Charmey se donne trois ans pour «liquider le passé»

| jeu, 28. mar. 2013
Le diagnostic est sévère: rien ne tourne vraiment rond dans les structures touristiques. Il faut reprendre l’habitude de travailler ensemble. La station s’inspire du modèle d’en face, Moléson.

PAR JEAN GODEL

«Aucune stratégie commune», «aucune structure commune», «peu de volonté de coopérer», «manque de confiance», gestion «pas assez professionnelle», manque de transparence: les résultats de l’étude sur le développement touristique de Charmey, commandée l’été dernier par le Conseil communal au consultant Daniel Fischer, «répondent à nos attentes», commente sobrement le syndic Félix Grossrieder. On le croit volontiers.
Les remontées mécaniques, surtout, en prennent pour leur grade: problème de rentabilité économique «à tous les niveaux», problème «grave» de gestion stratégique et opérationnelle, problème «de crédibilité, de confiance et de légitimité», problème au niveau de la qualité de la chaîne des services offerts aux touristes. A la lecture de ce rapport sévère, très sévère, on se demande comment la station a bien pu fonctionner jusqu’à aujourd’hui.


Signaux positifs
Présentée lundi soir à une soixantaine d’acteurs concernés, l’étude estampillée «confidentiel» a vite fait le tour des chaumières. Questionné sur les responsables de cette débâcle organisationnelle – les installations, elles, sont à niveau – Félix Grossrieder ne veut pas en rajouter: «Les critiques ne sont pas nouvelles, cela s’explique par un manque de volonté. Ça tient aux personnes.»
Lui préfère souligner les signaux positifs tels le sabordement du conseil d’administration (CA), qui vient de démissionner en bloc. Et surtout l’arrivée, en 2012, de Christophe Valley à la tête de l’Office du tourisme. Il devient le personnage central de la renaissance de Charmey: «Le professionnel, c’est lui, claque Félix Grossrieder. Le politique doit rester à sa place.» Daniel Fischer, lui, voit dans le Conseil communal élu en 2011 l’élément déclencheur de la nouvelle dynamique. Autant de gifles, a posteriori, aux «gens d’avant», taxés entre les lignes d’amateurisme.
Que propose l’étude? D’abord, une stratégie nommée Charmey 2016. Sa vision: Charmey et la vallée de la Jogne forment un «territoire d’expériences authentiques», de Broc à Bellegarde. Expérience de la nature (paysage préalpin propice au marché prometteur des seniors), du bien-être (les bains, la gastronomie) et d’une culture vivante. Ceci été comme hiver. La destination a des atouts: elle est proche des grandes villes, liée à la «marque» Gruyère, riche en traditions, en patrimoine naturel et culturel, enfin bien dotée en équipements.


C. Valley, un homme clé
Pour y parvenir, Daniel Fischer propose en fait de revenir au modèle de Charmey Tourisme Services SA, «un instrument intelligent, mais mal géré». Alourdie d’un passif de 100000 francs envers la commune, la structure est d’ailleurs en voie de dissolution. L’étude propose la création d’un comité de destination de sept membres, présidé pour trois ans et à la demande de la commune, par Daniel Fischer lui-même.
«Ce comité sera l’entraîneur de tout le système, compare le consultant bernois: il définira les priorités et coordonnera la gestion opérationnelle.» Y siégeront le syndic et des représentants des remontées mécaniques, des Bains de la Gruyère, de l’Hôtel Cailler, de la commission agricole et de CharmECA (entrepreneurs, commerçants et artisans de Charmey).
Christophe Valley devient le personnage central de toute l’organisation, lui qui assumera la direction commune de l’OT, du Centre sportif et de loisirs et des remontées mécaniques: «Il sera le bras opérationnel du comité de destination», résume Daniel Fischer. Le coordinateur de l’ensemble des infrastructures, ajoute Félix Grossrieder. Quant aux prestataires privés (Hôtel Cailler, musée, bains, etc.), ils signeront un contrat de destination, sorte de convention par laquelle ils s’engageront à tirer à la même corde.
Félix Grossrieder refuse de voir là une mise sous tutelle des différents acteurs, remontées mécaniques en tête: «Il s’agit de s’assurer que l’orientation décidée est suivie.» «Charmey a la chance d’être petit, les gens se connaissent, une telle organisation centralisée est possible», complète Daniel Fischer.
N’y a-t-il pas alors à l’œuvre une «Molésonisation» historique de Charmey? «Oui, Moléson et son intégration verticale est un peu notre modèle, reconnaît Daniel Fischer. Mais chacun garde ses responsabilités sous le chapeautage du comité de destination et de Christophe Valley.»


Aide d’Antoine Micheloud
D’ailleurs, Antoine Micheloud, «patron» de Moléson, met un pied à Charmey: à la demande de Daniel Fischer, il a rencontré Félix Grossrieder et Christophe Valley. «Nous avons eu une très longue discussion, confirme le syndic. La question était de savoir s’il était disposé à accompagner le nouveau CA des remontées mécaniques dans le but d’apporter ses compétences. Ce qu’il a accepté, dans la mesure de ses disponibilités et gracieusement. Il sera une personne de référence.»
Daniel Fischer est catégorique: Charmey a les moyens de ses ambitions. «Nous avons tout ce qu’il faut pour liquider le passé.» La station a trois ans pour prouver qu’elle en est capable.

 

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Une douloureuse de 1,8 million
Un tel chamboulement a un coût, principalement à la charge de Charmey. Aux 250000 francs que la commune alloue chaque année au fonds de compensation des remontées mécaniques s’ajouteront 450000 francs pour solder une fois pour toutes les déficits d’exploitation cumulés lors des derniers exercices. Une rallonge à obtenir en assemblée communale le 8 mai.
Il faudra encore compter l’assainissement, avant dissolution, de Charmey Tourisme Services SA (100000 francs) et le mandat de Daniel Fischer (43000 francs). En tout 593000 francs dont Félix Grossrieder propose d’amortir 15% par an.
Sept nouveaux administrateurs
D’autres participations, prévues au budget 2013 ou déjà votées, portent le total des investissements pour le tourisme, y compris la mise en œuvre de Charmey 2016, à 1,8 million de francs cette année. Pour 2014, le document de Daniel Fischer estime ces coûts à 1,55 million, puis 1,5 million en 2015 (dont 250000 francs par an pour Charmey 2016).
Enfin, le 12 avril, les actionnaires des remontées mécaniques éliront le nouveau conseil d’administration. Sur les 13 candidatures qu’elle a épluchées, la commune recommandera les sept noms suivants: Alain Riedo (directeur de la Chambre de commerce et d’industrie de Fribourg), Cédric Yerly (BCF), Roberto Dupraz (entrepreneur à la retraite), Mathieu Fehlmann (Fédération patronale économique), Olivier Andrey (notaire), Pierre-Alain Murith (Rossignol) et Jean-Claude Kolly (conseiller communal de Charmey). JnG

Commentaires

et bien voilà,suffit de lui demander. Faut tout de même bien viser car en louchant on atteint rarement une cible !
Comment démèler ce sac de noeud sans les compétences incommensurables de M.Tuerler?

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