Christina Liebherr prépare son escouade

| jeu, 12. déc. 2013
Christina Liebherr participe dès aujourd’hui au prestigieux CHI de Genève. Après un automne difficile, la Bulloise vise deux tops 8 en Grand Prix. Pour aller à Rio en 2016, elle effectue un travail d’orfèvre avec de jeunes chevaux.

PAR KARINE ALLEMANN

Christina Liebherr prépare son nouveau crack Eagle Eye pour une petite sortie autour du manège de la Baumetta. Avec gentillesse, la cavalière bulloise a accepté d’équiper son superbe hongre et de le monter pour une séance photo. L’opération prendra une bonne trentaine de minutes. En plus d’un long entretien. L’agenda de la jeune femme est serré, en cette semaine de CHI de Genève. Mais, quand il s’agit de mettre en avant ses chevaux ou de parler de son travail avec eux, la médaillée de bronze par équipes aux JO de Pékin 2008 est intarissable. «Vous avez vu sa petite dystrophie musculaire à la base du cou? La légende dit que c’est le Bon Dieu qui met un “stempfel” sur les meilleurs chevaux. No Mercy a la même.» Dans un box juste à côté, No Mercy, hongre avec lequel Christina Liebherr a remporté ses plus beaux succès avant sa blessure en 2009, ne semble pas s’offusquer de l’animation particulière qui règne autour des nouveaux “coéquipiers” de sa propriétaire.
Après une superbe première moitié d’année 2013, la Bulloise de 34 ans a connu des soucis cet automne. Mais, c’est en grande forme, et ses chevaux aussi, qu’elle s’apprête à entamer le concours genevois. Avant cela, elle évoque les jeunes cracks qui composent sa nouvelle équipe, ses objectifs à Genève et son ambition de disputer les Jeux de Rio en 2016.

Après une prestigieuse victoire en Belgique, en juillet, vous avez été plus discrète cet automne. Pourquoi?
J’ai connu toute une période de malchance avec mes chevaux, et avec moi. Pendant deux semaines, je n’osais plus entrer à l’écurie, car chaque matin il y avait un nouveau cheval avec une jambe énorme ou un autre souci. On s’est même demandé s’il y avait un problème avec le foin qu’on utilisait, ou alors un virus qui traînait. Mais ils avaient tous quelque chose de différent. C’était juste de la malchance. Ensuite, j’ai dû me faire opérer des ligaments du pouce gauche, ce qui m’a contrainte à une pause de deux semaines.

Les résultats ont été meilleurs en début d’année...
Oui. Avec Eagle Eye, nous nous sommes classés 12es d’un Grand Prix cinq étoiles à Rome. Il s’agissait de son premier concours à ce niveau. Il a aussi réussi un sans-faute à un Grand Prix des Nations. Avec Con Grazia, nous avons gagné le Championnat de Brême. Et puis, il y a Callas Sitte, qui réalise sa meilleure saison à 13 ans. Nous avons remporté le CSIO quatre étoiles de Mons, cet été en Belgique. Malheureusement, elle s’est blessée et n’est pas encore remise pour Genève. Je vais donc y aller avec Carwyn, Eagle Eye, qui sera mon numéro un, et Con Grazia.

En août, vous avez été élue présidente de l’International jumping riders club (IJRC). En quoi consiste cette organisation?
Cette association représente les cavaliers auprès de la Fédération équestre internationale. Les fédérations sont parfois éloignées du terrain, nous sommes là pour discuter avec les dirigeants. Par exemple, nous avons milité pour que les prix ne soient pas augmentés pour les concours de jeunes chevaux, car cela aurait empêché plusieurs cavaliers d’y participer. Nous nous occupons également du ranking des cavaliers, et de choisir quelles épreuves comptent pour le ranking. C’est très intéressant de découvrir les coulisses de notre sport. J’y côtoie notamment Steve Guerdat (n.d.l.r.: champion olympique suisse) et Ludger Beerbaum (n.d.l.r.: ancien champion olympique allemand).

Quels sont vos objectifs à Genève?
En tant que réserviste aux Européens, cet été, je suis déjà qualifiée pour le Grand Prix de dimanche. Je vise une place dans les huit premiers dans les deux Grands Prix. C’est un objectif élevé, car cela fait un moment que je n’ai plus participé à un concours aussi relevé. Mais je me sens prête.

Et à moyen terme?
Les championnats du monde en Normandie, en été 2014, puis les Européens 2015 et les jeux Olympiques 2016.

Que devrez-vous faire jusqu’en 2016 pour vous qualifier pour les JO de Rio?
Garder les chevaux en bonne santé. Acteur a les capacités pour atteindre à ce niveau. Si on arrive à ne former qu’un, tous les deux, il ne devrait pas y avoir de problème. Mais, la Suisse compte beaucoup de bons cavaliers. Il faudra être parmi les cinq meilleurs.

Vous entraînez-vous seule?
Oui. Je travaille beaucoup avec la vidéo, et je relis mes notes prises lors de mon stage chez Ludger Beerbaum. Ça m’aide beaucoup, car j’ai tendance à être trop vite satisfaite. Mais je connais bien mes chevaux et je n’ai pas peur d’essayer de nouvelles choses. Par exemple, j’ai bricolé un mors pour Eagle Eye, car il est très sensible de la bouche. J’ai donc des rênes qui vont directement dans sa bou­che, pour tourner, et d’autres dans son nez, pour freiner. C’est assez compliqué, surtout quand il faut aller vite en barrage. Cela veut dire que, pour l’instant, ce n’est pas encore l’entente parfaite entre lui et moi. Mais on avance.

C’est un travail très minutieux.
Oui. Mais les chevaux sont des animaux très ouverts. Ils ont envie de bouger, d’apprendre, et ils aiment le travail varié. Ils ont aussi des états d’âme et des jours sans, comme nous. Ma méthode de travail est que le cheval sache parfois de lui-même ce qu’il faut faire. Pour garder sa motivation, il ne faut pas le canaliser tout le temps. Surtout quand il faut aller vite. Je peux prendre davantage de risques si le cheval est avec moi.

On vous sent très motivée.
Je suis prête. Les bottes sont nettoyées pour Genève, elles brillent! C’est un concours magnifique. C’est même ce qui se fait de mieux au monde en indoor.

 

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Victoria Rouvière dans l'arène

Une autre cavalière gruérienne, Victoria Rouvière (14 ans), de Cerniat, montera également dans l’arène de Palexpo, qui attend 10000 spectateurs. Samedi, en selle de Rohirimm Paija, la championne de Suisse poneys participera à l’épreuve relais cheval-poney. Une compétition où les 12 espoirs suisses du saut d’obstacles feront équipe avec les 12 meilleurs cavaliers mondiaux. KA

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