Que l’on puisse s’extasier autant devant le projet immobilier de Pont-la-Ville (La Gruyère du 18 juin) me sidère. M. le conseiller d’Etat Curty parle d’un «projet en tous points fabuleux». Pour ma part, j’y vois plutôt une énorme surface gaspillée et vendue aux marchands du temple pour y faire dégouliner le fric, toujours avec cette illusion qu’ainsi, chacun d’entre nous en récupérera sûrement quelques gouttes et sera, forcément, plus heureux.
M. De Buman, quant à lui, résume: «Dans cet endroit parfait, on fait tout juste!» Pour moi, faire tout juste, à notre époque, ressemblerait plus à utiliser l’espace pour laisser se développer la biodiversité, cultiver les terres pour produire notre nourriture, voire construire des habitats coopératifs, économes en énergie et favorisant la solidarité et le bien-vivre ensemble. En somme, tout le contraire des hôtels 5 étoiles pour «clientèle très exigeante», cher(e) s à M. et Mme Müller, des golfs nourris aux pesticides cancérigènes et des «appartements de prestige à 18 000 francs le mètre carré de surface pondérée».
Tout ceci est d’une indécence qui me met très en colère. N’y a-t-il personne pour exprimer ne serait-ce qu’un seul avis critique contre cette débauche? J’observe, effarée, le culte que mes contemporains vouent à la croissance, à l’augmentation du PIB et à la sacro-sainte création d’emploi (fussent-ils totalement inutiles, polluants et socialement dégradants).
Ce que vous nommez «le paradis» me donne personnellement plutôt envie de vomir, et l’ultime farce voulant me faire gober que le luxe de ce lieu ne sera pas «bling-bling» finit de m’écœurer.
Clotilde Neuenschwander, Avry-devant-Pont