Le ministre de la Santé Alain Berset, conseiller fédéral, nous invite à apprendre à vivre avec l’imprévisible. Il aura fallu cette cruelle épidémie virale pour constater notre fragilité, tant sanitaire qu’humaine et matérielle. Notre manière de vivre est sérieusement remise en question. La société croyait tout maîtriser, sans se soucier du lendemain. Nous sommes aujourd’hui mis au pied du mur, alors que nous étions sûrs de nos droits, tellement organisés et protégés. «Des enfants gâtés», comme disait Doris Leuthard, ancienne conseillère fédérale, à propos d’un environnement durable. Depuis la création du monde, l’humanité n’est pas épargnée par les catastrophes, les guer-res, les épidémies: elles reviennent régulièrement. «Il faut avoir fait l’expérience de l’échec, du découragement; il faut avoir une fois dû “crier à Dieu” en désespoir, me confiait un ami, pour entrer dans une attitude de renouveau et de confiance.» Une telle situation nous oblige à lâcher prise, à vivre d’une manière plus simple, plus authentique, orientée vers ces valeurs éternelles que sont la fraternité, l’empathie et le service désintéressé. Ce comportement supplée à la dépendance de la surconsommation et d’une vie fébrile et individualiste. La technologie de la communication, virtuelle et sans états d’âme, ne fait pas toujours notre bonheur! Le défi de la crise nous invite à revoir nos habitudes, à renvoyer des projets et à renoncer à des intérêts particuliers, qu’ils soient collectifs ou individuels.
Réapprendre à vivre ensemble répond à notre fragilité et à la précarité. Conditions pour réduire la peur au ventre, nous soutenir dans la vigilance et agir lucidement. Au-delà des directives et des investissements massifs de l’Etat, une prise de con-science citoyenne est nécessaire. Sommes-nous aussi disposés à passer à la caisse? Une question de cœur pour les démunis. Egalement faire le deuil d’un monde stable et sécurisant? Apprendre à vivre face à l’imprévisibilité nous interpelle pour construire une société plus équitable, plus humaine et attentionnée. Jacky Brandt, Bulle