«On ne peut plus se permettre d’avoir quelqu’un d’effacé»

| mar, 28. fév. 2012
Les principales échéances électorales passées, plusieurs partis changent de président ce printemps. Le poste exige de multiples compétences.

PAR DOMINIQUE MEYLAN


S’il est un mot qui revient dans la bouche de tous les présidents de parti, passés ou présents, au moment de décrire les qualités requises pour ce poste, c’est certainement l’adjectif «disponible». La charge demande beaucoup de temps et ce temps doit être extensible selon les événements. La journée, le soir, le week-end, tout y passe en fonction de l’actualité, des échéances électorales, des assemblées et des réunions. Au final, la charge correspondrait à un emploi entre 20 et 40%. «Je peux compter sur une main les week-ends que je n’ai pas consacrés au parti depuis quatre ans», témoigne Gilberte Demont, présidente de l’UDC.
Les médias, d’abord, exigent une disponibilité de tous les instants. Au travail ou en vacances, le président doit pouvoir réagir vite sur n’importe quel sujet d’actualité. «Je faisais régulièrement un jeu, raconte l’ancien homme fort du PLR Charly Haenni. J’écoutais les informations de 6h et j’essayais de prendre position en tant que président de parti.»


Un leader charismatique
Cette présence dans les médias dessine l’image extérieure du parti. Pour Solange Berset, qui a présidé la destinée du PS pendant six ans, c’est clair. «Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre d’avoir quelqu’un d’effacé.» Selon Marc Antoine Messer, qui dirige les Verts, «il faut incarner le parti d’une façon persuasive. Un président se doit d’être communicateur, pour convaincre tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.» Présence et image sont essentielles, puisqu’elles peuvent pallier des revers électoraux. Charly Haenni estime que, pendant un temps, «le PLR fribourgeois a été plus présent médiatiquement que ne le prédestinait sa force politique».
Revers de la médaille, un président de parti est également très exposé. Aux élections, «une victoire est toujours le fait des candidats, une défaite la faute du président», résume Marc Antoine Messer. «Forcément, c’est la personne qui va ramasser les coups», admet Solange Berset. Toutefois, le dirigeant s’appuie sur une équipe. «La direction est tout aussi responsable», nuance Gilberte Demont.


Chef d’équipe
La charge ne s’arrête pas à ce rôle de communicateur. La direction interne du parti demande également beaucoup de temps et de finesse. Cela commence par quelques connaissances générales. «Une compréhension du terroir politique fribourgeois avec ses particularités historiques est indispensable, estime Charly Haenni. J’ai été surpris par les sensibilités différentes qui existaient au sein de mon parti.» Pour Solange Berset, «il faut être à l’écoute et rassembler».
Gilberte Demont souligne l’importance de prendre en compte les deux communautés linguistiques. «Pratiquement, tout doit être traduit», afin que tous les membres se sentent inclus. Pour arriver à faire le joint entre les différentes tendances, «il ne faut pas être trop proche d’une aile, considère Marc Antoine Messer, et mettre parfois de côté un avis plus tranché».  


Fin stratège
Un président mène la destinée de son parti. Il est essentiel pour lui d’avoir un coup d’avance, selon Charly Haenni. La politique est faite d’alliances et «il faut sentir d’où vient le vent». Cela implique également de définir une ligne et une stratégie. Gilberte Demont évoque la nécessité d’une vision à moyen et long terme. «Maintenant que les élections sont terminées, il faut déjà motiver les troupes pour 2015 et 2016.»
Actuellement, la majorité des présidents de parti fribourgeois ne sont pas députés. Le socialiste David Bonny a vécu les deux cas de figure, puisqu’il a accédé au Grand Conseil pendant son mandat. Il souligne l’importance des contacts noués à l’Hôtel cantonal. «La politique fribourgeoise se fait au Grand Conseil», estime Charly Haenni. Un président qui n’est pas député doit travailler davantage pour se maintenir informé.
Le poste est exposé, il n’offre aucune garantie électorale, il demande beaucoup de temps et pourtant, les présidents se déclarent plutôt heureux d’offrir cette énergie à leur parti. «J’en garde un bon souvenir, rapporte Solange Berset. C’était une période enrichissante.» La fonction est majoritairement bénévole. Tout au plus, certains partis défraient leur président.

 

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La valse des présidents
Le mouvement paraît cyclique. Au terme de certaines échéances, les partis renouvellent leur direction. Le dernier grand bouleversement avait eu lieu en 2008 quand l’UDC, le PLR et le PS avaient changé de président. Cet hiver, le PDC a ouvert le bal avec l’élection, il y a presque deux semaines, d’Eric Menoud qui remplace les deux coprésidents sortants Urs Schwaller et Thérèse Meyer-Kaelin. D’autres partis devraient suivre le mouvement. L’UDC doit désigner, le 22 mars, un successeur à Gilberte Demont. La direction n’a encore révélé le nom d’aucun papable. Tout au plus apprend-on, dans la bouche de sa présidente, «qu’il n’est pas facile de trouver un successeur, à cause de l’énorme investissement en temps que cela implique». Les Verts réélisent leur président tous les deux ans. La procédure a été ouverte la semaine passée. L’élection, prévue le 4 avril, pourrait déboucher sur le statu quo. Marc Antoine Messer, est candidat à sa réélection. Quant au PLR, il laisse planer le doute. L’actuel président Jean-Pierre Thürler se refuse à tout commentaire. «Je m’exprimerai en temps voulu.» Lorsqu’il avait pris la présidence il y a quatre ans, il avait toutefois évoqué une fin de mandat au terme des élections. DM
 

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