Avant même le terme de la saison, il est assuré de remporter le classement général de sa classe d’âge. «Je visais le top 5. J’ai été surpris de me retrouver devant. C’est lors de la première course que je me suis rendu compte que j’avais peut-être un truc à faire. Et j’ai foncé.»
Adrien Buntschu n’imaginait peut-être pas s’illustrer de la sorte, même s’il avait mis toutes les chances de son côté l’hiver dernier en consacrant «beaucoup d’heures» à l’entraînement: «Après ces bons résultats, certains m’ont dit que j’avais du talent. C’est toujours agréable d’entendre ce genre de compliments. Mais ce n’est pas vrai. Je n’ai aucun talent. Si je me retrouve devant, c’est surtout grâce au travail et au fait que je suis sérieux à l’entraînement et dans la vie. Je suis une personne plutôt sociale qui aime faire le con. Mais je suis aussi celui qui boit toujours des Henniez gommés et qui, en saison, va à l’uni, rentre, étudie et s’entraîne. Un “no life” en quelque sorte. Sans cette assiduité, ce n’est pas possible de jouer les premiers rôles.»


Dépasser ses limites
En plus de douze bonnes heures d’entraînement en moyenne par semaine, le Gruérien peut s’appuyer sur un caractère de compétiteur, celui d’un sportif qui se nourrit de défis. «Si tu termines une course sans être fatigué, c’est que tu ne t’es pas donné à fond. Bien sûr, il y a certaines épreuves qui servent de préparation. Mais, lorsque je me fixe un objectif, je fais tout pour l’atteindre, quitte à voir les étoiles une fois la ligne d’arrivée franchie. Ce sont ces moments que j’apprécie. Lorsque, lors d’un marathon de cinq heures, tu te dis que plus jamais tu ne referas de course, que tu te demandes bien ce que tu es venu faire là et que tu penses à abandonner. Dépasser ses limites est ce qui me plaît. Mon père est suisse allemand. C’est peut-être pour cette raison que j’ai ce caractère et que j’aime le travail bien fait, que cela soit sur un vélo ou à l’uni.»


Le droit de rêver
Depuis deux saisons, Adrien Buntschu s’est spécialisé dans les longues distances, même s’il participe à d’autres courses plus courtes. Après le succès rencontré cette année, la question sur le professionnalisme s’impose forcément. A ce sujet, l’étudiant en économie reste évasif. «L’équipe BMC va subir des restructurations et une nouvelle formation va peut-être se former. Alors pourquoi pas, d’autant plus que je fais déjà partie de la formation Zimmermann BMC, qui collabore avec l’équipe principale? Dire que je ne suis pas intéressé serait mentir. Il faut se fixer de jolis défis pour avancer. Peut-être que j’idéalise cet univers, mais j’aimerais bien une fois avoir la chance de vivre cette existence de professionnel et intégrer l’énorme structure qu’est BMC.»
En attendant, Adrien Buntschu va poursuivre sa marche en avant et participer à sa dernière épreuve dans le canton. Ce sera aujourd’hui à Grandvillard à l’occasion de l’Open Bike Haute-Gruyère. Une épreuve de 46 km qu’il apprécie. «Cette année, je n’ai pas participé à beaucoup de courses dans la région. Je me réjouis de retrouver tout le monde. Mais je m’attends à un après-midi difficile, car je reviendrai de deux jours de voyage en fourgonnette. Mercredi et jeudi avec mon frère, nous avons eu pour mission d’aller livrer des meubles à Londres. J’aurai certainement les jambes un peu lourdes.» La rencontre se termine comme elle a commencé: par un «nous».

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