PAR LARA GROSS/PRISKA RAUBER/SOPHIE ROULIN
La bise fait son retour, renforçant la sensation de froid. De l’air polaire s’est abattu sur nos régions depuis quelques jours, provoquant quelques sueurs froides au commun des mortels.
Autos et dépannages
Record absolu d’appels entre jeudi et dimanche pour le TCS qui a enregistré plus de 22000 appels, soit cinq fois la moyenne d’un mois de février, qui oscille normalement à près de 1400 appels quotidiens. Swiss Car Barras, à Vuadens, a aussi été sollicité à maintes reprises ces derniers jours. «Un week-end normal, nous avons une dizaine d’interventions, estime Patrick Fawer, collaborateur. Ce week-end, nous en étions à une centaine.» En cause, principalement des batteries à plat, des serrures et des freins à main gelés, ou un peu de tôle froissée.
«Un bon service avant l’hiver, c’est la meilleure solution pour éviter les mauvaises surprises», observe Patrick Fawer. Les détenteurs de véhicules roulant au diesel ont aussi fait les frais de ces frimas. «La paraffine contenue dans le diesel gèle à –20° et bouche les conduites, explique Moreno Volpi, porte-parole du TCS. Le mieux est d’éviter d’avoir le réservoir vide, sans quoi l’humidité s’y engouffre et augmente le risque de gel.»
Trucs et astuces
Le porte-parole rappelle encore les divers gestes à adopter pour rouler en toute sécurité: «Il faut du produit pour laver les vitres résistant aux températures négatives, il existe des sprays pour dégeler les serrures et des produits à répartir sur le silicone des portes pour éviter qu’elles ne restent collées. Pour permettre à la batterie de se concentrer sur le démarrage du véhicule, il est préférable d’éteindre les appareils électriques comme le chauffage des sièges ou encore la radio. Sans quoi la batterie, déjà diminuée, est trop sollicitée au démarrage.»
Quant à la police cantonale, qui n’a pas observé de hausse des accidents, elle rappelle que la loi impose aux conducteurs de rouler avec des véhicules parfaitement dégivrés. Vitres, phares et toit doivent être dégagés. «L’article 33 de l’Ordonnance sur la circulation routière indique qu’il est interdit de faire tourner inutilement son moteur à l’arrêt, rappelle Pierre-André Waeber, porte-parole de la police. Vu les températures, s’il s’agit de deux minutes pour gratter, les agents se montreront compréhensifs, en revanche pas question de laisser tourner son moteur le temps d’une course.»
Transports
Les usagers des CFF ont subi plusieurs retards sur les grandes lignes nationales en raison des températures négatives. Ces retards ont parfois eu des répercussions pour les TPF, qui endurent aussi des températures négatives, mais avec des incidences minimes. «Les aiguillages ont le plus souffert. Le système de chauffage automatique n’a parfois pas suffi, relate Martial Messeiller, porte-parole des TPF. Les aiguillages bougent, mais ne se remettent pas forcément en place. Pour les réchauffer, nos collaborateurs utilisent des chalumeaux.»
Aucune task force n’a été mise sur pied, mais du personnel patrouille régulièrement sur les lignes. Les tronçons Fribourg-Morat et Bulle-Romont ont été les seuls à être impactés. «Nous avons eu des soucis avec le passage à niveau à Sâles, mais tout est rentré dans l’ordre.» Avec leurs bus, les TPF sont tributaires des conditions sur la route. «Nos véhicules sont tous équipés en conséquence. Et une première course avec un bus articulé spécial dégivre les lignes de contact.»
Les routes, justement, nécessitent moins de travaux qu’il n’y paraît. «Il a fallu anticiper avec le déneigement et le salage, confirme Olivier Floc’hic, porte-parole de l’Office fédéral des routes. Les couloirs de neige ont été dégagés pour éviter les risques de congères.» Depuis la chute des températures, une surveillance des tunnels est effectuée. «Pour éviter que de la glace ne se forme et tombe sur les automobiles.» En revanche, aucun salage n’est effectué, les routes étant sèches.
Pompiers gelés
Davantage de moyens inadéquats pour chauffer tuyauteries et doigts, et voilà le risque d’incendie qui augmente. Si, pour les pompiers, c’est davantage d’interventions, avec cette fricasse, c’est aussi davantage de préparations et de tribulations. Sur l’incendie de la ferme de Jacques Murith, samedi, ils ont dû affronter des températures atteignant les moins vingt degrés. «Le froid rend les interventions nettement plus difficiles», confie Stéphane Rauber, pompier du CSP Grevîre. Hommes et matériel ont souffert.
L’eau doit en effet en permanence circuler dans les tuyaux au risque de geler; les échelles se recouvrent de glace, rendant l’ascension scabreuse; sans compter les hommes qui gèlent, littéralement, à cause de l’eau qui les éclabousse. «Les appareils respiratoires également supportent mal le grand froid, ajoute Stéphane Rauber. D’ordinaire, quand la bouteille est vide, nous la remplaçons, simplement. Là, nous avons carrément dû changer d’appareil.»
Et puis, d’ordinaire aussi, le matériel des pompiers est à nouveau prêt peu après une intervention. Là, il est en train de dégeler… «Mais nous avons du matériel de réserve, au cas où nous devrions intervenir avant qu’il soit utilisable», rassure le pompier d’Epagny.
Conduites d’eau
Un geyser a jailli dimanche en milieu de matinée, à la hauteur du giratoire du temple, à la rue de Gruyères, à Bulle. Une conduite d’eau s’est en effet rompue à cause du froid, transformant la chaussée en patinoire. «L’eau s’écoulait au travers des voies de circulation sur une largeur d’environ 20 mètres», communique la police cantonale. Après que les pompiers ont coupé l’eau, ce sont les employés de Grisoni et de Gruyère Energie qui ont œuvré «jusqu’à minuit pour réparer la conduite et rétablir l’eau», précise Pierre Castella, chef de la division du réseau d’eau de Gruyère Energie. Une trentaine de bâtiments ont été touchés par cette coupure et la circulation entre le giratoire du temple et celui du jardin anglais a été déviée, de 10 h 30 à la fin des travaux.
Les conduites d’eau des particuliers ont elles aussi souffert ce week-end. Chez PolyForce, à Bulle, entreprise d’installations sanitaires, une séance de crise s’est tenue hier matin, où le point a été fait sur les dépannages en attente. «Nous avons 33 dossiers en cours, indique le directeur Jacques Morand. Et durant le week-end, nous avons dépanné une quinzaine de personnes. En temps normal, c’est le nombre de dépannages effectués en une semaine.»
Ce sont surtout les vieilles installations, mal isolées, qui n’ont pas supporté ce froid sibérien, précise Jacques Morand. «Notamment à cause du manque de neige, qui d’ordinaire, constitue un manteau isolant.»
Le téléphérique fermé pour cause de sécurité
Plusieurs stations valaisannes ont décidé de fermer certaines installations en raison du froid. Une situation qu’a également connue Moléson samedi: «Nous avons fermé le sommet par mesure de sécurité, explique Antoine Micheloud, directeur des installations mécaniques. Il y avait du brouillard et l’intervention d’un hélicoptère n’était pas envisageable. En cas d’accident, le temps d’attente et de transport n’aurait pas été raisonnable pour un blessé.» Samedi, le thermomètre affichait –24°C au sommet du Moléson, avec 30 à 35 km/h de bise. Soit une sensation de –38°C selon une calculette proposée sur le site internet de MétéoSuisse.
A Charmey, la question d’arrêter l’installation s’est posée pour le télésiège. «S’il y a un fort vent, les clients comprennent bien qu’on ferme, relève Urs Jaggi, responsable des remontées mécaniques. Mais s’il fait beau et qu’on arrête à cause du froid, c’est plus difficile à faire passer.» Reste qu’ici comme à Bellegarde ou à Moléson, les clients se font plus rares quand le froid mord aussi fort.
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