PAR JEAN GODEL
Sans surprise, Christian Levrat se lance dans la course à la succession d’Alain Berset au Conseil des Etats. Sa candidature sera proposée jeudi prochain aux délégués socialistes qui se réuniront en congrès à Fribourg en présence du nouveau conseiller fédéral. Le comité directeur du PS en a décidé ainsi jeudi soir à l’unanimité. Le Vuadensois était seul en lice. Entretien.
Christian Levrat, en avez-vous envie, de ce siège de sénateur?
Oui! Politiquement, c’est un poste qui touche plus de domaines – on peut siéger dans davantage de commissions – alors que jusqu’à présent, je m’étais centré sur les sujets sociaux et économiques.
Avez-vous le bon style pour le Conseil des Etats?
On me fait le même procès, mais à l’envers, qu’à Alain Berset qu’on disait trop lisse pour le Conseil fédéral. C’est la même paresse! Mais à la Constituante, j’étais en charge de la création de consensus. J’ai dirigé durant dix ans de grandes organisations nationales, ce qui ne se fait pas à coups d’effets de manche. Quant aux débats parfois animés au PS, ils demandent un modérateur.
Vous serez moins visible…
C’est dans l’intérêt du parti. J’ai été très présent ces dernières années pour redonner une identité forte au PS. Là, on laisse émerger d’autres figures.
Sénateur et président du PS: défendrez-vous votre canton ou votre parti?
Mon canton. Aux Etats comme au National. Je l’ai prouvé dans le dossier agricole et celui de la péréquation financière. Cela a toujours été clair: j’ai été élu par les Fribourgeois, je défendrai donc Fribourg quand des intérêts spécifiques seront en jeu.
Cette candidature indique-t-elle une certaine lassitude?
Non, mais l’envie d’adapter mon travail parlementaire. Je connais le Conseil national par cœur. J’aspire assez à travailler dans une chambre plus concentrée, aux thèmes plus larges et où les gens ont plus de distance avec les sujets traités.
Est-ce compatible avec la présidence du parti?
J’ai de la peine à comprendre qu’on admette que des conseillers aux Etats de droite siègent dans vingt ou trente conseils dadministration et que l’on pose la question de manière beaucoup plus critique à un homme de gauche qui souhaite garder la présidence de son parti…
Cette présidence vous-fait elle encore envie?
C’est dans l’intérêt de la population et du parti que je la conserve pendant une législature. Au PS, on a développé un projet à long terme. Et des débats tels que celui sur la politique migratoire ne peuvent se faire qu’avec des présidents bien installés. Mais si je dois constater une difficulté pratique, je renoncerai immédiatement au mandat de président.
La gauche part-elle unie?
On va en discuter avec toutes ses composantes. Mais j’ai l’impression que l’on sous-
estime cette campagne: elle sera très difficile. Ce n’est pas parce que j’ai fait deux fois plus de voix que le premier des radicaux ou fait le meilleur score au National jamais établi à Fribourg que ça sera facile. Car il s’agit d’une élection complémentaire au système majoritaire.
Craignez-vous le rapprochement du PDC et du PLR?
Je le trouve peu compréhensible: on sort d’élections fédérales où les deux partis se sont violemment opposés. A Berne, les deux groupes sont au coude à coude avec chacun 41 élus. Un coup de main du PDC à Fribourg signifierait un affaiblissement du PDC à Berne! Et le bilan des dernières années est clair: la formule gagnante est celle du duo PDC-PS qui a permis au canton d’utiliser intégralement ses potentiels. Le peuple a confirmé ce duo depuis trente ans à une seule exception près, entre 1999 et 2003.
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