Pour éviter le sevrage des fêtes

| lun, 26. déc. 2011
La période des vacances de fin d’année n’est pas le désert sportif que l’on nous présente parfois. Il suffit d’un brin de curiosité pour s’en rendre compte.

 

 
PAR MICHAËL PERRUCHOUD
 
Noël et Nouvel An sont synonymes de bombance, de dinde, de foie gras et autres pralinés et bombes glacées, autant d’orgasmes calorifiques censés laisser repus et sans désir l’homme téléphage du début du XXIe siècle. Mais voilà, les événements sportifs suivent un tel rythme tout au long de l’année que, même à l’heure du pousse-café, le sevrage s’avère difficile. Pour les plus atteints de nos contemporains, osons le dire, il existe, à l’heure du sapin, des compétitions passionnantes qui méritent d’être vécues en famille et qui changent des soirées testostérones de la Ligue des Champions.
Présentation des jeux et enjeux de ces deux prochaines semaines.
 
La Tournée des quatre tremplins
Le saut à ski se confond en Suisse avec la personnalité de Simon Ammann et son or autour du cou. Il est vrai que l’homme du Toggenburg est devenu l’une des figures de proue de ce sport étonnant. De Salt Lake City à Vancouver, ce n’est pas moins de quatre victoires olympiques individuelles qu’il obtiendra. Un record. 
Mais, pour les puristes, ce lutin multimédaillé ne fait pas partie du cercle des plus grands. Car il manque à son palmarès la compétition à laquelle tout sauteur rêve d’inscrire son nom: la Tournée des quatre tremplins. Entre l’Allemagne et l’Autriche, quatre concours (huit sauts) sont au programme. Depuis 1953, la Tournée n’a couronné que des champions capables de dompter les tremplins les plus différents et de résister à la folle pression du public et des médias.
 
Amman, Schlierenzauer et les autres
Ainsi, entre le 30 décembre et le 6 janvier, entre Oberstdorf, Garmisch, Innsbruck et Bischofshofen, grandes joies et renversements de situation seront au menu. Un seul compétiteur dans l’histoire est parvenu à remporter les quatres concours, grand-chelem presque aussi mythique que son pendant tennistique. Ce fut, il y a dix ans, le surdoué et tourmenté allemand Sven Hannawald, qui, par la suite, se révéla bien incapable de retrouver de tels sommets. Funambules des airs, champions esthétiques et fragiles, les sauteurs à ski ont tout pour enthousiasmer le public. Et la Tournée qui s’annonce ne devrait pas déroger à la règle.
Il est intéressant de savoir que celui que l’on présente comme le Mozart du saut, l’Autrichien Gregor Schlierenzauer, qui affole les compteurs par ses victoires à répétition et son étonnante précocité, n’a pas (encore) triomphé dans la mythique épreuve. Pas plus donc que notre Simon Amman national. Mais, cette année, ces deux prétendants naturels à la victoire doivent faire face à une opposition féroce, celle d’Andreas Kofler, vainqueur surprise en 2010 et qui tient la forme de sa vie, celle aussi de jeunes champions allemands qui n’en peuvent plus de la domination des petits frères suisses et autrichiens. Ajoutons que l’on dit Simon Amman hors de forme, mais que le Saint-Gallois sait se motiver lorsque l’enjeu est de taille. La suite de l’histoire bordera élégamment votre Saint-Sylvestre.
 
La Coupe du monde de biathlon
Au rayon des sports injustement marginalisés, on citera plus encore le biathlon, mélange de ski de fond et de tir, qui fait le bonheur des foules en Allemagne et en Norvège notamment. Sous nos latitudes, il faut être féru des entrefilets de page 32 pour connaître l’existence de la discipline. Le biathlon est ici considéré comme une lubie de farfelus dont le Vaudois Jean-Marc Chabloz fut longtemps l’unique et exotique représentant.
Pourtant, alors que le ski de fond invente des nouvelles épreuves pour avoir l’air télégénique et que le suspense manque souvent du côté du Combiné Nordique, le biathlon offre aux spectateurs images fortes et scénarios haletants. Personne ici n’a course gagnée avant que la dernière balle ne soit tirée. 
Maintenant retraités, le Français Raphaël Poirée, la Suédoise Magdalena Forsberg ou l’Allemand Sven Fischer, l’homme sans gants, ont su, au cours de la dernière décennie, enthousiasmer les foules par leur aura, leur caractère et leurs performances sur les skis. Ils ont donné à leur sport un lustre et une respectabilité indéniable. Quant au Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, encore bien présent à 38 ans, il est tout simplement considéré comme le plus grand athlète de l’histoire des sports d’hiver, l’égal dans le cœur des Norvégiens d’un Usain Bolt ou d’un Roger Federer.
 
Benjamin Wegger, le Suisse qui monte 
Un Haut-Valaisan de 22 ans pourrait bientôt convertir la Suisse à ce sport qui lui tend les bras (comment se fait-il que le pays des armes de service à domicile et de la Patrouille des glaciers n’ait pas succombé aux sirènes du biathlon? Mystère...) Benjamin Wegger est en effet le premier helvète a avoir obtenu deux podiums dans la discipline. Et le garçon a du sérieux, de l’appétit: ses performances ne doivent rien au hasard et il n’a aucune envie de s’arrêter là.
Dès le 4 janvier, sur des chaînes allemandes ou sur Eurosport, vous pourrez suivre les traditionnelles épreuves d’Oberhof, dans la forêt de Thuringe, en Allemagne, et communier avec un public nombreux et passionné qui s’entasse aux abords de la piste pour voir passer ces skieurs pourvus d’une carabine, curieux adeptes des accélérations de pulsation et de la maîtrise de soi.
Vous comprendrez alors toute la complexité de la gestion de l’effort... et peut-être assisterez-vous à la première victoire suisse dans l’histoire de la discipline. Ce qui serait, il faut l’avouer, une belle cerise sur un gâteau de fêtes plus riche qu’on ne pourrait croire.

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses