PAR ANGELIQUE RIME
Tranquillement couché au pied de son maître, Elix gratifie l’assistance de quelques bâillements. A observer l’attitude de ce berger de la Maremme et des Abruzzes, on croirait plutôt voir un animal de compagnie qu’un chien de protection de troupeaux. Mais attention au contraste. «Lorsqu’il est dans son troupeau, il le garde», avertit François Meyer, collaborateur scientifique au sein de l’association Chiens de protection des troupeaux Suisse.
L’année dernière, quatre ou cinq incidents – dont deux avec morsure – impliquant des promeneurs ont eu lieu sur l’alpage gardé de Tsermon, situé sur la commune de Grandvillard.
«Les randonneurs doivent impérativement adapter leur comportement s’ils rencontrent ces chiens. Des panneaux expliquent les règles à suivre: rester calme, contourner le troupeau, descendre de son vélo et tenir son chien en laisse. Si la personne a un comportement explosif, l’interaction peut mal tourner», a relevé François Meyer lors d’une conférence de presse organisée hier à Grandvillard, en collaboration avec le Parc naturel Gruyère Pays-d’Enhaut (PNR).
Ueli Pfister, éleveur et consultant pour les chiens de protection, reconnaît que «il n’est pas toujours facile de rester calme face à ces chiens au gabarit impressionnant, mais ils ne sont pas dangereux. En cas de morsure, il n’y en a qu’une seule. Il ne s’agit pas d’acharnement».
Eduquer un chien parfait
De son côté, l’association a également mis en place des mesures pour éviter au maximum les accidents. «Chaque éleveur doit éduquer son chien pour qu’il devienne “parfait”. C’est-à-dire qu’une relation de confiance doit être établie avec l’éleveur et le troupeau. Mais aussi que le chien soit habitué au contact des étrangers et à l’environnement général», décrit François Meyer.
En outre, les détenteurs d’un chien de protection doivent suivre une formation théorique et pratique. Un guide distribué aux détenteurs d’alpage les aide aussi à rendre plus sûre l’utilisation des sentiers officiels. «Ceux qui décident de couper à travers le pâturage, au milieu du troupeau, afin de gravir un sommet dans les temps doivent prendre leurs responsabilités», ajoute Patrick Rudaz, coordinateur du PNR.
Enfin, des cartes interactives qui recensent les alpages gardés par des chiens de protection sont mises à disposition des promeneurs sur le site internet de l’association. «Deux sur sept se situent en Gruyère. L’alpage de Tsermon et un autre situé sur la commune de Charmey, dans la vallée du Breccaschlund», indique Ueli Pfister.
Une louve dans le canton
Une répartition géographique à mettre en lien avec la présence du loup. «C’est le prédateur qui pose le plus de problèmes aux éleveurs de petit bétail», précise François Meyer. Depuis 2009, une louve baptisée F5, se trouve dans le canton de Fribourg. Aujourd’hui, elle se tient dans la région du Lac-Noir et du Gantrisch. Un autre individu, qui a vécu notamment dans la région de Grandvillard, a été abattu en 2010.»
Si les éleveurs décident de recourir à des chiens de protection, il en va de la survie de leurs troupeaux. «Dans la région du Breccaschlund, environ quarante bêtes sont tuées chaque année. Les chiens de protection sont la méthode la plus efficace et la plus répandue», indique Ueli Pfister.
Un enjeu que le PNR a bien compris. «La montagne est certes un lieu de loisirs, mais elle reste avant tout le lieu de travail des agriculteurs», a déclaré Patrick Rudaz.
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