La nuit noire, un moyen sûr pour économiser l’énergie

| jeu, 19. Jan. 2012
Certaines communes n’hésitent plus à déclencher leurs luminaires durant la nuit. La mesure est écologique et bonne pour leurs finances. Autre alternative, le LED est prometteur, mais peu sûr encore.

PAR YANN GUERCHANIK


L’heure est à l’économie d’énergie pour les collectivités publiques. Le Conseil d’Etat fribourgeois a pour objectif la «société à 4000 watts» à l’horizon 2030. Dans ses communiqués, il estime sa stratégie «ambitieuse et réaliste». Quelque 1000 GWh/an de chaleur et 550 GWh/an d’électricité doivent être économisés. D’ici à 2018, les communes devront notamment réduire d’environ 40% leurs besoins en électricité. Dans ce contexte, elles sont invitées à revoir leur éclairage public et à suivre les programmes d’assainissement menés par les distributeurs.
Or, rien n’est plus efficace que l’extinction pure et simple (lire ci-dessous). Des candélabres tout bonnement éteints aux heures nocturnes les plus tardives, voilà qui était peu imaginable il y a quelques années encore. La tendance était plutôt de les multiplier pour une luminosité optimale. A présent, les communes n’ont plus peur du noir.
Siviriez avait joué les précurseurs en 2010. La commune glânoise avait fait le choix d’éteindre 80% de ses lampadaires. Près de deux ans plus tard, les économies sont toujours au rendez-vous. «Nous consommons environ la moitié de l’énergie utilisée auparavant et notre facture diminue d’autant», se félicite le syndic Michel Mauron. Depuis, d’autres communes du Sud fribourgeois ont suivi. En partenariat avec Groupe E, Bossonnens, Le Pâquier, Vaulruz et Gruyères ont mis en pratique la mesure.


Une prise de conscience
Sous l’égide de Gruyère Energie, Crésuz a également opté pour l’extinction depuis l’année passée. Durant la semaine, le déclenchement a lieu de minuit à 5 h 30 et le week-end de 1 h à 6 h 30, notamment pour éclairer les passagers qui profitent des dernières courses du bus TPF. «Les gens semblent satisfaits, nous n’avons reçu aucune plainte, indique le conseiller communal Nicolas Roschi. Je pense qu’il existe une prise de conscience par rapport aux économies d’énergie.»
La population semble en effet prête à sacrifier un peu de sa lumière artificielle pour la bonne cause. Pour le bien de l’environnement comme pour celui des finances publiques. Dernière arrivée sur la liste des adeptes de la nuit noire, Echarlens a pu ainsi compter sur des citoyens compréhensifs. «Nous avons présenté nos mesures d’éclairage lors de notre dernière assemblée, elles sont très bien passées auprès de la population», explique le nouveau syndic Antoine Gremaud, en charge du dossier. Et d’ajouter: «Quand on allie économie et écologie, les arguments sont convaincants.»
Plutôt que de déclencher un lampadaire sur deux dans ses quartiers, Echarlens a donc choisi de les éteindre tous. De dimanche soir au vendredi matin, de 23 h 30 à 5 h 30, et de samedi au dimanche matin, de 2 h 30 à 6 h 30, seule la route principale qui traverse le village sera éclairée. «L’avantage, c’est que l’horaire est adaptable», précise le syndic.
Chef de division technique chez Gruyère Energie, Pierre Castella explique en effet que rien n’est plus simple: «Il suffit de nous contacter pour que nous modifiions la programmation.» Et si l’expérience se concluait par un échec, il est toujours possible de revenir à un compromis. «Sur le terrain, nous câblons quoi qu’il en soit de manière à permettre un allumage alterné.»


L’allumage alterné
Des communes comme Riaz et Bulle, par exemple, ont préféré cette alternative qui consiste à ne faire fonctionner qu’un lampadaire sur deux. Dans les agglomérations plus importantes, il est parfois difficile de concilier l’extinction avec les critères de sécurité, principalement en ce qui concerne la visibilité sur les passages piétons. Mais les sensibilités citoyennes peuvent aussi s’afficher différemment.
A Bulle, il a déjà été question d’éteindre complètement l’éclairage public dans certains quartiers tard dans la nuit. Mais l’idée n’a pas été jugée très populaire. «Disons que, d’après les courriers que l’on reçoit sur ce sujet, chacun voudrait le candélabre devant chez lui», résume le conseiller communal Pierre Pythoud. Pour l’heure, le chef-lieu gruérien a suspendu le programme d’assainissement de son éclairage public.
«Le nouveau Conseil général a proposé la création d’une commission de l’énergie, explique Pierre Pythoud. Pour ne pas lui couper l’herbe sous les pieds, nous allons attendre sa création et lui permettre ainsi de s’impliquer dans la prise de décision. Qui sait? Peut-être que cette commission poussera pour une coupure de l’éclairage.»
 

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Quid du LED?
Le nec plus ultra en matière d’éclairage, c’est le LED. Encore impensables il y a peu, les diodes électroluminescentes se proposent aujourd’hui d’éclairer les lanternes des collectivités et des industries. Quant à savoir si elles sont l’avenir de l’éclairage public, rien n’est moins sûr, selon Pierre Pythoud, conseiller communal bullois qui a étudié cette option.
«Pour un point lumineux à Bulle, une LED représente une économie de consommation électrique de 10% comparée à une ampoule dite économique, soit 5 francs par an. En revanche, son installation coûte près de 29 francs de plus par année, si l’on considère le prix d’achat (500 fr. la platine LED pour 60000 heures théoriques de durée de vie contre 30 fr. l’ampoule économique pour 16000 heures) et une utilisation d’environ 4000 heures par année. Ce n’est donc pas valable économiquement. Et, surtout, nous avons encore peu de recul en ce qui concerne leur fiabilité et leur durée de vie réelle.»
Quant à la qualité d’éclairage, Pierre Pythoud a demandé à ce que soit installé prochainement un candélabre muni de LED au chemin du Stand. «Pour que les gens se fassent une idée de cette lumière assez particulière.» La route, de la déchetterie à Glas Trösch, sert en quelque sorte de zone test. Plusieurs modèles de candélabres avec fiches informatives (photo) y sont installés. YG

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Economies substantielles
Les programmes d’assainissement de l’éclairage public vont bon train dans les communes. Si elles sont quelques-unes à éteindre tout bonnement la lumière à certaines heures de la nuit, toutes devront changer leurs lampadaires à vapeur de mercure d’ici à 2015. Groupe E compte déjà près d’une vingtaine de communes sud fribourgeoises sous contrat d’assainissement.
«En remplaçant ces lampadaires par des lampes à vapeur de sodium ou des LED (voir encadré) et en réduisant la puissance de leur éclairage, les communes peuvent facilement économiser 40% d’électricité. En éteignant les lampadaires dans certains quartiers résidentiels, elles peuvent encore augmenter cette économie d’énergie», indique Christophe Kaempf, porte-parole de Groupe E.
Le distributeur soutient les communes à hauteur de 9 millions de francs, sur les 30 millions que coûterait l’assainissement de tous les lampadaires des collectivités que l’entreprise dessert dans les cantons de Fribourg, Neuchâtel et Vaud. En contrepartie, ces localités confient la maintenance de leur éclairage public à Groupe E. Le même type de sponsoring est pratiqué par Gruyère Energie. La société régionale investit ainsi 650000 francs pour le remplacement des lampadaires à mercure dans les communes qu’elle dessert. YG
 

Commentaires

Félicitons ses communes actives qui manifestent leur intérêt vers l'économie d'énergie. Si l'on peut tout à fait tolérer qu'une signalisation illuminée de clinique, de poste de secours ou d'une station de carburant, que dire de ces entreprises qui favorisent la pollution par le maintien particulièrement stupide de leurs enseignes lumineuses allumées toute la nuit... et parfois sur des tronçons de chaussées très peu fréquentés qui plus est hors des localités...

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