Sur le toit du monde en cadets

jeu, 14. mar. 2019
Les jeunes champions du monde ont apprécié le soutien des amis, de la famille et du Ski-club d’Albeuve. PHOTOS CHLOÉ LAMBERT

PAR MAXIME SCHWEIZER

Les jumeaux Robin (2) et Thomas (1) Bussard ont raflé les trois médailles d’or en cadets décernées aux championnats du monde de ski-alpinisme à Villars-sur-Ollon. Que ce soit en sprint, en individuel et en verticale, personne n’a réussi à contester la suprématie des frères. Par deux fois, les cadets d’Albeuve ont même réalisé le doublé. Hier, Robin a devancé son frère de quinze secondes dans la verticale. La veille, dans la course individuelle, l’ordre d’arrivée était inversé. Avec cinq médailles obtenues sur six possibles, ils ont enchaîné quatre jours des plus incroyables.

Après la course, entre quelques poignées de main et de multiples félicitations, sans compter les nombreux selfies demandés, Robin et Thomas Bussard ont pris quelques minutes dans le froid de Villarssur-Ollon pour parler de la course, de leur bilan et de la suite. Interview.

Cinq médailles sur six possibles, est-ce qu’on peut parler d’une semaine parfaite?

Thomas: C’est vrai que le bilan est vraiment incroyable. D’autant plus que nous ne savions pas où se situait notre niveau sur la scène internationale. Maintenant, nous sommes fixés et ces résultats sont encourageants pour la suite.

Robin: C’est fantastique! Sincèrement, nous ne pensions pas faire aussi bien et obtenir d’autant bons résultats. Il s’agit vraiment d’une belle surprise.

Parmi ces cinq médailles, trois en or…

Robin: Je viens de m’en rendre compte… Cela signifie que nous sommes champions du monde dans les trois catégories. Je n’avais pas remarqué. Wouah, c’est fou!

Thomas, votre sixième place de dimanche en sprint vous reste en travers de la gorge?

Thomas: Pas vraiment, car c’est une erreur sur l’ensemble des trois courses. Peut-être qu’elle me coûte le podium, mais avec le bilan réalisé ici, je ne peux pas me plaindre.

Si on revient à la verticale de mercredi, comment s’est déroulée la course?

Robin: Elle avait mal commencé (rires). J’ai cassé mon bâton au départ, mais heureusement que quelqu’un de notre staff a pu m’en fournir un autre. Je suis resté derrière sans vraiment m’affoler, car je savais que j’arriverais à refaire mon retard par la suite. Je ne me suis pas mis dans le rouge et j’ai pu revenir sur le coureur de tête et sur Thomas. Ils m’ont permis de me remettre dans le rythme. Je les ai suivis un moment, pour finalement les dépasser et arriver premier.

Thomas: Nous avons suivi des juniors sur un plat au début de la course. Il était très long, presque trop. Avec les traces, c’était quasiment une piste de ski de fond. Certains étaient en skating, les pauvres. Nous étions tous à pousser sur nos bâtons comme des fous.

Robin, si on suit vos propos, c’est donc grâce à votre frère que vous avez gagné…

Robin: C’est un juste retour, car c’était l’inverse à la course individuelle.

Thomas: C’est vrai, il fallait bien qu’on inverse les rôles. Ce n’est pas drôle si le même gagne toutes les courses.

Voir les jumeaux Bussard finir premiers devient presque une habitude. Comment vivez-vous ce statut?

Robin: Très bien. Et on a pris confiance au fil des courses. Cela nous a également motivés de voir autant de supporters nous encourager avec des cloches et des drapeaux gruériens. J’aimerais sincèrement les remercier.

Thomas: Avant le sprint et l’individuelle, on était vraiment stressés. Personnellement, je n’avais jamais été aussi nerveux de toute ma vie. Après le doublé de mardi, on s’est dit que tout ce qui viendrait ensuite serait du bonus. Parce qu’on avait prouvé notre niveau. Après, il ne fallait pas trop relâcher la pression non plus. On a dû trouver un juste milieu.

Gérer trois courses en quatre jours, c’était un tout nouveau challenge pour vous…

Thomas: Oui, tout à fait. Mais nous avons été bien entourés. Notre entraîneur et les physios nous ont bien guidés. Ils nous ont vraiment aidés à gérer les périodes de repos. Dans tous

les cas, c’était une belle expérience d’enchaîner les courses autant rapprochées.

Comment expliquez-vous cette domination?

Thomas: En tout cas, ce n’est pas parce qu’on s’entraîne davantage que les autres. Au contraire, je pense qu’on s’entraîne moins. Mais on est très consciencieux. On adore tellement ce qu’on fait! Et on a la chance d’arriver pile à notre pic de forme au bon moment.

Se mesurer au niveau mondial vous a-t-il donné de la confiance pour l’année prochaine en juniors?

Robin: Exactement, nous avons vu que nous pouvions rivaliser avec les meilleurs cadets. Ces victoires nous font du bien, car elles nous confortent dans nos choix d’en

traînements et nous récompensent de nos efforts.

Thomas: J’ajouterai que, en courant en même temps que certains juniors, nous avons vu le niveau qui nous sépare encore d’eux. Il n’y a pas trois mondes d’écart, mais on ressent la différence. Cette sensation va nous motiver encore plus pour la saison prochaine.

Et maintenant, c’est repos?

Robin: Ce qui est sûr, c’est qu’on va profiter de la piscine de l’hôtel en rentrant. En fait, tout dépend si on participe au relais par équipes en fin de semaine. Cela dépendra de la fille qui doit skier avec nous.

Thomas: Je peux vous dire que si nous ne prenons pas part à cette dernière course, nous allons bien profiter du buffet ce soir (n.d.l.r.: hier)! ■


«Les deux dans un bon jour»

Dimanche, Robin avait remporté son premier titre mondial en sprint. Une course durant laquelle Thomas avait connu la poisse. Longtemps deuxième en finale, il avait été privé de podium à cause d’un problème de fixation (6e rang final). «Sixième mondial, c’était déjà un bon résultat, souffle Thomas. Mais j’avais envie de prendre ma revanche, avant tout sur moi-même.» Et ce fut chose faite mardi, le jeune homme ayant obtenu le titre de champion du monde de la course individuelle des cadets, devant son frère Robin, donc. Avant de décrocher l’argent hier en verticale.

Mardi, comme toujours, les deux frangins s’étaient concertés sur la tactique à adopter. «La course commençait par la montée la plus difficile du parcours, décrit Thomas. On avait décidé de ne pas partir à bloc. Mais on s’est retrouvés devant sans le vouloir. La descente était ensuite très technique, il fallait surtout faire attention à ne pas tomber. Dans la zone de chan

gement, on devait avoir une vingtaine de secondes d’avance sur nos poursuivants. On a alors vraiment fait le trou dans la deuxième montée, plus longue. C’était chouette, parce qu’on voyait que, derrière, ça lâchait.»

Le titre allait donc se jouer au sprint. Les deux frères ont-ils eu l’occasion de communiquer? «Comme on se sentait bien, on a pu parler un peu pendant la course, comme on le fait tout le temps, rapporte le futur vainqueur. Ce qui n’a pas empêché que, tour à tour, chacun a essayé de décrocher l’autre. Mais, comme on était dans un bon jour tous les deux, ça s’est joué au sprint. Robin avait été presque malade après sa victoire de dimanche. Peut-être que c’est ce qui a fait la différence.»

Mardi, l’entraîneur de la relève Malik Fatnassi avait de quoi être satisfait, lui qui a vu les deux filles de l’équipe nationale réussir également le doublé en cadettes. «C’est encore plus incroyable. Après ma déception de dimanche, il était content pour moi. C’est sûr que, à l’arrivée, on s’est bien serrés dans les bras.»

Voilà les frères d’Albeuve parés deux fois d’or et une fois d’argent pour Robin, une fois d’or et une fois d’argent pour Thomas. Des résultats qui ne sont pas sans rappeler ceux de Rémi Bonnet en 2015, quand le Charmeysan avait été sacré deux fois champion du monde juniors. «Je me souviens très bien de ses titres. Avec Robin, on ne faisait pas encore de course, mais on suivait à fond tout ce qui se passait. Jamais on aurait pensé qu’on pourrait vivre ce qu’a vécu Rémi.» KA


«Vraiment très heureux»

Rémi Bonnet avait le grand sourire à la ligne d’arrivée. Sur ce parcours «très plat», il ne pouvait espérer mieux que la troisième place de la verticale, mercredi. Pourtant, le Charmeysan n’a échoué qu’à une poignée de secondes de Werner Marti, vainqueur de la course chez les seniors. Et dire que le parcours initial prévoyait une montée supplémentaire…

Un grand sourire donc, qui prouve que l’athlète de 23 ans a retrouvé le goût de la compétition. «L’année passée, peut-être que j’en ai trop fait et que je n’avais plus tellement de plaisir. J’avais également énormément de pression par rapport à mes résultats. Je ne participais plus aux courses pour les bonnes raisons. Aujourd’hui, c’est différent et ça me plaît.»

Le nouveau médaillé de bronze aux championnats du monde est revenu sur sa course et sur ce parcours qui ne lui a pas forcément plu. «J’ai perdu énormément de temps au plat sur le départ. Je pense que j’étais 30e avant que la verticale ne commence vraiment. J’ai donc mis tout ce que j’avais pour revenir sur le premier.» Rémi Bonnet ne croyait pas réussir à décrocher une médaille… «C’est vrai que j’ai douté, mais les aléas du parcours font partie du jeu. Et si l’on regarde le classement final, les meilleurs ont quand même terminé devant. Au vu du parcours, je suis vraiment très heureux de cette 3e place.» Cette médaille de bronze vient également récompenser la belle saison du Gruérien. «Elle me fait plaisir. Cependant, ce qui me donne encore davantage le sourire, c’est la victoire de Werner. Il la mérite et je suis vraiment heureux pour lui.»

Et de terminer par quelques mots sur les nouvelles coqueluches du ski-alpinisme suisse, Robin et Thomas Bussard. «C’est magique ce qu’ils ont réussi! Pour eux, pour la Gruyère et aussi pour la discipline. Je m’inquiétais un peu de la relève, mais avec ces deux, je ne me fais plus de souci.» Rémi Bonnet se retrouve également un peu dans les deux frères. «Ils me font penser à moi quand je les vois un peu stressés avant les courses. Ils ont également ce goût pour la compétition.»

Désormais, Rémi Bonnet va profiter de se reposer et partira au Portugal deux semaines pour un stage avec sa marque de skis. «Ensuite, ce sera le moment de préparer les muscles à la course à pied.» MS

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