A propos des modifications des mesures policières de lutte contre le terrorisme.
La révision de la Loi sur le terrorisme redéfinit celui-ci comme suit: «Par activités terroristes, on entend les actions destinées à influencer ou à modifier l’ordre étatique et susceptibles d’être réalisées ou favorisées par des infractions graves ou la menace de telles infractions ou par la propagation de la crainte» (art. 23, al. 2). Voilà que soudain, l’anticonformisme se drape de terrorisme et que chaque politicien·ne, journaliste ou citoyen·ne critique devient un danger en puissance. Obsédées par le mantra du «risque zéro», les décisions policières prendront à la lettre les comportements de la population, notamment ceux des (pré) adolescent·e·s caractérisés par la provocation, la pensée dichotomique ou le défi du système. La police, attribuée de la mission de différencier entre un indice terroriste, une bravade impulsive ou une incivilité s’engagera alors inévitablement sur la dangereuse pente du pouvoir discrétionnaire. C’est inacceptable.
Il va sans dire qu’il incombe à l’Etat de prendre des mesures appropriées pour protéger sa population contre le terrorisme et garantir la sûreté et la sécurité du territoire. Pourtant, les mesures antiterroristes doivent respecter les droits fondamentaux, notamment les garanties mises en place pour éviter l’arbitraire: on ne peut pas sacrifier les droits humains sur l’autel de la peur! Le 13 juin, je voterai non à cette loi qui, par «la propagation de la crainte», promet la paix et la sécurité. Quelle ironie! Loris Grandjean, membre du Parti vert’libéral Fribourg