Le Tribunal pénal de l’arrondissement de la Gruyère, à Bulle, a condamné mardi un Fribourgeois de 38 ans à dix-huit mois de prison, dont douze avec sursis pendant quatre ans, pour lésions corporelles simples et tentative de lésions corporelles graves. Membre de la communauté yéniche de Châtillon, l’accusé avait fait usage de son couteau devant le snack-bar Viper, à Bulle, dans une altercation impliquant une dizaine de personnes. Son avocat a sitôt annoncé faire appel du jugement devant le Tribunal cantonal.
L’affaire remonte au vendredi 30 mai 2008, vers 23 h 30. La soirée se déroule sans incident jusqu’à ce que l’accusé, accompagné de son beau-frère, frappe violemment son téléphone mobile sur une table du salon de jeu gruérien. Le gérant de l’établissement invite alors les deux clients indésirables à quitter le bar. Devant leur refus d’obtempérer, il s’associe à deux habitués des lieux pour les mettre à la porte.
A l’extérieur, le ton monte et les insultes pleuvent. Le beau-frère de l’accusé, constatant leur infériorité numérique, s’éclipse vers son fourgon et en revient avec une barre métallique de 50 cm. Après discussion, il décide toutefois de la ramener à son véhicule. C’est alors que l’accusé, fortement alcoolisé, brandit un couteau suisse devant ses trois contradicteurs. Situé derrière lui, un quatrième homme tente alors de le désarmer par un coup de pied dans la main. Mais la manœuvre échoue et son auteur est ensuite touché par quatre coups de lame, dans le dos, sur la fesse et sur le bras. S’ensuit une bagarre générale impliquant d’autres membres de la famille de l’accusé, arrivés entretemps sur les lieux.
Rixe générale
En juin 2009, tout ce petit monde est reconnu coupable de rixe. Le porteur de l’arme blanche, quant à lui, écope de soixante jours-amende à 30 francs, avec sursis pendant cinq ans, et d’une amende de 800 francs. Tant l’avocat de l’accusé que le Ministère public, dénonçant respectivement la sévérité et la légèreté de la peine, forment opposition à l’ordonnance du Juge d’instruction. Après un complément d’enquête et de nouvelles confrontations, l’auteur et la victime des coups de couteau se retrouvaient ainsi, avant-hier, devant le tribunal bullois.
Très peu disert, le prévenu n’avait pas recouvré la mémoire des événements survenus après la sortie du bar. Cela ne l’a pas empêché, par le biais de son avocat, de réclamer 5000 francs d’indemnités à son contradicteur pour une main brisée lors de l’altercation. Insistant sur sa non-violence, justifiant la présence du canif par son travail, le trentenaire a également avoué quelques problèmes d’alcool et de dépression. Non sans prétendre n’avoir «aucune raison» de prendre des nouvelles des blessés, qui «ont dû également le chercher». Le plaignant, sobre au moment des faits, a lui relevé le «regard de tueur» de son assaillant, qui «ne voulait pas simplement blesser».
Un discours appuyé par Fabien Gasser, procureur général, dont le réquisitoire souligna «la haine et l’acharnement effrayants» du prévenu, loin du simple réflexe défensif. Et dont le coup de canif aurait pu provoquer la paraplégie de sa victime. Il insista aussi sur la mémoire sélective, l’instabilité, les antécédents ainsi que les contradictions de l’agresseur, qui avait d’abord nié l’usage d’une lame. «Un coup de couteau ne doit pas rester sans réaction judiciaire forte, à défaut d’être rapide», a conclu Fabien Gasser.
La défense de Maître Kaelin, mettant l’accent sur le nombre d’adversaires et «l’unique intention de repousser l’attaque», n’y a rien changé: tant la légitime défense que les prétentions civiles du prévenu n’ont pas trouvé grâce aux yeux des juges. En attendant le procès en appel.
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