PAR DOMINIQUE MEYLAN
Il est des années qu’on aime voir se terminer: pour l’Hôpital fribourgeois (HFR), 2012 appartient sans conteste à cette catégorie. Le bilan, présenté vendredi, affiche un déficit de 5,4 millions de francs, alors que budget prévoyait une perte de 15 mio. C’est mieux que prévu et cela permet à Philippe Menoud, président du conseil d’administration, de poser ce diagnostic: l’HFR est «un patient stabilisé, mais toujours en phase de réadaptation».
Les perspectives futures commencent à se préciser. Jeudi, le conseil d’administration de l’HFR a adopté sa stratégie à long terme, sur la base du très attendu rapport sur le «Développement stratégique de l’HFR 2013-2022». Les responsables n’ont pas voulu développer l’information. «Le dossier est sur la table du Conseil d’Etat, qui en déterminera le rythme de diffusion», rapporte Philippe Menoud. Ce sera probablement avant l’été.
L’étude de faisabilité n’a pas guidé à elle seule cette stratégie. Le conseil d’administration s’est également penché sur des réflexions architecturales, un rapport sur les permanences et le dispositif de transfert des patients d’un site à l’autre. Alors qu’elle quitte son poste la semaine prochaine, la directrice générale Pauline de Vos Bolay laisse cet héritage stratégique, ainsi qu’une autre nouveauté, le transfert de l’unité des soins palliatifs de Châtel-Saint-Denis à la Villa St-François à Villars-sur-Glâne. Philippe Menoud lui a rendu hier un hommage appuyé.
De nombreux progrès
Le bilan 2012 de l’HFR est le premier à avoir été établi sous le régime du nouveau financement hospitalier. Plutôt que de s’attarder sur le déficit, les responsables ont souligné les progrès enregistrés l’année dernière. «Le résultat est largement plus favorable qu’escompté», estime Pauline de Vos Bolay.
Les mesures à court et moyen terme auraient déployé leurs premiers effets. Mais l’implication du canton reste indispensable. Le financement transitoire est certes moins important que prévu: quelque 49,6 mio avaient été inscrits au budget. Mais il s’élève tout de même à 42,9 mio. L’Etat a par ailleurs augmenté sa part aux prestations d’intérêt général de 6 millions.
L’HFR a profité en 2012 de l’augmentation continue de ses recettes dans le domaine des soins ambulatoires. Ce chapitre est supérieur de 10 mio aux attentes. «Cette croissance est liée à un changement de société, explique Pauline de Vos Bolay. Une partie croissante de la population n’a plus de médecin de premier recours.» L’HFR vient combler ce manque.
Toujours pas de tarif fixe
Un gros travail sur l’efficience a été mené. L’évolution de la masse salariale a pu être maîtrisée. Le secteur stationnaire enregistre une augmentation de ses recettes de 3,9 mio. «C’est essentiellement dû à une meilleure maîtrise du codage», explique la directrice générale.
La durée moyenne des séjours a pu être considérablement réduite: le nombre de journées d’hospitalisation a diminué de 10000 en un an, pour un total similaire de prises en charge. «Nous étions en retard dans ce domaine», explique Bernard Vermeulen, directeur médical.
Cependant, des menaces continuent de peser sur l’HFR. Les négociations tarifaires avec Tarifsuisse n’ont pas abouti en 2012. Les comptes ont donc été établis sur la base d’un forfait provisoire. Le déficit pourrait s’alourdir de trois millions, si un recours était déposé par la filiale de Santésuisse. Et c’est sans compter la recommandation de Monsieur Prix qui prône un tarif de 8974 francs par cas, plus bas encore que les revendications de Tarifsuisse, fixées à environ 9700 francs.
Dans ces circonstances, l’HFR a renoncé à mener des rénovations lourdes, avant toute décision sur sa stratégie à long terme. Il abandonne aussi l’idée d’un pavillon administratif provisoire.
Parallèlement à ces efforts financiers, l’HFR a mené à bien plusieurs projets dans le domaine médical en 2012. Désormais, les prématurés peuvent être pris en charge dès la 32e semaine à l’Hôpital cantonal. Les responsables réfléchissent à l’instauration d’une filière rapide aux urgences, qui sont toujours davantage sollicitées, avec une voie ambulatoire pour les pathologies mineures.
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Les soins palliatifs à Villars-sur-Glâne
L’HFR aura définitivement quitté ses locaux de Châtel-Saint-Denis en janvier 2014. La direction a annoncé hier le transfert des 12 lits de soins palliatifs dans la Villa St-François, à Villars-sur-Glâne. Ce déménagement est prévu en décembre. Il s’agit de la dernière des mesures à court et moyen terme, annoncées il y a un an, à être mise en œuvre. Le transfert de cette unité à Villars-sur-Glâne présente différents avantages, selon les responsables de l’HFR. A commencer par la proximité avec les services de soins aigus de l’Hôpital cantonal. Ce rapprochement permet la présence facilitée de spécialistes, une gestion plus aisée des gardes et un transfert rapide des patients en cas de nécessité.
Un contrat de location de cinq ans a été conclu avec la Congrégation des sœurs de la Présentation de Marie, propriétaire des lieux. Ce bail, qui répond au souhait des religieuses de conserver une vocation médicale et sociale au bâtiment, prendra effet au 1er août. En cas de vente, l’HFR a également obtenu un droit d’emption.
Dès le 1er janvier 2014, l’Association des communes de la Veveyse sera propriétaire des locaux de l’HFR à Châtel-Saint-Denis. Un centre médical devrait y être installé. L’HFR continuera à y fournir des consultations pré- et post-opératoires, selon une convention qui doit être encore conclue. DM
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