Cette saison, Adrien Buntschu a franchi un palier en passant élite. Une nouveauté motivante pour le Tourain, aligné avec les meilleurs bikers du monde. Après le cross-country, place maintenant aux longues distances.
par valentin Castella
Tesserete, à proximité de Lugano. A l’arrière d’un peloton dense, Adrien Buntschu aperçoit aux avant-postes Nino Schurter, champion du monde, et Julien Absalon, double champion olympique. Le Tourain de 22 ans côtoie pour la première fois ces athlètes renommés. Cet honneur, le Gruérien le doit à une saison dernière réussie, à l’image de ses victoires au classement général de la Coupe de Suisse moyenne distance, au Papival Bike Tour (Coupe valaisanne), sans oublier son succès lors de la Farzin Bike et son 3e rang au Grand Raid (depuis Nendaz). Il a également terminé une course à étapes sur route au Cameroun avec le maillot de meilleur grimpeur.
Autant de bons résultats qui lui ont permis de commencer l’année 2013 avec le statut d’élite. Au Tessin, à l’occasion de la première manche de la Coupe de Suisse de cross-country, l’ancien amateur s’est alors retrouvé confronté à la dure réalité du sport… d’élite. «C’était ma première course. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Mon but était simplement de ne pas me faire prendre un tour par Schurter et Absalon (rires). Je me suis classé 32e. J’étais assez satisfait.»
«Dans un autre monde»
Au final, le Tourain a concédé treize minutes au meilleur biker du pays. «Ces athlètes vivent dans un autre monde que le mien. Ce sont des pros qui bénéficient d’immenses infrastructures. Face à eux, je n’ai aucune chance. Participer à ce genre de courses me permet de les observer et de progresser. Au Tessin par exemple, ils ont pris des trajectoires incroyables. Grâce à ma participation aux courses élites, j’apprends très vite. J’ai la chance de pouvoir me confronter à ce qui se fait de mieux actuellement.»
La préférence au marathon
A Tesserete, Adrien Buntschu a également pris le départ de ce cross-country pour préparer ses prochaines échéances, dont la première manche de la Coupe de Suisse de longues distances, qui se disputera en juin à Estavayer. Une épreuve qui fera également office de championnat national. Lauréat du classement général des moyennes distances en 2012, le Gruérien sera, cette fois-ci, confronté aux meilleurs: «Depuis plusieurs années, les marathons me plaisent davantage. J’aime ce côté guerrier, que cela devienne dur après cinq heures de course. Que la force mentale soit parfois plus importante que la technique.» L’étudiant en économie aurait d’ailleurs bien pu s’éclater aux championnats du monde de marathon. Mais il a échoué lors de sa seule manche de qualification, en avril près de Montpellier. «Il fallait se classer parmi les vingt premiers. Après trois heures de course, je figurais aux alentours de la quinzième place. J’étais bien. Malheureusement, ma chaîne a cassé. Et je ne pourrai pas participer à d’autres manches de qualification. J’ai été très déçu.»
Amer, Adrien Buntschu a digéré ce coup du sort et il va tenter, cette saison, de se faire une place dans le peloton. «En marathon, la concurrence est moins vive, même si le niveau est excellent. J’espère que je parviendrai à grappiller quelques places parmi les dix premiers. L’avantage par rapport au cross-country, c’est que le dossard a moins d’importance. Même si tu pars derrière, tu as le temps et l’espace pour remonter le peloton.»
Le Grand Raid en août
Autre échéance importante pour le Tourain: le Grand Raid. «C’est une étape obligatoire pour moi et mon équipe. Je vais tenter de viser les sept heures, de terminer dans les vingt premiers.»
Pour atteindre tous ces objectifs, Adrien Buntschu enchaîne les heures d’entraînement, de huit à quinze par semaine selon son programme. «Cela demande effectivement beaucoup d’investissement. Actuellement, je me donne à fond pour ne pas avoir de regret par la suite. Entre l’Uni et le vélo, je ne fais pratiquement que ça. C’est difficile, surtout en ce moment, en période d’examens. Mais je m’accorde parfois quelques jours de pause, pour que le vélo ne devienne pas une contrainte. Car il ne faut jamais oublier que rouler doit rester avant tout un plaisir.»
«Dans l’indifférence»
Habitué aux places d’honneur et aux victoires en amateur, Adrien Buntschu a changé de statut en recevant sa licence élite. Aujourd’hui, c’est parmi des professionnels et des bikers aux grandes ambitions que le Tourain tente de se distinguer. «Pour ma progression, il était important que je découvre ce nouvel univers. Maintenant, c’est sûr que les résultats sont moins bons. Quand j’ai terminé 32e de la première manche de la Coupe de Suisse au Tessin, les gens étaient presque déçus pour moi. Alors que j’étais déjà très content de ma performance. Dans le sport, tout le monde s’en fout du neuvième ou du dixième. On retient juste le vainqueur, voir le podium.»
«Un immense défi»
Il poursuit: «Bien sûr, pour l’estime de soi, c’est parfois difficile de ne plus lever les bras à l’arrivée, de terminer mes courses loin des vainqueurs, pratiquement dans l’indifférence générale. Mais cette nouvelle situation ne va pas me décourager. C’est, au contraire, une source de motivation. Je vois dans quel domaine je peux progresser. C’est un immense défi.»
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