La crise du Portugal pousse ses travailleurs à s’expatrier

| lun, 26. déc. 2011
La famille de Lotario Soares Conceiçao
Frappé depuis deux ans par une violente crise économique, le Portugal voit des centaines de travailleurs tenter leur chance en Gruyère. Analyse du phénomène.

PAR THIBAUD GUISAN


«Je n’ai jamais vu autant d’arrivées en si peu de temps. Mais ce n’est pas étonnant. Au Portugal, les usines ferment et l’Etat serre la vis. Il faut bien manger.» Cofondateur du Centre portugais de la Gruyère en 1991, Abilio da Silva Rodrigues est formel. La crise économique qui frappe son pays depuis deux ans a créé une vague migratoire sans précédent en 2011.
Les chiffres de l’Office fédéral des migrations confirment un phénomène tant national que fribourgeois. Entre le 1er janvier et le 31 août 2011, le canton a enregistré l’arrivée de 1128 ressortissants portugais. C’est quasi le double des deux années précédentes: 609 en 2010 et 732 en 2009.
Le Service de la statistique estime, lui, à 18'890 le nombre de Portugais résidant dans le canton au 30 novembre 2011. Contre 17'239 au 31 décembre 2010. Certitude: cette hausse de 1651 personnes ne s’explique pas que par les naissances.
Rien qu’à Bulle, la communauté portugaise est passée de 2700 membres en mars, à près de 2900 aujourd’hui. «Les arrivées sont importantes depuis cet été, témoigne Véronique Mooser, cheffe du contrôle de l’habitant de la commune. Certains avaient déjà séjourné dans la région dans le passé et reviennent. Ils trouvent assez facilement un frère, un cousin ou un oncle, qui les loge et les aide à trouver du travail.»


Jeunes et qualifiés
Portrait type des nouveaux arrivants? «Ce sont surtout des jeunes, sans enfants, âgés de 20 à 35-40 ans, constate Abilio da Silva Rodrigues. La plupart sont bien qualifiés. Certains ont terminé l’université, mais ils n’ont aucune perspective de trouver du travail au Portugal. Je connais des ingénieurs qui travaillent comme manœuvres en Suisse.» De plus de 12%, le taux de chômage du Portugal est en effet un des plus importants de l’Union européenne, après l’Espagne (20%).
Du coup, les agences de placement voient les candidatures affluer. «En dix-huit ans dans le métier, c’est la première fois que je reçois autant d’offres de travailleurs d’un pays en particulier, note Jean-Paul Remy, directeur de la succursale de Start People à Bulle. La tendance est marquée depuis une année. En 2011, la situation économique a été bonne en Suisse. Beaucoup viennent tenter leur chance. Nous recevons directement des appels du Portugal, mais nous avons aussi des gens qui viennent nous proposer un cousin, un neveu ou un frère.»
Construction et santé
Traditionnellement, le secteur de la construction offre le plus de possibilités d’embauche aux nouveaux arrivants. «Mais certains trouvent aussi du travail dans les domaines de la mécanique et de la restauration ou dans les EMS et les hôpitaux», expose Abilio da Silva Rodrigues.
Ainsi, l’Hôpital fribourgeois (HFR) reçoit chaque semaine une quinzaine de candidatures spontanées. Des dossiers, expédiés pour la plupart directement depuis le Portugal, qui concernent des postes de médecin assistant, du personnel infirmier et des emplois dans la logistique. «L’augmentation du nombre de candidatures est sensible depuis six mois, relève Jeannette Portmann, chargée de communication à l’HFR. Il y a une année, nous n’en recevions pratiquement aucune.»
La plupart des travailleurs portugais sont rentrés au pays pour les fêtes de fin d’année. Mais, au Centre portugais de la Gruyère, Abilio da Silva Rodrigues en est persuadé, la plupart de ses compatriotes vont revenir. «Et on devrait assister à une nouvelle vague d’arrivées en mars, lors de la reprise des activités de la construction.»

 

Des classes dédoublées
L’importante arrivée de travailleurs portugais a eu des conséquences jusqu’au Cycle d’orientation de la Gruyère. A Bulle, la classe d’accueil pour enfants non francophones – où l’accent est mis sur le français, l’allemand et les mathématiques – a dû être dédoublée à la dernière minute. «Au mois de juillet, j’avais une dizaine d’élèves inscrits pour la rentrée 2011, explique le directeur
Olivier Grangier. Quatre jours avant le début de l’année scolaire, j’ai enregistré onze ou douze inscriptions, toutes d’enfants portugais. La crise économique du Portugal explique certainement ces arrivées. Notre effectif est ainsi passé à une vingtaine d’enfants. Avec l’accord du chef de service, nous avons pu dédoubler la classe. Car, dans un souci d’efficacité, le but est de travailler avec une dizaine d’élèves à la fois. Un enseignant a accepté d’augmenter son temps de travail. En janvier, j’ai prévu une discussion à ce sujet pour essayer d’anticiper les besoins pour la rentrée 2012.» TG

Commentaires

bondıas loterıo. tu es une belle femme. bonne année pour tout la famılle a bıentôt.Salut

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