PAR KARINE ALLEMANN

Christina Liebherr et Victoria Rouvière, les deux Gruériennes engagées au Concours hippique international de Genève, ont bien sauté dans le grand bain de Palexpo. La première contre sa volonté – elle a chuté dans le lac artificiel dans l’épreuve de la chasse – la deuxième en réussissant une jolie performance pour sa première participation à seulement 14 ans.
C’est peu dire que Christina Liebherr a amusé les 10000 spectateurs de Palexpo, samedi soir. Dans l’épreuve de la chas­se, sa jument Con Grazia a bloqué peu avant la rivière, ce qui a projeté la cavalière dans l’eau. La Bulloise s’est relevée avant d’exécuter un petit pas de danse qui a provoqué les applaudissements du public (les images sont déjà sur youtube). «Du moment que tu as l’air bête, autant en rigoler» se marre Christina Liebherr.

Des bottes à fœhner
Qui, dans notre édition de jeudi, expliquait que la jument qu’elle surnomme Miss Suisse n’apprécie pas du tout de mettre les pieds dans l’eau. Con Grazia n’a donc pas fait mentir sa propriétaire… «On l’avait bien entraînée mercredi. J’étais super fière d’elle, car ça s’était bien passé. Mais, si Con Grazia est bien entrée dans l’eau, elle a trébuché dans le sable et a freiné brusquement. Et j’ai pris un bain forcé. Du coup, j’ai dû fœhner mes bottes toute la nuit!» La cavalière n’en a-t-elle donc pas plusieurs paires à disposition? «Si, mais c’était les plus belles. Et je voulais porter les plus jolies pour Genève…»
Tout cela n’a pas empêché la Bulloise de poursuivre la compétition avec, le lendemain, un sans-faute, puis une 7e place au barrage en selle d’Eagle Eye dans le Grand Prix de l’Hebdo, une épreuve de 1,40 m.
Entente pas encore parfaite avec la capricieuse Con Grazia, elle s’est aussi classée 12e d’une épreuve de 1,45 m. Et, avec son spécialiste des six barres Carwyn, la Bulloise a décroché la 2e place  le jeudi, puis le 29e rang dans une épreuve de combinaisons, qualificative pour le Grand Prix du dimanche. «Nous avons manqué le barrage pour deux millimètres. Carwyn a vraiment super bien sauté. Mais nous avons eu de la malchance sur un triple barre et ces quatre points nous ont privé du barrage. Et de la qualification pour le Grand Prix.»
Reste que, globalement, Christina Liebherr est plutôt contente de ses résultats à Genève. «Je n’ai pas réussi à atteindre mes objectifs (n.d.l.r.: finir dans les huit premiers du Grand Prix). Je savais qu’ils étaient très élevés. Mais, tous mes chevaux se sont classés et, parfois, ça s’est vraiment joué à rien. Les chevaux étaient bien préparés. Pour Eagle Eye, âgé de seulement 9 ans, il s’agissait de sa première participation à Genève, où il y a beaucoup d’éléments sur la piste et des énormes tribunes. On s’était bien entraînés à la maison en sautant par-dessus des obstacles qu’il n’a pas l’habitude de voir. Du coup, il ne s’est pas laissé impressionner. Alors qu’on a vu d’autres jeunes chevaux refuser d’entrer sur la piste.»
La Gruérienne est spécialement contente de son étalon, qu’elle ne monte que depuis une année. «Notre entente n’est pas encore parfaite, je le sens. Et cela s’est payé sur les épreuves techniques. Reste qu’Eagle Eye a prouvé cette semaine qu’il était bien un cheval d’avenir. Il manque un peu de routine et je dois parfois le freiner, car il veut toujours y aller. Mais il a beaucoup de courage.»

Steve Guerdat impérial
La star de la compétition genevoise a été Steve Guerdat, champion olympique en titre et vainqueur du Grand Prix dimanche. Comment Christina Liebherr a-t-elle trouvé son coéquipier en équipe nationale? «Il a très bien su gérer son cheval (n.d.l.r. Nino des Buissonnets, avec lequel le Jurassien s’est imposé à Londres). Il ne l’a monté que sur une petite épreuve. Du coup, Nino était vraiment d’attaque pour le Grand Prix et il a magnifiquement sauté. En tant que champion olympique, Steve avait beaucoup de pression. Et surtout une énorme envie de gagner à Genève. Dans le barrage, il a effectué une foulée de plus sur une ligne, ce qui convenait mieux à son cheval. Puis il a rattrapé le temps sur un autre obstacle. Nino est d’une grande agilité et d’une grande rapidité.»
Si le Jurassien devrait participer à la fin de la semaine au prestigieux concours cinq étoiles de La Corogne, en Espagne, Christina Liebherr effectuera sa rentrée 2014 en janvier, à Bâle et à Zurich. Où la cavalière espère bien confirmer ses bons sentiments perçus sur la piste de Palexpo.

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Victoria Rouvière maîtrise ses nerfs et son cheval
La jeune fille aurait pu se laisser impressionner. Monter sur la piste de Palexpo, devant 10000 spectateurs, avec pour coéquipier le champion de Suisse élites Beat Mändli. Mais Victoria Rouvière a des nerfs. A 14 ans, en selle de son poney Rohirimm Palija, la cavalière de Cerniat s’est classée 9e du concours Relais cheval-poney qui associait les douze meilleurs cavaliers présents à Genève aux douze espoirs helvètes du saut d’obstacles. Championne de Suisse poneys, Victoria Rouvière était forcément de la partie.
«C’était beaucoup d’émotion et de plaisir, raconte la jeune fille. En fait, c’était la réalisation d’un rêve. L’année dernière, je travaillais aux écuries comme bénévole. Jamais je n’aurais pensé pouvoir participer douze mois plus tard. C’était vraiment cool.» La Gruérienne a apprécié comme il se doit l’honneur qui lui était fait. Après un tour de chauffe, la jeune fille et son poney ont fait tomber une seule barre. «J’ai sauté sur un obstacle et il y a eu vraiment beaucoup de flashes. Nous avons commis une faute sur l’oxer juste après.»
Pour Rohirimm Palija aussi, tout était nouveau à Genève. «Il était très impressionné et il avait un peu peur des flashes des appareils photo.»
Et comment s’est passée la collaboration avec Beat Mändli? «Il ne parle pas français, alors nous avons peu communiqué. C’était surtout des regards pendant la compétition. Et puis, il est champion de Suisse aussi. Il m’a fait une accolade juste avant d’entrer en piste. Sur le parcours, pour rattraper ma faute, il aurait dû aller plus vite. Mais il a choisi d’assurer le sans-faute. Avec un meilleur chrono, nous aurions terminé 5es. Mais, de toute façon, c’était une expérience incroyable pour moi.»

Championnats d’Europe en août
Quelle est la suite pour la cavalière, qui s’entraîne depuis deux ans à Marsens au côté de Christian Sottas? «Ma prochaine compétition aura lieu en mars dans le sud de la France, à Vidauban. Je suis passée des cadres régionaux à l’équipe nationale poneys. Je vise une participation aux prochains championnats d’Europe, qui auront lieu en Irlande, en août. Ce serait une première. Ce serait fantastique.»

Travail et précision
D’ici là, la jeune fille et son cheval devront rester au top. «C’est beaucoup de travail, beaucoup de précision. Il faut rester concentrés et ne pas commettre d’erreur. Avec Rohirimm, nous avons beaucoup bossé depuis une année et demie.» Et, Victoria Rouvière en a eu la preuve cette année, le travail finit toujours par payer. KA