PAR VALENTIN CASTELLA
En mars dernier, à heure où les critiques pleuvaient sur la BCF Arena en raison d’une indigne élimination en quart de finale des play-off, le président de Fribourg-Gottéron Laurent Haymoz avait étonné son monde en déclarant: «On vise le titre en 2012.» Un pari bien utopique à l’époque, tant les Fribourgeois avaient été rapidement écrasés par les Davosiens. «J’avais dit ça un peu sous l’air de la boutade. Mais, au fond de moi, je savais que l’équipe serait meilleure à l’avenir.»
En effet, les déclarations du président ont pris tout leur sens au fil des rencontres. Aujourd’hui, le club, qui vient d’engager pour deux saisons le défenseur de Langnau Sebastian Schilt, peut légitimement y croire. En une année, les crispations ont laissé place aux sourires, pour le plus grand plaisir du président, tout heureux de terminer l’année sur une note positive (n.d.l.r.: A l’heure de mettre sous presse, le résultat de la rencontre de hier soir face à Kloten n’est pas connu.)
Laurent Haymoz, l’année 2011 avait mal commencé. Vous vous en sortez finalement avec les honneurs…
Nous avons premièrement essayé de rectifier le tir, car de gros problèmes avaient surgi en cours de saison. Trop de joueurs étaient sous contrat et certains se retrouvaient en tribune. Ce n’était pas bon pour l’esprit d’équipe. Certains n’avaient également pas le rendement espéré et les défaites se sont ensuite accumulées. Il fallait réagir. Finalement, nous avons déniché un nouvel entraîneur à poigne, mais au gant de velours. Hans Kossmann est l’homme dont nous avions besoin. Il a su redonner confiance aux joueurs. Il a privilégié le dialogue et il a su redonner la flamme au vestiaire.
Aviez-vous ressenti quelques craintes en prenant le pari d’engager Hans Kossmann, encore peu connu du grand public?
En sport, on ne peut être sûr de rien. Le risque que la machine s’encrasse est présent à chaque instant. Mais j’ai rapidement été rassuré, dès la préparation estivale. J’ai vu des joueurs prêts, en forme. J’étais pratiquement persuadé que l’équipe jouerait les premiers rôles. Mais peut-être
pas aussi rapidement, je le concède. Et puis, je suis une personne assez solide mentalement pour assumer ce choix. Je ne vais pas m’offenser à la première critique. Chacun a le droit de dévoiler son sentiment, que cela soit un journaliste, un supporter ou un sponsor.
Par rapport aux années précédentes, le groupe semble plus mûr. Une impression partagée?
Oui, car les joueurs ont maintenant confiance en leur entraîneur. Aujourd’hui, ils évoluent avec sérénité, grâce à un système qui fonctionne très bien. Ce jeu basé sur la défensive convient parfaitement à l’équipe. D’ailleurs, nous avons l’une des meilleures défenses du championnat avec pratiquement les mêmes joueurs que la saison dernière.
Seulement quelques points séparent les cinq premières équipes du championnat. Qu’est-ce qui fera la différence?
La fraîcheur lors des mois délicats que sont janvier et février. C’est pour cette raison que Hans Kossmann ne souhaite pas anticiper le retour des blessés. Il veut qu’ils se mettent à niveau, sans risque de rechute. Bien entendu, d’autres facteurs entreront en ligne de compte, comme la chance ou la volonté d’atteindre le même but.
Justement, avez-vous fixé un objectif aux joueurs?
Nous n’allons pas modifier notre ligne de conduite jusqu’à la fin du championnat régulier. Nous avions annoncé une place parmi les cinq premiers. Maintenant, il est clair que tout le club espère figurer dans le quatuor de tête pour commencer les play-off à domicile.
Le titre, vous y pensez?
Pas pour l’instant. Nous sommes bien placés pour savoir que de nombreuses surprises peuvent arriver en play-off. Concentrons-nous d’abord sur les quarts de finale. Ensuite, tout sera possible. De toute manière, personne n’est capable de prédire ce qui va se passer. Alors essayons de ne pas trop anticiper.
Personnellement, vous fixez-vous une ligne de conduite?
Je souhaite juste que l’équipe tourne bien, qu’elle pratique du bon hockey et que les supporters soient satisfaits lorsqu’ils sortent de la patinoire. Mon but est simplement que le club fonctionne bien, tant au niveau sportif qu’administratif.
Comment se sentent les joueurs en cette belle période?
Depuis quelques mois, c’est toujours un plaisir de les côtoyer. Ils m’accueillent avec le sourire. Je vois qu’ils sont heureux et bien dans leur peau. J’essaie de les croiser le plus souvent possible. Je fais également attention à suivre le rétablissement des joueurs blessés. C’est important.
Quels seront les prochains défis du club?
Actuellement, nous ne pouvons qu’espérer maintenir notre rang. Pour que le club puisse se développer, la rénovation de la patinoire est une obligation. Nous sommes en train de travailler sur le sujet et j’espère qu’une décision tombera en début d’année. L’objectif serait d’accueillir entre 8000 et 9000 spectateurs dès la saison 2015/2016. A ce moment-là, nous pourrons commencer à envisager un développement plus important.
Enfin, que peut-on vous souhaiter pour 2012?
Un peu de chance et que tout se déroule comme tout le monde le souhaite dans le canton (rires).
«Tout est plus facile»
Depuis deux ans qu’il préside le club, Laurent Haymoz vit certainement sa période la plus faste. «Les gens sont contents, l’équipe marche bien, l’ambiance est bonne. Je peux dire aujourd’hui que tout est plus facile. C’est en tout cas plus agréable que l’année dernière, c’est certain.»
Laurent Haymoz a donc digéré son pain noir. «Oui, et je ne prends pas ces bons résultats comme une revanche personnelle. C’est tout à fait normal que les gens fassent part de leur mécontentement lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Je trouve même ça rassurant. C’est la preuve que Gottéron fait vraiment partie du quotidien des Fribourgeois. Quand le club va mal, c’est tout le canton qui tousse.»
Aujourd’hui, ce sont plutôt des félicitations que le président reçoit: «C’est vrai que les gens me parlent beaucoup de Fribourg. Dans n’importe quel endroit, j’entends “et alors, comment va Gottéron?” C’est toujours agréable de voir des personnes heureuses grâce aux résultats de l’équipe.»
«Très serein en match»
Retraité, Laurent Haymoz avoue ne pas vraiment profiter de cette nouvelle vie: «On dira que ma retraite est plutôt active (rires). Je passe beaucoup de temps dans les couloirs de la patinoire à régler les affaires administratives et de sponsoring. Le côté sportif, je le laisse à l’entraîneur. Je ne suis pas un adepte du mélange des tâches.»
Et comment se comporte-t-il en match? «Je suis plutôt serein et je ne m’emporte que très rarement, excepté lorsque l’équipe marque un but. Je ne dis jamais rien contre les arbitres et ne lâche aucune critique envers les joueurs. J’ai également été sportif et je sais qu’une passe ou un but est vite manqué. D’ailleurs, je préviens toujours les personnes qui m’accompagnent qu’elles ne doivent pas s’étonner si je ne parle pas beaucoup durant une partie.» VAC
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