PAR DOMINIQUE MEYLAN
Vous risquez de le voir un peu partout dans le canton pendant toute l’année 2012. Georges Godel a été facilement élu président du Gouvernement par le Grand Conseil. Le démocrate-chrétien succède au socialiste Erwin Jutzet.
Son premier discours restera dans les mémoires. Il était 13 h 41 le jeudi 22 décembre, quelques heures à peine après son élection, lorsque Georges Godel a accueilli, au nom du Conseil d’Etat, Alain Berset à Flamatt. On ne pouvait rêver plus belle entrée en matière.
La suite risque d’être plus harassante pour le Glânois. Erwin Jutzet avait prononcé quelque 140 discours pendant sa présidence, sans compter les séances du Conseil d’Etat à organiser. Georges Godel ne se montre pas excessivement inquiet. Il nous reçoit dans son nouveau bureau de la Direction des finances, qu’il a investi l’après-midi précédent.
Que souhaitez-vous aux Fribourgeois pour 2012?
J’espère que les Fribourgeois se retrouveront dans le Gouvernement et les autorités qu’ils ont élus. Je souhaite qu’ils obtiennent ce qu’ils voulaient quand ils ont désigné leurs représentants.
Que signifie pour vous être président du Gouvernement?
C’est drôle d’avoir été pendant trente ans à la tête d’une exploitation agricole et de se retrouver à ce poste. Cette fonction me convient bien: dans ma vie, j’ai toujours été appelé à diriger. En tant que président, je me sens une grande responsabilité. Je dois donner des impulsions, pour essayer d’offrir des perspectives, en particulier à la jeunesse.
Quelles impulsions?
Avant d’avoir composé le programme de législature, c’est dur à dire. Mais il faudra encore investir dans l’aménagement du territoire et les transports publics. En tant qu’élus, nous avons le devoir de donner une vision claire. Densifier le bâti a fait grincer les dents de certaines communes, mais dans vingt ans, on remerciera ceux qui ont mis en place l’aménagement du territoire.
Qu’allez-vous amener pendant cette année présidentielle?
Nous sommes au début de la législature et il me semble primordial de créer une ambiance de travail agréable. Pourquoi cette idée? Parce que le travail sera plus efficace dans ces conditions. Il faut pouvoir collaborer.
Quel sera le style Godel?
J’ai un style assez particulier, mais cela passe bien. Je ne me suis jamais forcé à changer. Un ancien conseiller d’Etat m’avait conseillé de rester moi-même.
Quels sont les gros défis de l’année 2012 pour le Conseil d’Etat?
Nous allons devoir élaborer un programme gouvernemental et un plan financier. Il faudra que cela tienne la route. Je suis optimiste de nature, mais je devrai être réaliste.
Quels seront les principaux thèmes de ce programme?
Pour avoir une cohésion sociale, il faut continuer à développer l’économie. Cela me paraît primordial d’éviter que le canton ne devienne une cité-dortoir. D’un point de vue fiscal, il faut trouver un équilibre entre le soutien aux entreprises implantées dans le canton, qui souffrent de la situation européenne, et des incitations pour faire venir d’autres sociétés.
Vous allez devoir prononcer un grand nombre de discours. Est-ce que vous les écrivez vous-même?
Non, mais j’en donne les lignes directrices. De temps en temps, je les écris.
Quel message allez-vous transmettre aux Fribourgeois pendant toute l’année?
Un message d’optimisme, tout en jouant la transparence et en disant clairement les choses. Je crois que les autorités n’ont pas le droit de créer une sinistrose. C’est aussi à nous, politiciens, d’amener un message positif. Il faut montrer à la jeunesse qu’il y a un avenir. Et cet avenir, c’est à nous de le prévoir.
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«Pour moi, un franc est un franc»
L’année 2012 s’annonce chargée pour Georges Godel. En plus de sillonner le canton en tant que président du Conseil d’Etat, il devra apprendre à maîtriser le budget et les comptes du canton. En tant qu’ancien membre et président de la Commission des finances et de gestion, il a déjà pu évaluer l’ampleur de la tâche.
Est-ce que vous ne craignez pas d’être surchargé en accumulant vos deux nouvelles fonctions?
ça, je vous le dirai à la fin de l’année. Ma philosophie est de m’entourer de gens compétents. Par ailleurs, s’il y a des difficultés, je suis persuadé que je pourrai compter sur mes collègues du Gouvernement.
Vous arrivez dans un département qui semble bien fonctionner. Les finances de l’Etat sont florissantes. C’est une chance pour vous?
C’est plus facile d’arriver à une fonction quand ça va mal! On ne peut que remonter la pente. Quand tout va bien, c’est compliqué de maintenir le niveau. Entre la conjoncture européenne, les exportations qui peinent et de mauvaises prévisions pour l’économie suisse, ça s’annonce assez difficile. Je ne suis pas inquiet, mais réaliste. Les problèmes arrivent, il faudra les affronter.
Quelles seront vos priorités?
Je suis arrivé dans ce bureau hier à 14 h. Il est encore trop tôt pour donner mes priorités. Je vais d’abord rencontrer l’ensemble de mes collaborateurs. De toute façon, au final, il faudra trouver un compromis entre les souhaits de chacun et la réalité des chiffres. Nous avons beaucoup investi pour la formation ces dernières années et cela me semble important. Il faut aussi continuer à faire en sorte que l’Etat devienne propriétaire, pour économiser des locations.
Au niveau personnel, comment gérez-vous votre ménage?
Pour moi, un franc est un franc. Les anciens conseillers communaux avec qui j’ai travaillé disent que je leur ai cassé les pieds avec cette expression. Je pense qu’il ne faut pas dépenser de l’argent qu’on n’a pas. Il ne faut pas faire porter le fardeau de l’endettement aux générations futures.
Vous êtes à la tête d’un tas d’or. Qu’allez-vous en faire?
Tout d’abord, il faut préciser que cette fortune est affectée à plus de 57%. Pour le reste, j’ai toujours dit qu’il ne fallait pas utiliser cet argent pour le fonctionnement de l’Etat. Si la situation économique se dégrade, nous serons contents d’avoir des réserves.
Serez-vous plus dur que Claude Lässer?
ça, je ne peux pas le dire. Le directeur des Finances doit analyser les dossiers sous l’angle financier. Il les examine en fonction du résultat escompté. Mais, il ne doit pas tout bloquer. Je n’ai pas pour habitude de barrer la route. DM
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