Le loup, on le sait, est l’élément saillant dans le thème de la protection et de la gestion des animaux sauvages sur lequel nous sommes appelés à voter. Pour éclairer notre opinion, il vaut la peine de regarder quelle est la situation dans les pays où la multiplication de ce carnassier a été trop peu contrôlée. Je me réfère principalement à un reportage de Léo Vidal-Giraud du 5 mars 2018, dans Russie Info, le magazine francophone sur la Russie. Plus de 50 000 loups vivent dans les forêts de Russie et causent de gros dégâts. La prévention est de la compétence des régions. En Iakoutie, où 6800 rennes et 140 chevaux ont été dévorés en 2016, l’autorité régionale verse aux chasseurs une prime équivalant à 300 euros pour chaque loup abattu. Dans un village isolé n’ayant pas de bétail, une habitante explique: «Ils sortent du bois en meute et attaquent même les chiens de garde.» Les gens se barricadent dans leur maison, et une villageoise qui était néanmoins sortie le soir a été dévorée. Au Kamtchatka, la récompense versée aux chasseurs équivaut à 430 euros par loup tué. En Sibérie, s’il est question de protection, c’est celle des éleveurs et des villages isolés contre les assauts du prédateur. Actuellement, la Russie ne diffuse plus de statistiques sur les victimes humaines des loups. Mais, il y a une dizaine d’années, j’avais lu une information faisant état de 140 morts dus aux loups en une année sur le territoire russe. Au Canada, où l’on recense environ 60 000 loups, la province de Colombie-Britannique finance des abattages de loups par hélicoptère, dans des secteurs où ils ont fait diminuer d’un tiers la population de grands cerfs. En Suisse, les défenseurs de la multiplication des loups, s’ils étaient bien renseignés, n’oseraient plus nier la dangerosité du loup pour les humains et cesseraient de minimiser son potentiel de prédation au sein des élevages. Roger Pasquier, Bulle