Vendredi matin, j’ai distribué des sacs pour mes élèves avec des travaux pour quatre semaines d’école à la maison. Le monde est en pagaille, l’économie, les transports, les frontières… Les hôpitaux se préparent à accueillir des malades avec des complications graves, des opérations sont reportées pour libérer des lits et des appareils respiratoires, le monde médical s’engage à faire des heures supplémentaires,
à affronter des situations pénibles, il va falloir essayer de sauver les personnes qui vont arriver en situation de détresse respiratoire. Le canton du Tessin atteint ses limites. Juste à côté, en Italie, la situation est dramatique, on n’a plus de place pour les malades. Il manque des respirateurs. Parfois les médecins sont obligés de choisir entre deux patients celui à qui on donne la chance de survivre. Il est naturel de sauver un jeune qui a toute la vie devant lui ou des enfants à charge comparé à une personne qui a déjà bien vécu. Mais ce choix n’est pas éthique, il est même inhumain. Et voilà qu’en cet après-midi je vais faire quelques réserves à la Coop de mon village pour ces jours où on nous invite à rester chez soi. Et là, à ma grande surprise, il y a énormément de personnes de plus de 65 ans qui font leurs courses! On accuse les jeunes de ne pas prendre au sérieux les risques de contagion. Là, je constate que ce sont les vieux qui se moquent de la mobilisation en cours pour les protéger et leur éviter d’arriver aux urgences. Se rendent-ils compte que ce seront eux les premières personnes qu’on laissera mourir si on n’a plus la possibilité de sauver tout le monde? Dans notre commune, nous avons reçu un tout-ménage avec une longue liste de petits et grands commerces prêts à livrer gratuitement à domicile. Chers anciens, soyez sages, acceptez les mains tendues vers vous avec humilité et reconnaissance. Rachel Raynaud, Charmey