«Globalement, l’analyse effectuée met en évidence la faiblesse du pilotage de l’HFR, particulièrement dans les situations de crise, situations qui font pourtant partie de la vie usuelle de tout hôpital.» C’est le constat cinglant tiré suite à la crise qui a secoué l’Hôpital fribourgeois (HFR) en 2011. Cet été-là, après des mois de difficultés, la fermeture temporaire de la maternité de l’Hôpital cantonal est évitée de justesse. Les dirigeants craignent que l’effectif de l’équipe médicale, en baisse constante, ne permette plus d’assurer les soins de manière satisfaisante.
L’audit sur cette crise, commandé par le Conseil d’administration de l’HFR, a été rendu public en même temps que l’annonce de la réorganisation des sites. Menée de manière indépendante, cette analyse ne porte pas sur la situation actuelle. Elle n’en délivre pas moins de nombreux enseignements.
Les experts s’étonnent du mode de gouvernance choisi pour l’HFR. Ils notent une tendance forte à la centralisation, avec un poids important du Conseil d’administration, ainsi que la présence de la conseillère d’Etat à deux, voire trois niveaux, une caractéristique susceptible d’amplifier la confusion des rôles.
Quant au directeur général, responsable de l’ensemble des missions et des activités de l’hôpital devant le Conseil d’administration, il souffre d’une grande solitude. Le directeur médical serait, pour sa part, dans une situation où il lui est impossible d’effectuer toutes les tâches qui lui reviennent. Tout cela entraîne un manque de vision, accompagné d’un défaut d’anticipation «qui a marqué les quatre premières années de fonctionnement du réseau fribourgeois de gynécologie obstétrique», avance l’audit.
Le rapport juge également que le retard pris dans la mise en place d’un véritable département de gynécologie obstétrique, commun aux sites de Riaz et Fribourg, a joué un rôle dans cette crise. Là encore, les experts remettent en cause le Conseil d’Etat, le Conseil d’administration de l’HFR et la direction générale. Ces trois échelons porteraient également une lourde responsabilité dans la gestion peu efficace de la crise.
Le rapport relève finalement une influence extérieure: dans certaines spécialités, il est difficile de recruter des cadres médicaux en Suisse. C’est notamment le cas de la gynécologie obstétrique. L’HFR aurait été prétérité par sa réputation, ses salaires de base, sa localisation, la fréquence de ses gardes, le type de ses activités et sa patientèle.
Parmi les recommandations, les experts prônent, sans surprise, de revoir la gouvernance générale de l’HFR, ainsi que la mission du Conseil d’administration et de la direction générale. Améliorer le fonctionnement en réseau est un autre enseignement tiré de cette crise.
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