PAR JEAN GODEL
Depuis l’arrivée de la «N12» et les décollages économique et démographique induits, Bulle a conquis depuis longtemps son statut de ville. Ne lui restait plus qu’à acquérir celui de ville touristique. C’est désormais en bonne voie, avec le circuit présenté hier en conférence de presse. Intitulé «Bulle à parcourir», il propose de se balader dans le centre-ville à la découverte de ses 16 principaux centres d’intérêts culturels, paysagers et architecturaux.
Cette offre est le fruit d’une collaboration entre le Musée gruérien, qui a fourni le matériel éditorial, La Gruyère Tourisme, soucieuse de mieux positionner le chef-lieu gruérien, et notrehistoire.ch, plate-forme participative dédiée aux archives audiovisuelles de la Suisse romande. Les 30000 francs qu’elle a coûté ont été pris en charge par la Société de développement de Bulle et environs.
Plusieurs options
Concrètement, les visiteurs ont plusieurs possibilités d’approcher ce parcours. D’abord, un prospectus en trois langues (français/allemand/anglais) résume brièvement les informations sur les lieux visités, avec chaque fois une photo ancienne et une autre récente: c’est l’option minimaliste. A noter que les commerçants situés le long du parcours mettront le prospectus à disposition.
Le site internet de La Gruyère Tourisme (www.la-gruyere/circuit) propose, lui, l’intégralité du contenu éditorial, avec carte, notes et photos. C’est l’option pour touristes prévoyants, prêts à tout imprimer avant leur départ. Mais il y a mieux: l’application pour smartphone de notrehistoire.ch. D’ores et déjà disponible en version iPhone, Android et iPad 3G, l’application utilise la fonction de géolocalisation et fournit toutes les indications du circuit. C’est la version «geek», la plus intéressante en même temps que la plus ludique pour les visites individuelles. Conséquence: aucune information n’est disponible in situ, les plaquettes numérotées installées le long du parcours ne proposant que le nom des curiosités et leur date de fondation.
Reste une dernière option: les visites guidées pour des groupes jusqu’à vingt personnes. Organisées par le Musée gruérien, elles seront conduites par des guides formés pour l’occasion. Facturées 150 francs pour une heure et demie, elles constituent la version grand luxe de ce projet, les guides ajoutant leur patte aux informations fournies par les autres supports. Enfin, chacun pourra compléter sa visite par un passage au Musée gruérien, riche de publications, de photos et de maquettes de Bulle.
Le bon moment
«Tout cela arrive au bon moment», analyse Christophe Mauron, conservateur au Musée gruérien: après l’inauguration de la nouvelle exposition permanente, l’édition du nouveau catalogue et de plusieurs ouvrages historiques sur Bulle dont celui sur l’incendie de 1805, la matière était là. «Surtout, cette offre montre que le Musée gruérien n’est pas que le musée de la campagne, mais aussi celui de la ville!» Enfin, elle comble un vide déploré depuis des lustres.
Paradoxalement, c’est l’explosion démographique et physique de Bulle qui a mis en évidence l’existence d’un «centre historique» – une notion récente – digne d’intérêt. L’aménagement d’espaces plus conviviaux et la volonté affichée de débarrasser le centre de son trafic ont renforcé l’attractivité de la ville. «Il s’agit désormais de profiler Bulle non seulement comme la porte d’entrée de la Gruyère, mais aussi comme un centre d’intérêt historique et culturel, comme destination touristique en tant que telle», résume Pascal Charlet, directeur de La Gruyère Tourisme.
En fixant mieux les 750000 visiteurs de la Gruyère, auteurs de 550000 nuitées dont 65000 à Bulle (deux fois plus qu’il y a cinq ans), Pascal Charlet espère aussi améliorer les retombées économiques. «Surtout que Bulle, avec son rôle central dans l’essor de la Gruyère, permet de mieux comprendre l’ensemble de la région.»
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Une «app» au service du savoir
Editée par la Fondation pour la sauvegarde du patrimoine audiovisuel de la Radio Télévision Suisse, notrehistoire.ch est la première plate-forme participative dédiée aux archives de Suisse romande. Une sorte de Wikipédia en images et en sons de la Romandie, de son histoire sociale et culturelle.
Notrehistoire.ch dispose aussi d’une application mobile gratuite qui utilise la fonction de géolocalisation des téléphones. En bref, vous vous promenez en Suisse romande et consultez les documents audiovisuels disponibles liés aux lieux visités. Magique! Les documents sont déposés par des contributeurs lambda, mais aussi par des institutions actives dans la sauvegarde du patrimoine audiovisuel, des bibliothèques, des musées, des collectivités publiques, des entreprises et autres associations.
«In situ, les archives audiovisuelles trouvent une tout autre valeur», assure Claude Zurcher, responsable éditorial de notrehistoire.ch – bien connu des lecteurs de La Gruyère. Qui ajoute que la collaboration avec le Musée gruérien et La Gruyère Tourisme est une première.
Par ailleurs, des balades thématiques éditées par l’équipe de la plate-forme permettent de découvrir des lieux grâce à des parcours ponctués d'archives. In situ ou depuis son fauteuil. De quoi rendre les téléphones portables vraiment intelligents. JnG
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