Rendez-vous de fous, rois et reines au Moléson

| mar, 23. oct. 2012
Une vingtaine de joueurs amateurs ont défié hier Christian Bauer, champion de France d’échecs, au sommet du Moléson.

PAR LARA GROSS



Il serre la main de son adversaire, observe le jeu et glisse une pièce sans aucune hésitation. Christian Bauer a répété ces gestes contre la vingtaine de joueurs amateurs venus le défier hier au sommet du Moléson. Le champion de France d’échecs depuis 1996 a joué en simultané aussi bien contre des enfants, des adultes, des débutants que des joueurs expérimentés.
Christian Bauer, 84e joueur mondial, s’est adonné à son activité. «Je ne connaissais pas du tout l’endroit, c’est grandiose, a lancé le joueur professionnel. Je suis content d’être là, les parties en simultané se raréfient avec les échecs sur internet… les gens se déplacent moins.»
Cette rencontre a été orchestrée par Serge Kurschat, fondateur de l’école d’échecs de la Gruyère. «C’est un match au sommet, rigole le Corse installé à Châtel-sur-Montsalvens. Une rencontre comme celle-ci mêle à la fois la sensibilisation aux échecs, l’oxygénation du cerveau et la promotion du tourisme!» Surtout, Serge Kurschat souhaite donner une autre image des échecs: «Quelque chose qui sorte des sentiers battus, qui s’éloigne de l’image des papys ou des matheux boutonneux.»
Et il n’en est pas à son coup d’essai. Il y a peu, le Gruérien d’adoption a organisé une partie mêlant stratégie et gourmandise à la Maison Cailler. «En décembre, j’ai déjà prévu une partie dans les piscines des Bains de Lavey.»


Blitz sur le toit du Moléson
Quant à Christian Bauer, il a pu faire la démonstration de son art. Lui qui fait partie de la demi-douzaine de joueurs français vivant des échecs. «Ce n’est pas très médiatisé, les parties durent plusieurs heures… Mais les parties rapides, appelées blitz, sont plus spectaculaires. Il y a plus de nervosité», détaille le joueur domicilié à Montpellier. Une partie éclair a d’ailleurs clos la journée d’hier. Elle a opposé le Français à la championne de Hongrie Anita Gara.
Les parties disputées contre les amateurs ont été tout aussi impressionnantes. Moins par la vitesse que par la facilité et la tactique de Christian Bauer. Quelques secondes passées devant le jeu et les pièces des adversaires étaient rapidement balayées sur le côté du plateau. «Il est rapide, il attaque de tous les côtés», a pris avec le sourire Dgika, Nigérian de 25 ans vivant aux Passereaux, à Broc. Elève de Serge Kurschat, il a participé à la manifestation comme plusieurs autres requérants d’asile.


«Dix coups d’avance!»
«Ça se passe très mal, a rigolé Samuel, un Bullois de 40 ans. En fait, contre un grand maître on se met la pression pour bien jouer. On essaie de jouer mieux. Finalement, on oublie les bases et on passe à côté. En tout cas, il m’épate! En une fraction de seconde, il a déjà dix coups d’avance!» Ce n’est pas sa fille, Maëlle, 10 ans, qui le contredira. «Il s’est avancé, alors j’ai réussi à lui piquer son fou. C’est cool de jouer contre lui, mais c’est difficile.» Difficile aussi de sous-tirer davantage d’impressions à la jeune fille. Elle reste concentrée sur sa partie en attendant chaque passage du maître.
Christian Bauer a d’ailleurs imposé, à son insu, une ambiance quasi religieuse sur le toit de la Gruyère. La partie simultanée à peine entamée, promeneurs et badauds sirotant un verre sur la terrasse se sont tus ou se sont mis à chuchoter.
 

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