La montée de Bataille, sur la route menant de Broc à Charmey est depuis plus d’une année le théâtre d’importants travaux d’élargissement. A coup de forages et de pelles mécaniques, derrière d’imposantes parois de protection provisoire, terrassiers et varappeurs ont fait sauter et évacuer des pans entiers de roches des falaises situées presque à la verticale dans les contrebas des ruines de Montsalvens. A noter l’actuel dégagement des arbres offrant une meilleure vue sur la plaine des Marches et le château de Gruyères! Pour réaliser cet exploit, les entreprises travaillent par tous les temps, dans le bruit et la poussière, au risque de chutes de pierres alors que la circulation est maintenue. Les conducteurs de véhicules devront encore faire preuve de patience (attente aux feux) jusqu’à l’été prochain. Il est intéressant de rappeler l’importance de cette voie de liaison, grâce à des documents trouvés à Berne. Je cite: «L’Etat fédéral de l’époque, à la demande de l’état-major et de son général Guillaume Henri Dufour, (un des cofondateurs de la Croix-Rouge avec Henri Dunant), a rendu le chemin muletier de Broc-Charmey, alors classé de 3e classe, en route carrossable. Entre 1864 et 1880, Berne a entièrement subventionné les travaux pour environ 454 000 francs. L’idée de Dufour était de faire passer l’artillerie et les trains de plusieurs divisions pour permettre l’engagement de l’armée en cas de menace de la France de Napoléon III, de l’Italie ou de l’Allemagne bientôt unifiée. En fin stratège et brillant cartographe du terrain suisse, ce militaire hors du commun voulait pouvoir surprendre un éventuel adversaire sur le Plateau suisse en manœuvrant dans les Préalpes, notamment par ce passage sauvage mais stratégique du plan de «bataille», d’où l’appellation encore utilisée de nos jours.
Il faut saluer aujourd’hui l’important investissement engagé par l’Etat de Fribourg et la Confédération pour améliorer la sécurité de ce tronçon de route sinueuse dont le trafic est en forte augmentation.
Jacky Brandt, Bulle