par Sophie Murith

Des cris s’échappent d’un bus scolaire entré en collision avec un train. Le bruit des blessés frappant aux vitres fait froid dans le dos, même sachant que tout cela n’est qu’une mascarade permettant à la police cantonale, aux pompiers et aux services sanitaires de tester, grandeur nature, la mise en place d’un plan orange. Celui-ci n’intervient qu’en cas de catastrophe ou d’accident majeur. Le dernier en date: l’explosion des caves de La Tzintre, à Charmey.

Une voie désaffectée de la gare de Châtel-Saint-Denis a donc été la scène d’un imposant dispositif. Plus de cent intervenants – ils auraient été au moins deux cents dans la réalité – se sont relayés depuis 10 h 11 auprès des blessés fictifs. Des élèves du CO, du Glion Institute – qui ne parlent pas forcément le français – ainsi que des acteurs du Conservatoire, ont donné du fil à retordre aux intervenants.

Pas une démonstration
Grimés, avec une vis sortant parfois de la cuisse, jouant à merveille les désordres psychologiques provoqués par les accidents, pastichant badauds ou parents angoissés, les figurants ont ajouté une touche de réalisme à l’exercice. «C’est forcément un peu faussé, reconnaît l’adjudant-chef de la police cantonale Jean-Marc Andrey. De plus, nous ne pouvons pas mobiliser tous les moyens possibles. Les affaires courantes doivent être assurées.»

La régie, une entité créée pour la durée de l’exercice, joue le rôle du centre d’alarme et d’engagement (CEA). Cela a créé quelques flottements au moment d’alarmer les intervenants, qui ne se produiraient pas en cas réel, assure Philippe Knechtle, chef de la protection de la population et directeur de l’exercice qu’il a préparé depuis huit mois. «Nous devons simuler des postes, mais ce n’est pas une démonstration.»
Les pompiers du Centre de renfort de la Veveyse, appuyés par ceux de la Gruyère, ont extrait les blessés, calmement, par les fenêtres du bus, après les avoir désincarcérés, pour les moins chanceux. Identifiés par un numéro et triés en fonction de la gravité de leurs blessures par les ambulanciers, ils sont ensuite acheminés vers un poste médical avancé dans un hangar TPF, avant d’être, fictivement, évacués vers des hôpitaux. Le service de soutien psychologique est aussi sur le pied de guerre.

L’important: informer
«La première phase est toujours chaotique, note le major Philippe Allain, chef de la gendarmerie. Il faut en réduire la durée au maximum.» Tous donnent en exemple la gestion de l’accident de car, à Sierre, point de départ du scénario du jour. «L’important est d’informer les parents des blessés sur l’état des enfants», relève l’adjudant-chef Andrey. Une hotline peut être mise en place dans ce genre de situation.
Plus loin, derrière la crémerie, le village du poste commandement engagement s’installe. Les véhicules des cadres de tous les services présents s’y regroupent, dont le flambant neuf Fuso (lire ci-contre), inauguré le jour même.

A deux pas, un premier rapport général se tient à 11 h 45 avec tous les cadres. Le commissaire divisionnaire Florian Walser, chef d’engagement, coordonne et organise la suite des missions. Il ne faut rien oublier et surtout pas la subsistance, fournie pas la Protection civile. L’exercice durera jusqu’à 15 h 30.

Tester et corriger
Les responsables ont tiré un premier bilan positif de l’exercice, dont les buts étaient de tester la gestion de la place sinistrée, du flux d’informations, ainsi que la répartition des tâches entre le canton et les TPF.
«On ne peut pas se préparer à tout», avait reconnu, en début de matinée, devant un parterre d’invités, Philippe Knechtle. «On peut être surpris, mais pas pris au dépourvu.» Dans cet esprit, un débriefing est organisé au sein de chaque service pour constater les problèmes survenus sur le terrain et les corriger.