Le roi et ses sages sujets

| jeu, 09. fév. 2012
Le duo Roger Federer-Stanislas Wawrinka a tenu la vedette hier à Forum Fribourg. Près de 2500 spectateurs ont suivi les champions à l’entraînement. Rencontre avec le «tendeur de cordes» des Suisses et de Roger Federer

PAR THIBAUD GUISAN


Le radar avait l’humeur facétieuse hier à Forum Fribourg. Longtemps bloqué à 117 km/h, l’écran a fini par afficher des pointes à 167 et à 176 km/h sur les services de Roger Federer et de Stanislas Wawrinka.
A deux jours du coup d’envoi du 1er tour de la Coupe Davis face aux Etats-Unis, le duo s’est montré au public fribourgeois sur le coup de 13 h 04. Les champions olympiques de Pékin s’en sont allés deux heures plus tard sous les applaudissements.
Le roi Federer a salué d’un signe de main. Son coéquipier a quitté la salle en portant sa petite Alexia. Raquette en mains, la fillette de bientôt 2 ans – elle les fêtera dimanche! – s’est aussi offert un galop d’échauffement sur la terre battue. «C’était un bon entraînement», nous a lancé le Vaudois sur le chemin du vestiaire.


Le hop Suisse n’a pas pris
La séance a été suivie par près de 2500 spectateurs. Un public nombreux, mais sage. Il y a bien eu des salves d’applaudissements et quelques «Roger, t’es le meilleur», mais plutôt discrets. Le calme, sans doute avant la tempête de la fin de la semaine. Même le «hop Suisse» n’a pas pris. Lancé à 13 h 56, il a duré… cinq secondes! Le chahut a en fait surtout éclaté quand les tennismen ont catapulté des balles dans les tribunes.
Car c’est une majorité d’enfants qui ont colonisé Forum Fribourg hier après-midi. Tel ce garçon de 7 ou 8 ans lançant à son père: «Papy, il y aura Djokovic?» Réponse embarrassée: «Euh, non, c’est contre les Etats-Unis qu’ils vont jouer.»


Victoire au tie-break
A quelques heures du tirage au sort des matches – ce jeudi à midi – Roger Federer et Stanislas Wawrinka se sont affrontés sur un set.  Verdict? Victoire du Bâlois au tie-break en un peu plus d’une demi-heure. Le tout montre en main pour le numéro 3 mondial, tandis que le capitaine Severin Lüthi et le coach Ivo Werner officiaient comme ramasse-balle.
Stanislas Wawrinka (ATP No 28) a fait souffrir son partenaire par quelques amortis bien sentis. Federer a répliqué par ses coups droits impériaux sur les lignes.
Le Bâlois a même réservé au public fribourgeois deux coups droits entre les jambes dont il a le secret. C’était en deuxième partie d’après-midi, dès
14 h 15, quand l’équipe de Suisse a entraîné le double. D’un côté, Federer et Wawrinka, de l’autre Marco Chiudinelli (ATP 190) et Michael Lammer (ATP 251), les numéros 3 et 4 suisses.


Même le Moléson
Roger Federer l’avait avoué en conférence de presse: il ne connaît pas Fribourg. Petite consolation. D’ici la fin de la semaine, le Bâlois aura l’occasion de faire connaissance avec la Gruyère. Le Moléson a en effet vue sur court, placardé en photo, juste à côté d’une désalpe et de l’île d’Ogoz. Le numéro 3 mondial n’aura même pas besoin de disputer le Grand Prix de la Gruyère pour se familiariser avec le paysage local.

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Cordeur de Roger depuis 2004
Au bord du court, un homme en training rouge à croix blanche rit comme un bossu avec l’Américain John Isner, qui vient de terminer son entraînement. On lui demande ce qu’il fait là. «Je m’occupe des raquettes des joueurs suisses», explique-t-il. Des joueurs suisses, mais aussi de tous les meilleurs tennismen du monde (sauf Nadal) que sont Djokovic, Murray, Söderling, Monfils et… Roger Federer. Il se trouve que Nate Ferguson est le fondateur de Priority One, entreprise qui s’occupe de tendre les cordes de tous ces messieurs (depuis 2004 pour Federer et depuis 2005 pour l’équipe de Suisse).
Comment devient-on «tendeur de cordes»? «J’ai appris le métier chez l’homme le plus réputé du circuit dès la fin de mes études. En 1998, Pete Sampras m’a demandé de devenir son cordeur personnel. Je l’ai accompagné partout mais, à un moment donné, je savais bien qu’il allait finir par prendre sa retraite (rires). J’ai étendu mon réseau et, avec mes quatre collaborateurs, nous nous occupons désormais d’une quinzaine de joueurs.»
Quel est son rôle cette semaine pour le premier tour de  la Coupe Davis? «Oh, pour l’instant, c’est assez tranquille. En raison de l’altitude (n.d.l.r.: 667 m seulement pour Fribourg, mais par rapport à Melbourne, au bord de l’océan, ça change), il faut les tendre davantage. J’ai peut-être retendu huit raquettes depuis lundi. Par contre, ça va être chaud durant la compétition. De jeudi soir à vendredi matin, je devrai préparer 25 raquettes pour les quatre joueurs.»
S’il voyageait davantage par le passé, Nate Ferguson, 48 ans, cible un peu plus ses déplacements depuis qu’il a sa propre entreprise. «Je me rends sur les tournois du Grand Chelem et les Masters series, ce qui me fait une vingtaine de semaines par année.» Après l’Open d’Australie, le cordeur a quitté Melbourne pour sa Floride natale, où il a passé une semaine avant de découvrir le charme de l’hiver helvétique…
Vive les cinq étoiles
Le règlement de la Coupe de Suisse stipulant que les équipes doivent loger dans des cinq étoiles, et comme il n’y a aucun établissement de ce standing dans le canton de Fribourg, les Suisses se sont repliés dans un palace de Montreux. Nate Ferguson apprécie: «Wouhah! L’hôtel est magnifique! Et quelle vue sur le lac… C’est le charme de la Coupe Davis. Parce que quand je voyage à mon compte, je vous assure que je ne m’offre pas de cinq étoiles!» KA

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