SISYPHE. Sur le toit de l’immeuble d’en face, l’autre matin à la première heure, un homme, seul, tirait un filin, le plaçait sur son épaule et, courbé, faisait quelque pas, posait le filin, revenait au bord du toit, recommençait et cette corde semblait infinie, comme si elle n’était attachée à rien. Pourquoi devait-il tirer seul dans ce froid petit matin? Derrière ce geste répétitif, un peu absurde, car rien n’apparaissait au bout de la corde, comme si elle n’avait aucune autre utilité que d’être une corde tirée du bord d’un toit par un homme seul, se cachait pourtant un monde précis, une réalité implacable. Ce monde précis, c’est le monde de travail. Cette réalité implacable, ce sont les rapports de force du monde du travail. Essayons de ne pas l’oublier, nous autres, au chaud, en…