Jacques Bourgeois: «Je suis PDC-compatible sur de nombreux dossiers»

| jeu, 12. Jan. 2012
Le libéral-radical Jacques Bourgeois affrontera le socialiste Christian Levrat le 11 mars, lors de l'élection complémentaire au Conseil des Etats. Le directeur de l’USP devra rassembler les voix de droite.

PAR JEROME GACHET

Christian Levrat à gauche, Jacques Bourgeois à droite: le PDC jouera un rôle déterminant le 11 mars prochain pour désigner le successeur d’Alain Berset au Conseil des Etats. Après moult hésitations, le conseiller national et directeur de l’Union suisse des paysans Jacques Bourgeois (53 ans, domicilié à Avry) a décidé de se lancer dans la bataille, comme l’a annoncé hier le Parti libéral-radical. Le PDC, l’UDC et le PCS ne devraient pas présenter de candidat. La campagne pourrait se résumer à un duel Bourgeois-Levrat, avec l’indépendant Francis Fasel comme spectateur.

 

Jacques Bourgeois, même question que celle posée à Christian Levrat: avez-vous vraiment envie de ce poste?

Bien évidemment. Lorsqu’on s’engage, c’est parce qu'on a envie de siéger, de représenter et de défendre les intérêts de Fribourg au Conseil des Etats. Cette décision a été mûrement réfléchie et je suis pleinement motivé pour cette campagne.

 

Mais alors pourquoi avez-vous tellement hésité?

A cause des questions liées à mon poste de directeur de l’Union suisse des paysans. Mes activités actuelles de conseiller national équivalent à un 50 ou 60%. Moyennant quelques réaménagements, j’arrive à les concilier avec mon travail de directeur de l’USP. Au Conseil des Etats, le temps d’occupation est de 70 à 80%. Ce ne serait plus possible pour moi de cumuler. Et, comme je veux pleinement m’investir dans ce rôle de sénateur, je quitterai la direction de l’USP en cas d’élection.

 

Christian Levrat, lui, estime qu’il est possible de rester à la tête du PSS en étant conseiller aux Etats. N’est-ce pas une manière pour vous de le faire passer pour un «cumulard»?

Non, la décision lui appartient. Je constate simplement que le nombre de commissions est plus élevé au Conseil des Etats qu’à la Chambre du peuple et que le temps d’occupation est plus élevé.

 

Mais ne donnez-vous pas un signal négatif au monde agricole? En somme, vous dites à l’USP que vous êtes prêt à la lâcher...

Pas du tout. Si je suis élu, ce qui est l’objectif, je continuerai à défendre les intérêts des familles paysannes. Et en cas d’échec, ce serait le statu quo, puisque je conserverai mes deux postes de conseiller national et de directeur de l’USP. Je pense avoir prouvé par le passé que je suis un ardent défenseur de tout ce qui touche le domaine agricole. Je suis fils de paysan et mes racines ne changeront pas, quoi qu’il arrive.

 

Lors de l’élection au Conseil national, le 23 octobre, vous avez obtenu 17932 voix, là où Christian Levrat en décrochait 36951. Comment comptez-vous rattraper votre retard?

Il faut comparer ce qui est comparable. L’élection au Conseil national se fait à la proportionnelle, faisant la part belle aux apparentements. En octobre dernier, la gauche en avait tiré profit en partant unie. Je reconnais l’excellent résultat de Christian Levrat, mais les compteurs sont remis à zéro. Le 11 mars, le système sera majoritaire, en fonction des personnalités.

 

Ce qui peut vous permettre de vous imposer, c’est d’avoir toute la droite derrière vous…

Je tiens à préciser que ce type d’argument n’a pas pesé dans ma décision de me lancer ou non. Sur l’échiquier, je me situe au centre droit, dans la moyenne du PLR. Je ne fais pas de la politique partisane. Je recherche les majorités, les consensus pour faire avancer les choses. Je l’ai prouvé dans beaucoup de domaines, notamment dans la promotion des énergies renouvelables.

 

N’êtes-vous pas en train de nous dire que vous avez le profil idéal pour être sénateur à la différence d’un Christian Levrat…

Non, ce sera aux électrices et électeurs d’en décider. Il faut reconnaître que nous avons deux styles différents. Christian Levrat adopte une politique partisane, ce que je ne remets pas en doute vu son rôle de président du Parti socialiste suisse. C’est un constat. Je suis pour ma part un homme de dossier. Ceux qui me connaissent savent aussi que, quand je me fixe un objectif, je fais tout pour l’atteindre. Même quand la situation est désespérée comme c’était le cas dans le dossier de la souveraineté alimentaire.

 

La clé de cette élection, ce sera la position du PDC. Qu’attendez-vous de lui?

Le PDC a décidé de prendre position quand les candidats seraient connus. Il faut réfléchir au-delà du 11 mars, mais en vue de 2015 ou 2016. Une alliance PLR-PDC, un rapprochement, une recommandation de vote comme cela avait été le cas lors du deuxième tour des élections cantonales? J’espère évidemment que le PDC me soutiendra. Je suis PDC-compatible sur de nombreux dossiers. Au Conseil national, j’ai fait les 18% de mes voix sur des listes PDC.

 

Mais Christian Levrat avait obtenu plus de voix au PDC lors de cette élection?

C’est vrai. Mais, comme je l’ai dit, la donne sera différente. Avec le PDC, vous avez aussi des points de désaccord, notamment sur la sortie du nucléaire… Il y avait effectivement une nuance majeure: je ne comprenais pas pourquoi on voulait à l’avenir fermer la porte à la recherche. En revanche, j’étais parfaitement d’accord avec le PDC de sortir du nucléaire avec les réacteurs actuels.

 

 

Soutien du PCS à Levrat

Le comité directeur du Parti chrétien-social (PCS) a décidé, mercredi matin, de ne pas proposer de candidat pour l’élection complémentaire au Conseil des Etats. «Nous courions le risque de diviser la gauche», explique le président du PCS Philippe Wandeler. Le souhait que la gauche soit représentée à la Chambre des cantons a donc primé. Pourtant, le parti avait quelques candidats potentiels, à commencer par l’ex-conseillère nationale Marie-Thérèse Weber-Gobet. «Elle avait le défaut d’être alémanique comme Urs Schwaller», reconnaît Philippe Wandeler. Le comité directeur s’est également prononcé en faveur d’un soutien au candidat socialiste Christian Levrat. «Nous avons mené des discussions avec le PS sur notre coopération à long terme et l’appui qu’il pourrait nous apporter sur certains thèmes», rapporte Philippe Wandeler, sans apporter plus de précisions. Ces propositions devaient encore être avalisées, hier soir, en assemblée des délégués.

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