Alain Berset: «La sérénité de ce matin m’a frappé»

| mer, 14. déc. 2011

Quelques heures après sa brillante élection le 14 décembre, Alain Berset répondait aux questions des journalistes en conférence de presse....

 

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN GODEL
 
Avez-vous déjà des visées sur un département particulier?
La répartition  aura lieu vendredi. J’ai l’impression que le Conseil fédéral est très ouvert à la discussion. Je m’en réjouis. Mais il est clair que je suis prêt à reprendre tous les départements. 
 
L’UDC s’est montrée très insatisfaite du résultat du jour. Comment vous voyez-vous collaborer avec elle?
Mes premières impressions sur les discussions que nous avons eues aujourd’hui avec mes collègues du Conseil fédéral étaient très bonnes. J’ai le sentiment d’une équipe qui communique très bien, qui s’entend bien. C’est le même sentiment que j’en avais de l’extérieur. Quant aux positions des groupes, c’est l’affaire du Parlement: il a pris ses responsabilités avec des décisions qui auront des conséquences durant les quatre prochaines années.
 
Sans doute n’avez-vous reçu aucune voix de l’UDC… Est-ce un élément qui comptera dans la manière dont vous traiterez les affaires?
J’estime avoir reçu ce matin une responsabilité de l’ensemble de l’Assemblée fédérale. Le processus qui a mené à cette décision est interne au Parlement, qui connaît ses propres règles.
 
Quatre conseillers fédéraux sur sept viendront de la région du Mittelland?…
L’Assemblée fédérale m’a choisi en connaissance de cause. Et le Conseil fédéral s’engage pour toute la Suisse.
 
L’élection de ce jour s’est faite sans destitution d’un conseiller fédéral en poste. Vous attendez-vous dès lors à une législature plus tranquille?
Ce qui m’a frappé ce matin, c’est la sérénité avec laquelle l’Assemblée fédérale a pris sa décision. Si cette sérénité va de pair avec celle qui est nécessaire au Conseil fédéral pour faire son travail, alors oui, ça nous permettra de bien collaborer avec le Parlement.
 
Les médias vous ont dépeint comme un candidat lisse: quel conseiller fédéral allez-vous être pour prouver le contraire?
Je ne vais pas commencer par me dire qu’il faut briser des images à mon sujet. La critique appartient à notre système politique et c’est très bien ainsi. Je vais agir comme dans toutes mes activités jusqu’à présent, avec passion, beaucoup d’engagement et de force et en disant clairement ce que j’ai à dire.
 
Combien d’années vous voyez-vous au Conseil fédéral?
Trois législatures me paraissent une période raisonnable pour apporter quelque chose au Gouvernement. Mais rassurez-vous, je n’ai pas la volonté de battre un record au Conseil fédéral.
 
Comment gérerez-vous votre vie de famille?
J’estime possible de siéger au Conseil fédéral tout en ayant une vie de famille. Ce sera parfois compliqué, certes. Mais renoncer à ma famille m’est impossible.
JnG
 

Pour lire la totalité des articles réalisés à l'occasion des élections au Conseil fédéral, lire la version journal de "La Gruyère" du jeudi 15 décembre. 

 

Réactions

Isabelle Chassot

 

«Fière d’être Fribourgeoise»
Pour laisser place à la famille d’Alain Berset à l’intérieur du Palais fédéral, la conseillère d’Etat fribourgeoise est arrivée à Berne peu après l’élection du socialiste, accompagnée du conseiller d’Etat Claude Lässer: «Je me réjouis beaucoup, d’abord pour le canton de Fribourg: je ressens aujourd’hui une certaine fierté. Mais je me réjouis aussi pour le Conseil fédéral: avec Alain Berset, il aura un membre compétent et engagé. Un vrai Fribourgeois!»
 
Christian Levrat
«L’UDC s’est sabotée»
Le président du PS suisse se réjouit bien sûr de l’élection de son ami Alain Berset. Mais il souligne aussi l’échec cuisant de l’UDC: «L'UDC doit désormais revoir sa stratégie et former des personnes adéquates pour les prochaines élections. Elle s'est sabotée elle-même avec sa stratégie kamikaze.» Devant ses troupes réunies à la Turnhalle, il s’est félicité de l’année écoulée: «On a vécu une belle journée. Après une année électorale bien remplie à Fribourg, qui se termine par ce succès aujourd’hui, la suite du programme, c’est le renversement de la majorité dans le canton de Vaud dimanche prochain.»
 
John Clerc
«L’UDC a servi Alain Berset»
Le Fribourgeois John Clerc est l’ancien secrétaire général adjoint des Services du parlement à Berne. «L’écart au premier tour entre Berset et Maillard a été pour moi la plus grosse surprise. En fait, le Parlement ne s’est rappelé que du Maillard fédéral et de ses algarades à la tribune. Mais depuis qu’il est conseiller d’Etat, un Maillard nouveau est arrivé et le Parlement ne l’a pas vu venir.» Quant au jeu de l’UDC, John Clerc estime qu’il s’est déployé en faveur de Berset: «La présence de Jean-François Rime a servi Alain Berset, car elle a neutralisé les voix de l’UDC.» Quant a la concordance, le fin connaisseur qu’est John Clerc en rappelle le sens historique: «La formule magique implique tout à la fois une certaine idée de représentation proportionnelle des principaux groupes parlementaires, mais aussi un accord sur les questions essentielles. En 1959 par exemple, les socialistes s’étaient ralliés au principe de la défense nationale.»
 
Muriel Berset
«Réinventer le travail de conseiller fédéral»
L’épouse du nouveau conseiller fédéral était hier matin sur un nuage: «Je ne me rends pas encore compte de la réalité des choses.» Parmi les qualités de son époux qui ont poussé le Parlement à l’élire, elle souligne sa compétence mais aussi son ouverture: «Il sait écouter et faire avancer des majorités, toujours dans le respect de l’autre. Il est aussi fidèle quand il donne sa parole, y compris en politique. Enfin, c’est quelqu’un de très pugnace et volontaire.» La jeune mère de famille ne craint pas la période qui commence: «Il est le premier conseiller fédéral à devoir composer avec des enfants si jeunes. Donc il devra réinventer le travail de conseiller fédéral. J’espère qu’il le fera et qu’il saura parfois donner sa priorité à sa famille.»
 
François Angéloz
«L’intelligence du cœur»
Le grand-père maternel d’Alain Berset, bientôt 88 ans, est une figure du socialisme fribourgeois de la seconde moitié du XXe siècle. «Alain a l’intelligence du cœur. Mais il a aussi une très grande culture. Et il est resté attaché à ses valeurs de base. C’est quelque chose qui lui a été inculqué par sa famille. Il y a eu en sorte un enchaînement logique depuis mon engagement en politique et celui de sa maman Solange (n.d.l.r.: l’ancienne présidente du PS fribourgeois).»
 
David Bonny
«Historique!»
Président du PS fribourgeois, David Bonny est un homme heureux: «C’est magnifique, historique! On a lancé la campagne le 14 janvier, sans savoir que Micheline Calmy-Rey démissionnerait. On finit 2011 avec l’élection d’Alain Berset au Conseil fédéral… C’est incroyable!» JnG
 
Et encore...
 
Rempli de fierté
Erwin Jutzet, président du Gouvernement: «Je suis très ému, presque aux larmes. J’ai de la peine à rassembler mes pensées. C’est un moment de joie et de fierté pour la famille socialiste.»
 
Souvenirs 
Pascal Corminboeuf, directeur des Institutions, de l’agriculture et des forêts: «Je suis très heureux de voir que le petit constituant Berset, qui m’avait impressionné lors de la première séance, ait eu un tel parcours. Tout ce qui était en germe dans son action de constituant se concrétise.»
 
Tous Fribourgeois
Georges Godel, directeur de l’Aménagement, de l’environnement et des constructions: «Quand on est fribourgeois dans l’âme, quel que soit son parti, on ne peut être que très fier. Je suis remué jusqu’au fond des tripes.»
 
Camarade de course
Anne-Claude Demierre, directrice de la Santé et des affaires sociales: «J’ai vraiment une impression extraordinaire: un ami arrive au Conseil fédéral. Depuis le début de l’année, nous avons vécu toute la campagne électorale ensemble. Nous avons même fait une course. A cette occasion, Alain Berset m’avait attendue. Je me suis dit alors: peut-être que je cours avec un conseiller fédéral.»
 
Surtout compétent
Jean-François Steiert, conseiller national PS: «Je suis content d’avoir placé un bon socialiste au Conseil fédéral. Je ne me serai pas engagé pour un Fribourgeois dont les idées ne m’auraient pas convaincu. Mais, lui, je l’aurais volontiers élu, même s’il n’était pas fribourgeois.»
 
Un terreau de conseillers fédéraux
Marie-Thérèse Weber-Gobet, ancienne conseillère nationale PCS: «Je suis très contente que Fribourg ait à nouveau un conseiller fédéral. Cela montre que notre canton a toutes les ressources pour proposer des personnages emblématiques.»
 
La bonne formation
Jacques Bourgeois, conseiller national PLR: «Alain Berset fera sûrement très bien son travail. Il a étudié l’économie et devrait contribuer à mettre en place des conditions cadre pour une économie prospère.»
 
Et la bonne allure
Christine Bulliard-Marbach, conseillère nationale PDC: «Alain Berset est un homme très ouvert, très respectueux. Il a prouvé dans sa carrière qu’il était capable de mener du monde. Il a déjà les allures d’un homme d’Etat.»
 
Du suspense
Yves Menoud, syndic de Bulle, venu soutenir son ami d’enfance Jean-François Rime: «J’aurais voulu un peu plus de suspense.»
 
D’une seule voix
Le préfet de la Gruyère Maurice Ropraz et le directeur des Finances Claude Lässer: «Nous sommes très satisfaits d’avoir à nouveau un Fribourgeois au Conseil fédéral.» DM

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