Cet ancien directeur d’école tire un parallèle entre son expérience et la récente intervention policière à la gare de Bulle.
Eteindre un incendie, ce n’est pas facile… Certes, il est bien sûr préférable de ne pas l’allumer. Mais quand il est là, que faire? Il y a bien des années, j’ai pris un extincteur pour tenter de circonscrire le feu qu’un mégot avait allumé sur le canapé d’une voisine âgée. Les éléments en rage ne se sont pas calmés et je me suis fait roussir barbe et moustache. Heureusement, les pompiers, alertés par mon épouse, n’ont pas tardé à arriver. Depuis, j’ai mieux compris l’utilisation d’un extincteur. J’ai appris en outre que, selon la matière enflammée, l’eau peut être la pire vectrice d’un début de feu. Cette expérience m’a régulièrement servi dans ma vie professionnelle et familiale. J’ai collaboré notamment avec beaucoup d’enseignant-e-s et d’éducateurs-trices, avec des psychologues aussi. Avec ma femme, j’ai été un papa parmi les parents soucieux d’apporter un cadre à leurs enfants. Enfin, j’ai travaillé avec de nombreux policiers (les policières sont venues plus tard…). En commun, nous avions saisi l’importance de savoir ce que chaque élève, chaque jeune, chaque adulte pouvait vivre. Lorsque l’un d’entre eux s’enflammait, comment fallait-il agir? Et comment, en amont, faire en sorte de prévenir l’incendie? Il n’y a pas de réponse passe-partout. Souvent, des mesures de faible portée, mais multiples et durables, sont plus efficaces que les réactions les plus spectaculaires. Comment appliquer la maxime qui dit que le sang ne se lave pas avec le sang? Comment maintenir le lien et la confiance? Sachant que celle-ci s’acquiert goutte après goutte et qu’elle se perd par seilles entières. Alors oui, les jeunes de la gare de Bulle auraient dû suivre les règles sociales usuelles. Alors oui, l’intervention policière mise en œuvre ne semble pas avoir été proportionnée à la nature de l’incident. Aujourd’hui, à chacun son débriefing. Justice et sans doute éducateurs-trices pour les jeunes. Probable reprise en supervision pour les policiers-cières. De part et d’autre, essayer de comprendre et éviter de juger, comme le mentionnait Simenon en en-tête de ses romans. Pour construire un avenir. Ensemble. Marc Wicht, ancien directeur d’école, La Tour-de-Trême