«Trouver ce qui réunit la droite plutôt que ce qui la sépare»

| sam, 22. juin. 2013
Le PDC a désigné Jean-Pierre Siggen après un seul tour de scrutin. Le directeur de l’Union patronale se dit au centre de la droite. Il est favorable à un rapprochement de la droite.

PAR JEROME GACHET

Ce matin, vous vous êtes réveillé dans la peau du candidat du PDC. Qu’avez-vous ressenti: de la joie, de la peur, de l’excitation?
Jean-Pierre Siggen. D’abord, l’immense satisfaction que la désignation se soit faite dans le respect de la démocratie, avec une concurrence entre candidats et, au final, un soutien suffisamment clair pour éviter les chamailleries entre nous. La joie, ensuite, de pouvoir faire campagne.

La pression est grande sur vos épaules: si vous perdez, le Gouvernement peut basculer à gauche…
C’est vrai que nous sommes à mi-législature, que le troisième siège du PDC est contesté et que le rapport de force peut changer au Conseil d’Etat. C’est l’élection de tous les dangers pour les uns et de tous les espoirs pour les autres. Maintenant, je ne vais pas me lancer dans cette campagne avec la peur de commettre un impair, de ne pas dire exactement ce qu’il faut à chaque moment. Si on ne supporte pas cette tension, il ne faut pas faire de politique.

Pouvez-vous décrire votre ligne politique?
Elle est fondée sur les valeurs chrétiennes. D’un côté, il y a la liberté de la personne et de l’autre la solidarité. Cela forme un tout. Le PDC a largement contribué à la construction du canton en conciliant cette nécessaire liberté et le respect des personnes et des travailleurs. Comme directeur de l’Union patronale du canton de Fribourg, je vis cela au quotidien en ce qui concerne, par exemple, le partenariat social. Sur le terrain, les solutions toutes faites n’existent pas. Il faut les créer, les élaborer ensemble.

Autour de quels thèmes allez-vous axer votre campagne?
Je vais défendre cette ligne. Concernant l’économie, par exemple, nous retrouverons cette dualité. D’un côté, il faut être attractif fiscalement pour attirer les entreprises. De l’autre, la baisse des revenus fiscaux met le canton en difficulté. En plus de cela, nous risquons de perdre des dizaines de millions avec la péréquation financière. Nous sommes donc fragiles. Le canton a d’autres atouts à faire valoir, comme des terrains disponibles, des gens très bien formés ou de belles écoles.

Comme directeur de l’Union patronale du canton de Fribourg, vous êtes du côté des entreprises.
J’ai mon histoire et je ne suis pas un homme qui n’a jamais pris de décisions. J’ai toujours été actif dans le domaine des PME, pas dans celui des grandes entreprises. Je vois des patrons qui doivent parfois se serrer la ceinture, trouver du boulot pour faire tourner leur boîte, des patrons qui traitent leurs employés du mieux qu’ils peuvent.

On peut dire que vous êtes à l’aile droite du PDC…
Je ne suis pas au centre de l’échiquier. Je suis au centre de la droite, la droite économique.

La présidence du PDC planche sur une convention avec le PLR et l’UDC pour 2013 et 2016 (La Gruyère du 13 juin). Votre avis?
La gauche est unie lors des élections, moins durant les législatures. A droite, c’est l’inverse. L’idée est donc de trouver de ce qui nous réunit plutôt que ce qui nous sépare. C’est le travail de la présidence et du comité directeur de trouver la formule. Comme candidat, je n’y suis pas associé. Je suivrai la stratégie du parti, mais n’aurai aucun problème à être candidat avec le soutien des autres.

L’UDC ne défend pas toujours les valeurs chrétiennes du PDC…
Je ne peux pas être d’accord avec certaines de leurs positions. Mais il y a aussi une question de tactique politique. La gauche s’unit malgré ces dissensions et cela ne pose de problème à personne. Or, quand il s’agit de la droite, c’est tabou. Il y a un terrain sur lequel on peut avancer et cela, sans tout partager.

Votre principale qualité?
La vue d’ensemble.

Votre principal défaut?
Je suis quelqu’un de bienveillant, parfois trop.

Et quand on vous dit que vous manquez de charisme...
Je ne suis pas un bling bling, mais quelqu’un de plutôt discret. Je pense avoir tout avantage à me faire connaître.

En 2006, vous étiez déjà candidat au Conseil d’Etat, mais vous aviez échoué. Quels enseignements en avez-vous tirés?
En 2006, j’ai pu voir à l’œuvre une bête politique comme Georges Godel, quelqu’un qui allait à la rencontre des gens. J’ai corrigé cela de mon côté. Depuis que je suis député au Grand Conseil, en 2006, je vais plus au contact de la population car je la représente. Et lors de cette campagne, je vais encore élargir ce cercle.

 

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Pour ou contre…  
… la fermeture de la maternité de Riaz?
Pour, car c’est inéluctable. Le but de la concentration n’est pas d’économiser de l’argent, mais d’améliorer la qualité des soins. Des études montrent que plus on disperse les sites, plus le risque de problème sanitaire augmente.


… la sortie du nucléaire en 2034?
Contre, tant que nous n’avons pas la capacité de nous en passer. Or, nous n’y sommes pas encore arrivés.


… les mesures d’économie souhaitées par l’Etat?
Pas telles qu’elles sont proposées. Un des points que je conteste est la diminution de 0,9% des salaires des employés de l’Etat. S’il faut freiner les salaires, il y a moyen de ne pas les adapter au renchérissement durant une certaine période. En revanche, on ne peut pas, de mon point de vue, retirer ce qu’on a donné. Le Conseil d’Etat exagère sur ce point et j’espère qu’il reverra sa copie. Je suis aussi déçu de la suppression de certains soutiens dans le domaine de la formation, car cela est contraire à ce que nous faisons depuis plusieurs années.


… le concept cantonal de pédagogie spécialisée?
Ce dossier est complexe et j’attends la synthèse de la consultation. J’imagine une refonte importante du projet. D’une manière générale, je pense que la mission première de l’école n’est pas d’intégrer, mais d’apprendre. Pour être au conseil d’administration de Seedorf, je vois que des jeunes peuvent être remis dans le circuit et d’autres pas.


… la Lex USA?
Pour. Ce n’est qu’un sentiment, mais si j’avais dû voter, je l’aurais probablement acceptée. Avec les Etats-Unis, il faut être pragmatique et discuter. Je crains que la Suisse se retrouve désormais face à une chaise vide. JG

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