PAR DOMINIQUE MEYLAN

Une expertise, commandée par la ville de Fribourg, affirme ce qu’aucun automobiliste ne pourrait imaginer. La mise en sens unique de l’avenue de la Gare, le 12 juillet 2010, a eu pour effet de diminuer la circulation. C’est précisément l’un des buts de ce rapport: grâce à des mesures et des valeurs techniques, déterminer l’impact réel de cette restriction, en dehors de tout débat émotionnel.
Les chiffres, présentés hier en conférence de presse, semblent donner raison à la ville. La charge de trafic a été mesurée au printemps 2010, puis un an plus tard au moment où le sens unique avait commencé à déployer ses effets. Les passages enregistrés sur l’avenue de la Gare ont diminué de presque 50%, une baisse logique puisqu’il ne reste qu’une voie de circulation. Le trafic s’est partiellement reporté sur l’avenue du Midi, la rue Louis-d’Affry, l’avenue de l’Europe et le passage du Cardinal. «Nous sommes confrontés à un problème général que personne ne pourra résoudre», admet Thierry Steiert, conseiller communal en charge de la police locale et de la mobilité.
Mais, les transferts sont plus modestes que prévus. En un an, la circulation a diminué de plus de 3% dans le secteur. Pour la ville, un premier objectif est atteint. Aussi, en termes de pollution de l’air.

Un feu pour les piétons
Une légère adaptation est toutefois prévue. Le Conseil communal a décidé de réintroduire un feu pour les piétons. Les conducteurs de bus sont gênés par le flux continu des passants qui vont de Fribourg-Centre à la gare. C’est principalement pour cette raison qu’une signalisation sera remise en service aux heures de pointe.
Dans les quartiers d’habitation également, les reports sont moins importants que prévus. «L’impression subjective très forte ne correspond pas aux constats objectifs.» Thierry Steiert s’est dit lui aussi étonné de ce résultat. Les mesures indiquent une diminution générale de 10% du trafic dans les quartiers de Gambach et du Guintzet entre 2010 et 2011. Ailleurs, selon le Conseil communal, les mesures de modération mises en place avant même le sens unique, auraient porté leurs fruits. Les avenues Jean Gambach et Moléson font toutefois exception.
Dans le quartier de Gambach, les autorités espèrent réduire le problème avec une réglementation du parcage. Afin d’atténuer le bruit, un revêtement phono-absorbant sera posé sur différents axes. Il donne déjà satisfaction à l’avenue de l’Europe et à la route de Morat.

Axes d’entrée engorgés
Selon cette expertise, les seules voies à souffrir indirectement du sens unique sont les axes d’entrée de la ville. En un an, la circulation y a augmenté de 2,3% en moyenne. Il semble qu’une part du trafic ne passe plus par le centre, mais profite de ces voies de transit.
Pour le Conseil communal, on ne peut imputer la responsabilité totale de ces embouteillages au sens unique. Une bonne part serait due au taux de motorisation croissant des Suisses. Répondre à ce problème reviendrait à réfléchir à la circulation à l’échelle du Grand Fribourg. Le plan d’agglomération de 2e génération apporterait quelques réponses, avec son projet de route de ceinture.
Thierry Steiert admet que l’équation n’est pas totalement résolue. Mais, il souligne que toutes les villes suisses sont confrontées au même problème. Pourtant, l’importance de désengorger le centre cantonal est revenue plusieurs fois en conférence de presse. «Quand on réfléchit à un parc technologique comme celui prévus sur le terrain de Cardinal, il faut penser à la circulation», a rappelé Pierre-Alain Clément. «Le renforcement du centre cantonal et la densification des constructions génèrent du trafic», a souligné Jean-Charles Bossens, chef du Service de la police locale et de la mobilité, avant de louer le plan d’aménagement local.