«Pour le parc naturel, le label, ça change tout et ça ne change rien»

| mar, 24. Jan. 2012
Après trois ans de préparatifs, le Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut est reconnu comme tel par la Confédération. Il fêtera son label le 4 février, à Montbovon.

PAR SOPHIE ROULIN


«Ça change tout et ça ne change rien.» Tel est le commentaire de Patrick Rudaz, l’un des deux coordinateurs du Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut (PNR), à propos de la labellisation tant attendue. Effectif au 1er janvier, ce label sera officiellement remis au parc le 4 février, à l’occasion d’une grande fête populaire organisée à Montbovon. L’occasion de faire un tour d’horizon non exhaustif du parc et de ses projets.

Ce que ça change
«Depuis 2008, nous sommes candidats et nous avons dû prouver que nous sommes capables d’être un parc naturel régional (PNR), explique Patrick Rudaz. En ce sens, la labellisation ne change rien à notre façon de travailler. En revanche, elle change tout parce qu’elle nous assure un financement pour les dix prochaines années.»
En clair, le parc est débarrassé du «BAFU-Übung» – exercice pour l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) – et peut désormais se concentrer sur ses projets. Ces derniers figurent dans le dossier très fourni que le PNR a soumis à l’OFEV. Les plans d’action se concrétiseront à quatre ans ou à dix ans, selon les projets.

Site internet
Parmi les priorités figure la création d’un nouveau site internet. «Jusqu’ici nous avions un site qui n’était pas totalement abouti, reconnaît Patrick Rudaz. Notamment parce que nous n’avions pas défini de charte graphique définitive avant d’être labellisés.» Un civiliste, informaticien de formation, planche sur un site performant et interactif.

Signalétique
Autre élément fondamental pour un parc, il doit se faire remarquer sur le terrain. Or, pour l’heure, rien n’indique qu’on entre dans le périmètre du PNR, d’où que l’on vienne. «La signalétique est quelque chose qui coûte cher. Nous ne pouvions pas investir sans avoir la garantie d’être labellisés. D’autre part, nous ne voulions pas précéder des décisions communales au sujet du parc.»
Si le label est fédéral, le financement est mixte. Cantons et communes assument une part importante du budget annuel. Les législatifs communaux ont approuvé le parc et son soutien financier.
Tous les feux étant désormais au vert, le PNR pourra investir. Un relais info existe déjà à L’Etivaz. Un autre ouvrira à Rougemont d’ici à la fin mars. Charmey, la vallée de l’Intyamon et les Rochers-de-Naye suivront en 2013. «Nous voulons que les visiteurs, mais aussi les habitants soient conscients qu’ils entrent dans le périmètre du parc.» Et Patrick Rudaz de rappeler la devise du PNR: «Un parc à vivre et à partager.»

Tourisme
Le développement du tourisme doux reste un des axes principaux d’un parc naturel régional. A ceux qui pensent que le PNR se substitue parfois aux offices du tourisme, Patrick Rudaz répond: «Nous sommes effectivement proches des milieux touristiques, mais nous ne nous substituons pas aux offices. Notre rôle est de travailler avec eux, pour diversifier leurs offres et proposer d’autres produits.»
Les balades, les activités qui s’appellent «Les sens du parc», le Grand Tour ont d’ailleurs été mis sur pied à leur demande. «Le groupe de travail qui planche sur ces offres est dirigé par le directeur de La Gruyère Tourisme, Fabien Mauron. Pour l’heure, nous avons essentiellement axé nos efforts sur la saison d’été, selon la volonté des acteurs sur le terrain. Nous allons maintenant nous intéresser aussi à l’hiver.»

Label produits
Les premiers produits labellisés seront présentés lors de la fête du 4 février. «Des fromages, évidemment.» Le label utilisé sera le même pour tous les parcs de Suisse, avec une signature distincte pour chaque région. «Une grande campagne de promotion est prévue au niveau national par l’OFEV. Nous devrons, quant à nous, élaborer notre propre communication. Qui devra apporter une plus-value par rapport à ce qui existe déjà.»
Si les fromages et les produits carnés sont en tête de liste des produits à labelliser, le miel, les confitures, les sirops et d’autres viendront également. «Et nous ne nous limiterons pas à l’alimentaire, des services pourront également bénéficier de cet outil de promotion.» Des balades, des mets ou des menus et le savoir-faire lié aux métiers du bois sont aussi dans le viseur.

Agriculture
La mise en réseau des zones de compensation écologique se poursuit sur Vaud. Le projet de vergers hautes tiges continue également de mobiliser les acteurs sur le terrain. «Un recensement des cerisiers est en cours pour voir ce qui existe encore. Il a déjà permis de trouver une espèce endémique.»
Un groupe de travail réfléchit à un système de parrainage des animaux, notamment pour les chèvres débroussailleuses. «Cette action a été mise en place à la demande des agriculteurs. Le parc a assuré le financement du lancement d’un projet pilote. Maintenant, on cherche comment le pérenniser.»

Écoles
Parmi les missions que l’OFEV donne en même temps qu’il attribue le label figure la sensibilisation à la nature, aux paysages et au développement durable. «L’école est un des deux axes choisis pour atteindre cet objectif, relève le coordinateur. Pour y parvenir, nous mettons sur pied un programme d’actions. Celles-ci sont facultatives, mais elles connaissent beaucoup de succès.» Sur les 1400 écoliers que compte le parc, 1200 y ont participé en 2011.
L’autre axe choisi est le programme de découverte du patrimoine ouvert à tout un chacun. «Le but n’est pas d’atteindre le touriste, mais de faire connaître leur propre région aux habitants. Ça a été le cas cet été avec les papillons de la vallée du Gros-Mont. Les habitants deviennent alors nos meilleurs ambassadeurs.»

 

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Comme un mécène pour la région
Dans le dernier numéro d’Objectif parc, vous expliquez à nouveau ce qu’est un parc naturel régional. Le message n’est pas encore passé?
Patrick Rudaz: Il nous semblait important de repréciser ce que nous faisons, de redire ce que nous sommes et ce que nous voulons devenir. Notamment en raison de l’échec du projet de parc dans le val d’Hérens. Très médiatisé, il a fait réapparaître un certain nombre d’idées fausses à propos des parcs.

Lesquelles?
On attribue aux parcs naturels régionaux des rôles qui ne sont pas les leurs. Et on le ressent sur le terrain: on nous sollicite parfois pour faire pression sur des éléments qui ne sont pas de notre ressort. On nous demande d’intervenir dans des affaires de défense du patrimoine ou de la nature ou sur des dossiers d’aménagement du territoire. Or, ce n’est pas notre rôle. Nous n’avons légalement aucun pouvoir. Les communes restent l’organe décisionnel dans ces domaines.


Comment définiriez-vous votre rôle?
Nous sommes à la fois une plateforme et un organe fédérateur. Nous offrons des compétences dont peuvent profiter les habitants et les organismes de la région. Et surtout, nous pouvons assumer le financement de projets pour lesquels aucun autre soutien n’existe. Sans le parc, les vergers hautes tiges de l’Intyamon et la châtaigneraie de Villeneuve n’auraient pas pu se développer. A moins qu’un mécène un peu fou ne se prenne de passion pour ces projets. Le parc joue ce rôle de grain de folie.

Mais vous avez besoin de passionnés qui proposent des idées…
Les projets se font en fonction des acteurs sur le terrain. Durant la phase de projet du PNR, nous avons fait des inventaires de ses spécificités et de ses richesses. Certaines mises en valeur sont prévues, notamment celle des murs en pierres sèches. Plus de 200 personnes sont impliquées dans les différents groupes de travail, en fonction de leurs intérêts. Pour l’heure, les préoccupations sont ailleurs que sur les pierres sèches, ce projet a donc été remis à plus tard.

Une idée reçue à laquelle vous aimeriez tordre le cou?
Un PNR ne sert pas à protéger la nature. Notre rôle est de créer un développement durable dans le périmètre du parc, ce qui implique que les projets soient respectueux de l’environnement, mais offrent également des avantages sociaux et économiques à ses habitants. Nous ne sommes pas un repaire d’écolos. SR

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