PAR ANGELIQUE RIME
«Cravates interdites.» Plaquée contre le mur à l’entrée des locaux de QoQa.ch, la pancarte donne le ton. Ici, la recette du succès, c’est le «fun». Créée en 2005 par Pascal Meyer, l’entreprise emploie aujourd’hui 30 personnes et génère un chiffre d’affaires de 25 millions. Rencontre avec le patron, ou plutôt le «loutre in chief», qui donne cet après-midi une conférence dans le cadre de la Rencontre économique de printemps, organisée par la Région Glâne-Veveyse, au Bicubic, à Romont.
Le concept de QoQa.ch consiste à vendre chaque jour un produit à prix cassé, qu’est-ce qui vous différencie des autres sites de vente en ligne tels que Deindeal ou Groupon?
Je vais me fâcher si vous tentez la comparaison. Leur seul but est de gagner de l’argent. Chez QoQa.ch, notre unique obligation revient à couvrir nos frais. De plus, ils ont beaucoup de problèmes avec le service après-vente. Le client a peut-être bénéficié d’un bon prix, mais après, ça ne suit pas.
Autre différence, nous ne vendons qu’un type de produits par jour alors que chez Deindeal ou Groupon, vous trouvez un bon pour un soin de beauté à côté d’une réduction pour une pizza.
Mais vous gagnez tout de même de l’argent...
Oui, on en gagne. En 2012, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 25 millions. Mais cela n’a jamais été mon focus, ces montants me font plutôt peur! Du reste, on pourrait gagner deux fois plus si on vendait davantage de produits, mais ce n’est pas notre philosophie.
Justement, quelle est-elle?
Plus que le fait de vendre à prix cassé, nous voulons partager un bon plan, que nous avons nous-mêmes sélectionné, avec la communauté des qoqasiens. Nous avons mis en place un forum. Les gens peuvent s’exprimer et donner leur avis sur les produits. Un blog qui montre ce qui se passe dans l’arrière-boutique de QoQa.ch est également en ligne. L’authenticité et la transparence sont des valeurs incontournables de l’entreprise. Et parfois, elles choquent un peu les gens.
Vous misez également beaucoup sur le fun...
C’est même notre valeur de base et on essaie de la stimuler. Sur ma carte de visite, je me présente d’ailleurs comme loutre in chief. Nous faisons aussi de nombreuses animations sur les réseaux sociaux. Des trucs délirants qui touchent autant un maçon, un directeur d’entreprise qu’un étudiant.
Est-ce que cette «légèreté» vous décrédibilise parfois?
Non, je ne pense pas. Ceux qui n’adhèrent pas à nos pratiques ne sont pas obligés de faire partie de la communauté des qoqasiens, aujourd’hui composée d’environ 200000 personnes. Souvent, les gens me disent «oui mais comment vous faites au niveau économique»? Je leur réponds qu’en mettant en avant le fun, le reste vient automatiquement. J’ai tout de même un collègue qui est beaucoup plus rigoureux au niveau des chiffres et régule un peu l’électron libre que je suis.
Comment faites-vous pour fixer vos prix?
On regarde celui qui est en vigueur sur le marché et on demande aux marques d’être en dessous. C’est la condition si elles veulent vendre un produit sur QoQa.ch. Mais l’offre ne tient que durant vingt-quatre heures, donc elles ne prennent pas de risque.
Nos locaux se situent tout près de l’EPFL et nous lançons donc aussi des produits développés par des start-up. Nous cherchons également des nouveautés, par exemple le prochain modèle de console à sortir.
Au lancement de la société, vous misiez surtout sur ce dernier point?
Effectivement, le but était de proposer des choses inédites afin de créer le buzz et de nous faire connaître. Ce n’était toutefois pas évident de convaincre des partenaires, mais petit à petit, j’ai pu tisser un réseau. Les marques sont parfois des dinosaures, il faut leur expliquer que la façon de consommer et de réfléchir a changé.
En 2005, le marché suisse était-il assez ouvert pour accepter votre entreprise?
Peut-être pas encore assez. C’est pour ça que, au début, la majorité des membres étaient des geeks, car ce type de population utilisait déjà l’outil internet. J’en étais moi-même un, et les produits que je vendais étaient le reflet de ce que j’aimais. C’est d’ailleurs toujours le cas. J’aime bien déguster de bons vins, Qwine est apparu. Je fais également du sport, Qsport a été lancé.
En proposant plusieurs types de produits, j’avais un peu peur de trahir le concept de base, de le diluer. Mais en fait, ça marche bien. Nous avons de nombreuses demandes pour développer un segment spécial bébé, ou encore cuisine, mais je ne voudrais pas trop me perdre et garder quelque chose d’épurer.
Pourquoi avoir choisi le nom QoQa.ch, cela ne porte-t-il pas à confusion?
La création de l’entreprise est partie d’un gag avec mon professeur de marketing. Je lui ai dit que j’allais être arrogant et apprendre aux gens comment écrire coca. Je possède toutes les extensions possibles liées à ces deux syllabes. Si quelqu’un tape le mot orthographié comme la célèbre boisson ou même autrement, il retombe inévitablement sur QoQa.ch. De plus, tout le monde retient ce terme de quatre lettres.
Commentaires
Anonymous (non vérifié)
ven, 28 juin. 2013
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