Neuf décisions pour un nouvel HFR

| mer, 29. mai. 2013
Anne-Claude Demierre et Philippe Menoud ont présenté leur plan d'actions. (photo Claude Haymoz)
Le projet de développement stratégique de l’HFR 2013-2022 est connu: prévue lundi 3 juin, une conférence de presse a été convoquée dans l’urgence mardi 28 mai en fin d’après-midi pour en préciser les contours, les informations commençant à circuler.

PAR JEAN GODEL

Quatre variantes ont été analysées, du statu quo actuel à la concentration des soins aigus sur un seul site. Le contexte est connu: nouveau système de financement hospitalier par forfait (DRG), difficulté à recruter des médecins et du personnel soignant, évolution rapide de la politique de santé et des standards médicaux, enfin concentration de la médecine hautement spécialisée. Dans ce maelström, il faut encore tenir compte des besoins des patients… Une telle «vague de fond interdit de rester les bras ballants», cinglent les responsables. La recette, a expliqué Philippe Menoud, président du Conseil d’administration de l’HFR, est à chercher dans la mise en réseau et la complémentarité des différents sites de l’HFR ainsi que dans la répartition opportune de leurs missions: «La proximité d’un hôpital n’en assure pas encore la qualité.»

Ainsi, la solution retenue dessine les contours d’un système avec, à Fribourg, un hôpital de soins aigus (pour des patients en phase aigüe de la maladie ou nécessitant des traitements importants et continus) et une couronne d’hôpitaux de médecine aigüe de proximité (ci-dessous, point 4) et de réadaptation. D’un commun accord, le Conseil d’administration et le Conseil d’Etat ont ainsi pris neuf décisions stratégiques.

  1. Les activités chirurgicales verront concentrés à Fribourg les soins interventionnels aigus et/ou nécessitant une hospitalisation. Le site de Riaz devient un centre de compétences en chirurgie ambulatoire (lire article annexe), fermé la nuit et le week-end. Quant au site de Tavel, son bloc opératoire sera progressivement fermé, d’ici à dix ans. A Fribourg, les besoins seront mieux comblés: spécialistes en suffisance, volume et complexité des cas permettant la formation des médecins, plateau médicotechnique de pointe optimisé, gardes et piquets concentrés avec bloc opératoire disponible 24 heures sur 24.

  2. A Fribourg, un nouvel hôpital de 400 à 450 lits est construit sur le site de Bertigny, à l’emplacement des jardins familiaux voisins de l’HFR-Hôpital cantonal: une parcelle de 30000 mètres carrés y est réservée par convention depuis 1972. La mode n’étant plus aux tours hospitalières, il s’agira de plusieurs petits bâtiments modulaires, simples et de quelques étages. Une route d’accès sera construite depuis la semi-autoroute. Les bâtiments actuels seront conservés. Les travaux urgents pourront débuter dès 2014 (parking souterrain, agrandissement des urgences etc.). Coût: 524 millions de francs (marge de plus ou moins 30%).

  3. La maternité de Riaz est fermée au 31 décembre 2013 (lire l’article annexe).

  4. Riaz, Tavel et Meyriez deviennent des sites de médecine aigüe de proximité. Leurs activités: des traitements (soins et suivi médical) de médecine interne générale qui ne peuvent pas être faits à domicile, des soins ambulatoires et/ou nécessitant un hospitalisation de courte durée dans une structure légère (pas de plateau médicotechnique lourd). Cela répond aux exigences liées au vieillissement de la population et à l’augmentation du nombre de maladies chroniques. Par ailleurs, le raccourcissement des durées de séjour à l’œuvre dans les sites de soins aigus rend nécessaire des transferts plus rapides vers de tels hôpitaux de suite de soins et de réadaptation. A noter que les consultations, examens et analyses ambulatoires sont maintenus sur ces sites.

  5. La réadaptation cardio-vasculaire du site de Billens est transférée progressivement à Fribourg afin d’assurer la sécurité de la prise en charge. Les réadaptations générale et pulmonaire demeurent et y sont développées (nombre de lits inchangé à 47). L’ouverture de consultations ambulatoire est encore à l’étude, à l’image de ce qui se prépare à Châtel-Saint-Denis. A Meyriez, la réadaptation générale et la neuro-réadapatation sont maintenues.

  6. Un concept de soins palliatifs est mis en œuvre avec le transfert déjà annoncé des douze lits de Châtel-Saint-Denis à la villa Saint-François, à Villars-sur-Glâne.

  7. Des permanences sont créées sur les sites de Fribourg, Riaz et Tavel, à l’image de ce qui se fait déjà à Meyriez. Ouverts de 7 h à 22 h environ, ces services complètent les urgences et les déchargent des patients qui ne nécessitent pas d’infrastructures lourdes. La médecine de premier recours s’en trouve renforcée. Les médecins installés peuvent participer à ces permanences. A Riaz et Tavel, les urgences vitales sont stabilisées puis transférées vers le site de soins aigus (Fribourg). Situées à proximité des urgences, les permanences de Riaz et Tavel disposent d’un petit plateau médicotechnique.

  8. Au chapitre des coûts, au terme des dix ans de la période transitoire, la solution retenue dégagerait un résultat d’exploitation positif de l’ordre de 35 millions de francs – avec un tarif de base à 10’150 francs. Ce résultat permet les gros investissements prévus (524 mio pour le site de Fribourg auxquels s’ajoutent 30 mio pour les autres sites). En maintenant un statu quo à l’efficience améliorée, les projections montrent un déficit de 33 mio dans dix ans, malgré des investissement bien moindres. Philippe Menoud insiste sur la nécessité de réduire les coûts: «Si on laisse les choses aller, on se retrouvera avec un déficit cumulé de 450 millions de francs dans dix ans. Or, selon la loi, nous n'avons droit qu'à un dépassement de 3%, soit 12 millions environ.»

  9. Une attention particulière est porté au bilinguisme de l’HFR. Le rôle de site aigu de référence de Fribourg implique un renforcement de la prise en charge dans les deux langues, promet le projet.

Philippe Menoud l’a dit: ce processus demandera «une certaine dose de souplesse, d’incertitude et de mobilité pour s’adapter à l’évolution stupéfiante de la médecine». Quant à la conseillère d’Etat Anne-Claude Demierre, en charge de la santé, elle justifie les décisions douloureuses annoncées par la prise en compte d’une nouvelle réalité: «La situation idéale, avec plusieurs maternités et sites de soins aigus avec de la chirurgie n’est tout simplement plus envisageable.» Des alternatives ont été cherchées, «mais elles n’existent pas.»

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