Ce lecteur réagit à la prise de position de Jacques Morand, syndic de Bulle, dans un courrier paru samedi.
Je ne partage pas l’analyse de Jacques Morand dans sa lettre. Pour une raison majeure: l’enjeu de cette votation est avant tout de nature éthique. Elle vise prioritairement des multinationales qui ne respectent pas les droits humains ni la protection de l’environnement. Si c’est le cas, elles sont responsables de leurs actes et doivent en répondre y compris les filiales qui en dépendent, mais seulement elles, ce qui ne concerne pas des PME ni des fournisseurs à ces entreprises comme le prétend Jacques Morand. Le texte de l’initiative est assez clair à ce sujet. La dimension éthique est complètement ignorée par Jacques Morand et il va jusqu’à qualifier cette initiative de «dangereuse». En quoi le souci éthique est-il dangereux? Est-il admissible qu’au Pérou ou en Colombie des enfants soient forcés de travailler dans des mines et soient victimes de cancer? Est-il admissible qu’en Inde des rivières soient polluées aux insecticides toxiques en privant d’eau potable des populations vivant déjà dans la pauvreté? Pourquoi de telles violations pratiquées à l’étranger seraient-elles tolérables alors qu’elles sont condamnées en Suisse? Glencore ou Syngenta ont leur siège en Suisse. Elles doivent répondre de leurs actes. Pour une seule raison: le respect des principes éthiques n’a pas de frontière. Tolérer ces violations, c’est les approuver! Le contre-projet reconnaît du bout des lèvres l’enjeu éthique à propos des enfants, mais ne développe que des arguments qui ont trait à d’éventuels inconvénients du point de vue juridique: il serait problématique de contraindre les entreprises concernées à rendre compte en Suisse de violations à l’étranger. Non. Les victimes de ces violations ont droit à réparation. C’est simplement une question de justice! De riches lobbies soutiennent le contraire par peur infondée, en affirmant que ces entreprises pourraient quitter la Suisse. Glencore ou Syngenta sont solides, elles ont trop d’intérêts à rester chez nous. Les PME ne sont pas concernées. François Gachoud, Bulle