Une colonie de rats a squatté la déchetterie romontoise

| mar, 31. Jan. 2012
On n’attendait pas la venue de rats à la déchetterie de Romont. C’était oublier qu’ils adorent les déchets et qu’ils ont une incroyable capacité d’adaptation. A Bulle ou Châtel, en revanche, on n’a jamais vu ces bestioles.

PAR MARIE-PAUL ANGEL


«Ils ont la boisson et le repas à disposition, avec la Glâne tout près et nos déchets verts», dit le syndic Roger Brodard. «Ils»? Les rats. Une colonie a pris, l’été passé, la fâcheuse habitude de s’abonner au resto du cœur de la déchetterie romontoise, à la route de Massonnens.
«Au début, on en a vu des dizaines», témoigne Joseph Defferrard, chef de la voirie. «Depuis la nouvelle loi, nous n’acceptons plus les déchets alimentaires ou cuits, mais uniquement les déchets végétaux.» Force a été, au responsable de la déchetterie, de constater que «les poisons se sont révélés inefficaces». D’où le recours à un dératiseur professionnel. «Cette semaine, on a vidé le compost. Et nous n’avons pas revu un seul rat», rassure Joseph Defferrard.


Une saine réaction
«Je fais partie de l’Association romande des chefs de voirie. L’invasion des rats est un problème que l’on rencontre partout.» Le responsable de la déchetterie relativise, en louant la saine réaction de la commune de Romont, qui a informé ses citoyens (via son dernier communiqué de presse trimestriel de décembre 2011) et pris les mesures qui s’imposaient. «Selon le dératiseur, ces rats viendraient de la Broye, d’où arriveraient aussi, maintenant, les ragondins.»


Situation sous contrôle
La commune a confié le mandat, à l’entreprise AS Désinfection SA, à Villarlod, d’éradiquer l’indésirable colonie de rongeurs. Cette société est certifiée Bio-Suisse, un label qu’elle serait la seule à détenir dans le canton, selon son représentant, Roger Keller. Quatre traitements et contrôles sont planifiés par an pour Romont. Le contrat, d’une durée de trois ans, est reconductible tacitement d’année en année. La méthode consiste en appâts fermés, hautement sécurisés.
«L’inspection des lieux, par l’entreprise, montre que la colonie de la déchetterie est sans lien avec les rats vus en d’autres lieux de la ville», précise Roger Brodard. Le syndic fait la distinction entre la colonie de la déchetterie – dont l’éradication est du ressort de la commune, par son rôle d’autorité sanitaire locale qui lui est dévolu par la loi cantonale – et les rats de cave, qui apparaîtraient ailleurs, leur éradication incombant aux particuliers, en vertu des dispositions légales.
«C’est un problème auquel on ne s’attendait pas du tout», analyse Roger Brodard. Mais il est vrai que l’on a encore assez peu de recul quant à notre mode de tri des déchets depuis la disparition des décharges à ciel ouvert, où rats et corbeaux devaient s’en donner à cœur joie, sans que nous en fussions informés. A Romont, le règlement communal date de 1999.
«Ces bestioles sont si intelligentes et si méfiantes qu’elles reconnaissent le poison. Lors-qu’elles voient qu’un congénère y a succombé, elles évitent d’y toucher», raconte Bertrand Guillaume, chef du service technique de la commune, qui ne voudrait pas que l’image de sa ville prenne une connotation négative pour cette histoire, selon lui, à ne pas fouetter un chat.


Rien d’agréable
Personne n’a été attaqué et encore moins mordu, le rat fuyant l’homme. Sa seule obsession: manger! «Après la première intervention de l’entreprise mandatée, les rats se sont faits très rares. N’en reste pas moins que d’en voir un seul n’est pas agréable», conclut Bertrand Guillaume.
Epiphénomène dans la vie d’une ville? Ou avertissement sanitaire à l’heure où villes et villages sont pris de croissance démographique et territoriale, avec pour corollaire un accroissement des déchets?


RAS à Bulle et à Châtel
D’autres villes du Sud fribourgeois touchées par ce fléau? Bertrand Niquille, au service technique de Bulle, est formel: «On n’a jamais vu de rats. Il y a trop de bruit, trop de mouvement à la déchetterie.» Idem du côté de Châtel-Saint-Denis. Pascal Genoud, ingénieur de ville, fait savoir que, jusqu’à présent, la cité n’a jamais été confrontée à ce problème. Mais Genève, en pleins travaux avec trous de souris partout, avait subi une forte invasion de rats, selon un reportage de la TSR du 19 mai 2010. Et la vieille ville de Fribourg n’est pas épargnée.
 

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Sans lui, les égouts de Paris seraient bouchés
Roger Keller, de l’entreprise AS désinfection à Villarlod, démystifie le problème. Dans nos sociétés «hygiénistes», rats et commensaux font tache. Comme les poux sur une jolie petite tête blonde les ayant attrapés à l’école, malgré le passage quotidien sous la douche… «Aux USA ou en Angleterre, des hôtels de luxe affichent, à l’entrée, une plaque indiquant le contrôle de l’entreprise de dératisation. C’est un label d’hygiène.»
Le rat n’est pas «méchant». Il n’attaque pas l’homme. Mais il est le vecteur, par ses puces, et son urine, qu’il dépose partout et continuellement, de plein de maladies. De la peste, qui a défrayé l’histoire de l’humanité, à la salmonellose et la leptospirose.
Bien qu’il le combatte, Roger Keller est pourtant le premier à reconnaître à cet ennemi, le rattus norvegicus, une grande qualité. Sans lui, les égouts seraient bouchés. A Paris, les rats absorberaient ainsi quelque 800 tonnes de déchets par jour. Inimaginable! Meilleurs éboueurs du monde, les rats sont devenus, étrangement, la meilleure carte de visite touristique de la ville de Hamelin, en Allemagne, rendue célèbre par la légende de son joueur de flûte…


«On déteste en parler»
«Dans notre pays, les mentalités sont autres que dans les pays anglo-saxons. Le problème doit être pris avec des pincettes, autorités, institutions et privés détestant en parler. Le vrai problème, c’est justement de cacher les choses – ne serait-ce que des essaims de guêpes – en croyant que l’on peut le régler tout seul. Les entreprises spécialisées ont les moyens de contrôler la situation en recourant à des méthodes avancées et efficaces, avec formations continues», explique Roger Keller. Il ne dément pas la vérité populaire selon laquelle il y aurait, sur cette planète, un rat pour un humain.
Selon lui, deux espèces animales, actuellement, en Suisse, se distinguent par leur capacité d’adaptation à un environnement humain en mutation: les rats et les corneilles. «Elles vivent en sociétés organisées, avec des règles et surtout un talent d’observation de nos moindres faits et gestes.» MPA

Commentaires

Bonjour L'estimation de 800 tonnes de déchets consommés par jour par les rats parisiens ne repose sur aucune étude sérieuse. Nous vous invitons à lire l'ouvrage "L’histoire des rats et des hommes" (http://www.pestcontrolmedia.com/lHistoire-des-hommes-et-des-rats-librairie-mammiferes.php?langue=francais), qui devrait être publié en juin 2011, et qui contient une expérience dénombrement de rats dans les égouts.

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