Cette lectrice nous adresse un courrier «au nom des étudiants fribourgeois, mais aussi au nom des parents et des professeurs liés à leur cause».
A la suite de la décision du Conseil fédéral de ne pas prendre de mesure commune pour tous les gymnasiens suisses, Fribourg reste, à l’heure actuelle (n.d.l.r.: hier), l’unique canton suisse romand à vouloir maintenir les examens écrits. Nous ne comprenons pas cette insistance à vouloir délivrer une maturité – ou plutôt la moitié d’une ma-turité – à une minorité excessivement ridicule d’étudiants. Minorité qui, de surcroît, se dirigera, si elle obtient son papier malgré les conditions fortement inadéquates dans lesquelles elle a étudié depuis deux mois, dans les mêmes universités et hautes éco-les que nos camarades vaudois, genevois ou encore valaisans pour ne citer qu’eux. De plus, l’organisation d’examens écrits dans les conditions sanitaires que nous vivons actuellement est une entreprise périlleuse. Quel motif peut-on avancer pour justifier une mise en place aussi disloquée? Le taux de 20% d’échecs va-t-il réellement baisser, sachant que les examens oraux sont supprimés et que c’est précisément ceux-ci qui aidaient les élèves à augmenter leurs moyennes? Car si pour Jean-Pierre Siggen la maturité est une chance, en temps de pandémie, il semble oublier le nombre d’inégalités qui divisent les étudiants fribourgeois. Les contextes familiaux difficiles, le non-accès à une aide externe pour réviser, le stress et les difficultés psychologiques que certains traversent, l’investissement dans la vie communautaire familiale ou sociale et le manque de suivi individuel causé par l’enseignement à distance sont autant de choses qui nous empêchent de pouvoir nous préparer convenablement à des examens. Dans ce contexte, nous trouvons que solliciter l’organisation bancale d’examens écrits pour une telle minorité d’élèves n’est pas une priorité. En conséquence, beaucoup d’initiatives sont mises en place. Des sondages, des pétitions, des lettres avec déjà plus de 400 signatures sont adressées un peu partout, mais nous sommes ignorés par les autorités. Fribourg n’a rien à gagner à se montrer comme étant le dernier canton romand debout face aux aléas d’un événement social, historique sans précédent, et sur lequel nous n’avons aucun pouvoir. Il ne s’agit pas d’une compétition. Tout ce que nous cherchons, c’est une équité de traitement. Lisa Menoud