Un jeudi triste et gris

Cette lectrice aimerait partager une expérience douloureuse qui lui est arrivée récemment à Bulle.

Un paquet m’attend jeudi à la rue Nicolas-Glasson. Chouette! Ni une ni deux, j’enfile une veste, glisse dans mes chaussures. Zut! Il pleut. Qu’importe! Je ne vais tout de même pas laisser quel­ques gouttes me gâcher le plaisir d’un déconfinement, fut-il bref et postal. Me voilà déjà à deux passages piétons de mon colis. Je traverse la route sur les bandes réglementaires. Une berline noire s’arrête pour me laisser passer. «Gentil à lui», me suis-je dit. Son conducteur a sans doute pitié de la petite dame sous la pluie. Sans doute. Soudain mon pied se dérobe sur l’une des bandes jaunes. La glissade est brutale. Ma surprise totale. Me voilà étalée de tout mon long, seule au monde au milieu d’un passage pour piétons. Ainsi gis-je sous le crachin avec cette désagréable sensation d’avoir pris vingt ans d’un coup d’un seul. Cette perception n’était rien, puisque l’impensable allait se produire. Je me relève bringuebalante, percluse de douleurs. Pensez-vous que le gentil conducteur aurait daigné sortir de son véhicule? Non. Baisser sa vitre pour prendre de mes nouvelles? Non plus. Rien. Il a poursuivi son chemin sans mot dire… Vous connaissez le sentiment de ne pas exister? De n’être plus rien, de ne pas compter? Oh! il était en moi, celui-là, et il me faisait encore plus mal que la douleur physique. A l’heure où l’on envisage un «monde d’après» plus solidaire, plus respectueux, plus responsable, permettez-moi d’émettre quelques doutes sur la faisabilité de ce projet, tant il manque à certains ne serait-ce que le minimum «syndical» pour faire société: le savoir-vivre. Alors évidemment, je ne sais pas de quoi sera fait demain. Mais ce jeudi-là à Bulle, il pleuvait, c’était un jeudi triste et gris. Nathalie Tinguely, Bulle

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