Trente ans qu’on tourne en rond à La Tour-de-Trême

| jeu, 06. sep. 2012
Personne n’en voulait du giratoire, puis tout le monde s’y est fait. Maintenant, retour à la case départ. A La Tour, comme il y a dix-sept ans, les automobilistes devront se réhabituer à regarder à droite. Retour sur une saga...

PAR PRISKA RAUBER

L’aménagement de la traversée de La Tour-de-Trême ressemble à une saga. Une histoire à rebondissements. Un retour au point de départ. Car, aujourd’hui, le giratoire de la poste, qui avait tant fait causer lors de sa construction en 1995 a vécu. Il cède à nouveau la place à une priorité de droite. Même si le rond sombre au milieu du carrefour peut induire en erreur, le changement est définitif. «Cette mesure s’inscrit dans le concept général du réaménagement de la traversée de La Tour-de-Trême», informe Jean Hohl, ingénieur de la ville de Bulle.
Tout comme le giratoire s’inscrivait dans le concept général de la valorisation de la traversée de la localité, le fameux concept Valtraloc, à la mode dans les années 1980. «Aujourd’hui, l’approche est différente, confie Bernard Guisolan, alors syndic de
La Tour-de-Trême. Au concept Valtraloc, on préfère la route d’évitement.» Avec ses mesures d’accompagnement destinées à délester les localités de leur circulation, à savoir les zones 30, qui recommandent la priorité de droite comme règle de base. Cette priorité de droite permet de réduire le nombre de panneaux et incite les usagers à circuler de manière prudente et prévenante, comme l’indique l’Ordonnance sur les zones 30 et les zones de rencontre.


Faciliter l’accès
Le but de Valtraloc était également la modération et la fluidité du trafic, rappelle Bernard Guisolan. «La traversée coupait le village en deux. Comme le nom du concept l’indique, il s’agissait de la valoriser.» Jean-Marc Delabays, édile responsable de l’aménagement du territoire à l’époque de la construction du giratoire, revient sur la nécessité d’alors «de faciliter l’accès à la route de l’Ancien-Comté pour les automobilistes venant du Pâquier et de Moléson», souvent bloqués par le flux des voitures roulant entre Bulle et Epagny.
Mais quand les Tourains entendent parler de ces aménagements – deux giratoires, des trottoirs, des collecteurs et des canalisations – ils grognent. «Les gens les ont en effet trouvés onéreux», se souvient Bernard Guisolan. Devisés à 4 millions de francs, ils en ont coûté plus de deux à la commune de La Tour-de-Trême. Le reste ayant été financé par une subvention fédérale (il s’agissait d’une «route principale suisse»), à hauteur de 880000 francs pour la commune et autant pour le canton, peut-on lire dans La Gruyère du 22 juillet 1993.


Places supprimées
«Les gens ont également bataillé à cause de la suppression des places de parc, se souvient Jean-Marc Delabays. Une suppression qui découlait du type de catégorie de la route.» Riverains et commerçants se sont sentis lésés, les premiers estimant que la disparition des places de stationnement représentait une moins-value pour leur bien et les seconds redoutant la perte de leur clientèle. Une commission cantonale d’expropriation a fixé et versé des indemnités pour compenser ces surfaces expropriées par l’Etat.
La partie n’est pas pour autant gagnée. Une fois le montant des investissements et les expropriations digérés, les usagers doivent faire preuve de patience. Pourtant, les difficultés de circulation s’intensifient, la route se dégrade et les trottoirs manquent. Envisagés depuis la fin des années 1980, les travaux devaient débuter à l’automne 1993. Mais à cause de l’état des finances fédérales, «la Confédération a fait savoir à la fin de l’année 1993 qu’elle ne pourrait verser sa manne en 1994», écrit La Gruyère le 8 février 1994. La commune ne peut ouvrir le chantier sous peine de voir sa subvention annulée. «L’impatience de la population s’est d’ailleurs exprimée jusqu’au Grand Conseil, à travers une intervention du député François Audergon», poursuit le journal.


La structure s’effondre
Enfin, en 1995, l’aménagement du tronçon commence et le giratoire de la poste est construit. L’automobiliste s’habitue à regarder à sa gauche. Le Pâquiésan s’infiltre avec aisance. Et puis, le 4 juin 1996, c’est l’ouverture d’un chapitre plus douloureux: la structure métallique de l’éclairage du giratoire s’effondre. Deux véhicules sont endommagés. On ne déplore aucun blessé. Mais l’ouverture d’une enquête pénale est justifiée au titre de la mise en danger de la vie d’autrui, constitutive du délit de violation des règles de l’art de construire.
Après sept ans de procédure, plus de 160000 francs de frais d’expertise (pour 7000 francs de dégâts aux véhicules et 63000 francs pour la structure), le juge de police a reconnu coupable l’un des chefs de projet du bureau d’ingénieurs mandaté pour la conception de la structure. Il écope de quinze jours de prison avec sursis et une participation aux frais de justice à hauteur de 30000 francs. La structure métallique s’est effondrée en raison du sous-dimensionnement des plaques d’ancrage des poteaux, sur les socles en béton.
Mais le rond-point tient bon. Les automobilistes augmentent, les riverains se plaignent des nuisances sonores qui se sont amplifiées, à cause des pavés posés au milieu de la chaussée en guise de modérateurs de trafic. La routine. Jusqu’à ce jour du 30 juillet 2012, où des panneaux indiquent que désormais, il faut à nouveau s’habituer à regarder à droite. Peut-être que dans trente ans, le carrefour retrouvera un giratoire. Voire des feux rouges. La mode, c’est cyclique.

 

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La fin pour cet automne
Le réaménagement actuellement en cours à La Tour-de-Trême, mis à l’enquête en juillet 2010, prévoit notamment la mise en zone 30 km/h du tronçon s’étendant sur la rue de l’Ancien-Comté, entre l’entreprise Morand Vins et la place du Praz, en direction
de l’Intyamon. En cours depuis l’été 2011, les travaux doivent s’achever cet automne. «Courant octobre, tout devrait être terminé, annonce Jean Hohl, ingénieur de ville. Le tapis doit encore être changé et le marquage devra être refait.» La transformation de la traversée de La Tour-de-Trême compte parmi les mesures d’accompagnement faisant suite à l’ouverture de la H189, la route de contournement de Bulle, en 2009. TG

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