A propos des contrats d’assurance.
Jeune instituteur en 1970, j’ai été abordé par plusieurs agents d’assurance qui m’ont proposé une assurance vie de capitalisation. Ils ne furent guère insistants, car je leur suggérais l’inverse, soit de me verser une rente mensuelle et ils pourraient ainsi compter sur le même capital qu’ils m’offraient après une quarantaine d’années. Les premiers contrats d’assurance datent de la Rome antique. Plutarque raconte que Caton prêtait de l’argent à des armateurs à condition que ceux-ci se réunissent en une association d’environ cinquante membres. Mais quand donc les contrats d’assurance ont-ils fait leur apparition? Un historien florentin du XIIIe siècle, Villani, affirmait que l’assurance individuelle est née en Lombardie en 1182. Elle assurait le commerce, surtout maritime. Au XIXe siècle encore, le fatalisme régnait. Et l’homme imputait à Dieu ses malheurs, de sorte qu’il s’adressait quotidiennement à lui. Le paysan tout particulièrement, ainsi que le propriétaire terrien. «Vos écuries ont brûlé, mais à part ça, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien.» Au XXe siècle, grâce surtout au Parti socialiste, naîtront en 1948 l’AVS, en 1982 l’assurance chômage obligatoire, en 1985 le deuxième pilier obligatoire et en 1996 la LAMal. Face à l’incertitude, d’aucuns s’assurent pour tout et sont surtout assurés de devoir payer une prime mensuelle. La multiplicité des types de contrats m’interpelle. Et le Suisse souffre d’«assuromanie», car il est particulièrement inquiet de son avenir. Voyez-vous, ainsi que moi, une corrélation entre la multiplication des contrats d’assurance et la désertion des églises? Deus insurance est. Patrice Blanc, Riaz